Home Santé « C’est bien de faire la fête, mais il faut respecter les mesures barrières », Pr Akory Ag Iknane

« C’est bien de faire la fête, mais il faut respecter les mesures barrières », Pr Akory Ag Iknane

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Le Mali, à l’instar des autres pays, célèbre le réveillon de la Saint-Sylvestre dans un contexte sanitaire marqué par la covd-19. Pr Akory Ag Iknane, directeur général de l’Institut national de santé publique (INSP) et coordinateur national de la lutte contre la Covid-19 au Mali, invite au respect des mesures barrières. Au micro de Phileingora, il rassure que bientôt le Mali pourrait avoir ses doses de vaccin.

Phileingora : beaucoup de Maliens estiment que la covid-19 n’est rien d’autre que le rhume. Quelle précision pouvez-vous donner sur ce point?

Pr Agory Ag IKnane : la covid-19 est une maladie virale qui se manifeste effectivement comme les autres formes de grippe, mais dont le virus a muté pour devenir beaucoup plus méchant. Cette grippe, à la différence des autres, ne se guérit pas toute seule. Elle est extrêmement dangereuse et peut entraîner la mort avec des difficultés respiratoires.

Les gens doivent comprendre que bien vrai que la covid-19 fait partie des autres maladies d’origine grippale, elle est particulière, différente des autres.

Le port du masque fait partie des mesures de prévention contre la covid-19. Expliquez-nous comment le masque est susceptible d’arrêter la propagation du coronavirus.

Les mesures de prévention contre la covid-19 sont des mesures qui servent de barrière entre le virus et le sujet. Elles empêchent le virus d’entrer dans l’organisme du sujet à travers la bouche, le nez ou les yeux. Lorsque vous touchez une personne infectée et touchez instinctivement votre visage, vous transportez les germes du virus dans votre organisme à travers vos mains. Ainsi, vous vous contaminez.

Le masque est alors la première mesure barrière qui empêche le transport de germes manuportés dans l’organisme.

Si le masque est bien porté, qu’on ne le manipule pas tout le temps, il peut à lui seul empêcher la pénétration du germe dans notre organisme. Il y a plusieurs formes de masques pour se protéger. Parmi ceux-ci, nous avons le FFP2, en forme de canard, qui peut protéger à lui seul contre le virus et les autres germes à près de 98 %. Il y a aussi le N95, en forme ronde, qui protège à lui seul à près de 95 % contre le virus et à 100 % contre les autres germes. Quant au masque chirurgical bleu que l’on porte, celui-ci ne protège pas celui qui le porte, mais plutôt son interlocuteur.

Le port du masque est une mesure extrêmement importante contre la transmission du virus de la covid-19. 

Les mesures adoptées par le gouvernement malien suffiront-elles à stopper la progression du virus vu qu’elles ne sont pas respectées dans tous les lieux ?

Les mesures sont importantes, mais il faudrait qu’une grande partie de la population les respecte. Toutes les mesures adoptées sont complémentaires. Elles doivent être respectées de façon globale à tous les niveaux : dans les marchés, dans les lieux de culte, dans les services publics, etc.

Ce que les gens oublient sûrement c’est qu’une personne infectée est en capacité de transmettre le virus à plus de 30 à 40 personnes. 

En ce qui concerne le non-respect des mesures au niveau des marchés, des transports publics, etc., que doit faire le gouvernement ?

Le Gouvernement a déjà interdit les regroupements de plus de 50 personnes, a demandé de respecter la distanciation physique. Dans les mosquées, il faut qu’il y ait un dispositif de lavage des mains à l’eau et au savon et il faut porter les masques, même en priant. Car quelqu’un qui éternue, qui tousse, s’il ne porte pas de masque et qu’il est contaminé, il va propager le germe à tout son entourage.

Pour ne pas amener le gouvernement à opter pour la coercition, les citoyens doivent se rendre conscients du risque qu’ils courent pour eux-mêmes, leur famille ainsi que leur entourage voire tout le pays, à cause de leur non-respect des mesures barrières. C’est aux citoyens eux-mêmes d’être conscients que le respect de ces mesures est de nature à débarrasser notre pays de cette maladie pour qu’on retrouve notre activité économique habituelle.

Quand est-ce que le Mali, de façon particulière, et l’Afrique de manière générale, recevront leurs doses de vaccin ?

Le Mali est candidat au vaccin, mais nous attendons toujours son arrivée. On ne sait pas quand, mais nous restons optimistes en espérant que d’ici le premier trimestre de l’année 2021 ou durant ce trimestre qu’on puisse recevoir les premières doses.

Des partenaires ont pensé que les pays en voie de développement doivent aussi bénéficier de cette vaccination. D’ailleurs, c’est un intérêt mondial. Car si les autres sont vaccinés et qu’une partie de la population mondiale n’est pas vaccinée, le virus va continuer à circuler. Donc, c’est une obligation morale et même épidémiologique de vacciner tout le monde.

Je suis certain qu’on aura ce vaccin. Mais il doit être en conformité avec nos conditions. Un vaccin qui est conservé à moins 80° ne doit pas être celui qu’on va proposer pour l’Afrique. Car ce vaccin demande un système de chaîne de froid que nous n’avons pas, des équipements assez lourds et encore plus coûteux que le vaccin lui-même. Donc, celui qu’on va proposer pour nos pays doit être un vaccin qui peut être conservé entre 2 et 4° et qui résiste à la température ambiante pendant au moins une semaine.

Alors que le vaccin n’est pas encore arrivé chez nous, beaucoup de préjugés circulent autour de ce produit. « Ce vaccin tue », dit-on. Quelle est votre analyse de la situation ?

Vous savez que depuis un certain temps, au niveau mondial, il y a un groupe antivaccin. Je pense qu’il s’agit d’une mauvaise propagande. 

Si c’était un vaccin essentiellement destiné à l’Afrique, on pourrait certainement penser qu’il est conçu pour « tuer les Africains ». Mais c’est un vaccin qui est utilisé au niveau mondial. Ceux qui l’ont conçu, je ne pense pas qu’ils soient si immoraux jusqu’à vouloir amener à l’extinction de l’humanité.

Ces propos ne doivent pas empêcher les gens de se vacciner ou de se faire vacciner. N’oubliez pas, à un moment donné, pour la vaccination de routine au Mali, un courant commençait à s’ériger contre le vaccin.

Néanmoins, il convient de retenir que lorsque plus de 85 % de la population n’est pas vacciné, le germe va continuer son chemin et contaminera davantage de gens. 

C’est la fête de fin d’année. Quel conseil particulier avez-vous à l’endroit surtout de la jeunesse malienne ?

Je présente mes vœux les meilleurs à toute la jeunesse ainsi qu’à toute la population du Mali. À tous ceux qui sont malades, je souhaite qu’ils puissent se rétablir. Mes condoléances les plus attristées à ceux qui ont perdu la vie en raison de la covid-19 ou d’autres pathologies. Ils n’ont malheureusement pas eu la chance de voir l’année 2021. Ceux qui ont eu la chance de voir cette année 2021, je souhaite qu’ils puissent voir plusieurs autres années. Pour ce faire, il est important qu’ils se protègent contre cette épidémie meurtrière. La jeunesse doit surtout protéger les aînés.  

C’est bien de faire la fête, mais il faut respecter les mesures barrières. On peut bien fêter, on peut exprimer sa joie, en respectant les mesures de prévention : le lavage des mains à l’eau et au savon ou bien l’usage du gel hydroalcoolique, le port du masque, la distanciation physique. On peut se réunir en groupe, mais en gardant la distance. J’appelle donc les jeunes à la prudence, à la prudence et à la prudence !

Réalisée par Fousseni Togola et Bakary Fomba

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