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Mali : panique à Kidal à la veille du 6 avril

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Plusieurs avions de chasse ont survolé Kidal, le 5 avril 2023, et plusieurs autres localités du Nord à basse altitude. La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), composée d’anciens groupes rebelles, dénonce une « violation patente du cessez-le-feu » et « une provocation grave ». On assiste depuis un certain temps à une hausse des tensions autour de cette région.

L’armée malienne a créé la panique à Kidal, au sein des ex-rebelles, le mercredi dernier, à la veille de l’anniversaire de l’« indépendance » de la fantomatique République d’Azawad. Rien que quelques tours d’avion au-dessus de leur position et c’est la débandade.  

Des tirs de sommation

Des « avions de chasse des forces armées maliennes ont survolé à des altitudes délibérément provocatrices [les] positions [de la CMA] à Ber, Amassine, Anafis et Kidal en pleine période des tensions liées au blocage du processus de paix », a informé la Coordination des mouvements de l’Azawad, dans un communiqué, le 5 avril 2023. Du côté de la direction de l’information et des relations publiques des armées (dirpa), silence radio autour de cette opération.

La CMA estime toutefois qu’il s’agit d’une « violation patente du cessez-le-feu du 23 mai 2014 ». Prenant à témoin la communauté internationale, garant des arrangements sécuritaires et de l’Accord pour la paix, ce mouvement signataire de l’accord pour la paix « décline toutes responsabilités et conséquences issues de tels agissements » de la part des autorités maliennes.

Comme on le dit, généralement, dans un conflit, celui qui se précipite dans les justifications et se victimise est le véritable coupable. Sur des vidéos amateurs postées sur les réseaux sociaux, on aperçoit un avion survolé Kidal, mais sans aucune autre action. Par contre, du côté de la CMA, des tirs de sommation sont entendus. Ce qui ne ressort pas dans leur communiqué accusateur. Alors qui se trouve dans la provocation ?

Une opération à la multiple connotation

Depuis quand Kidal est-il devenu un État dans un État ? En quoi cette opération des avions de chasse dans cette région malienne de Kidal est-elle un crime ? La CMA aurait-elle oublié que pour la construction du Mali Kura, aucun Malien ne sera laissé-pour-compte ?

En tout cas, cette opération semble créer la panique au sein de ce mouvement signataire de l’Accord pour la paix qui se croyait tout permis, depuis plus d’une décennie, et pensait pouvoir faire de cette région son territoire et former pour ainsi dire un État dans un État. Si cela a été toléré hier, par les précédents régimes, avec la complicité de partenaires sécessionnistes, aujourd’hui, les autorités de la transition ne cèderont pas à une telle tentation.

Cette opération à Kidal a lieu à la veille de « l’anniversaire de la déclaration d’indépendance » de la fameuse République d’Azawad, commémorée chaque année, le 6 avril, dans cette région, par l’ex-rébellion. L’objectif de ce survol de Kidal pourrait être double. D’une part, rompre avec cette tradition de célébration d’une sombre indépendance d’un État dans un autre État. D’autre part, d’un avertissement à ce mouvement signataire, qui, dans un communiqué du 28 mars 2023, à déclarer ne pas se reconnaître dans le projet de Constitution de la République du Mali, pourtant validé par le chef de l’État. Cela laisse apparaître un paradoxe dans les agissements de ce mouvement.

Stratégie de dissimulation de la réalité

Quand on ne se reconnaît pas dans un État, pourquoi essayer de s’opposer à ces prises de décision ? Kidal fait partie intégrante du Mali. Cet avertissement des autorités maliennes et la réaction de la CMA, présagent une situation trouble entre les deux protagonistes, dans les prochains jours. L’un qui veut étendre sa domination sur l’ensemble de son territoire et l’autre qui veut préserver son hégémonie. 

Outre tous ces aspects, en prélude au référendum constitutionnel, les autorités maliennes travaillent à la tenue de ce scrutin référendaire sur l’ensemble du territoire. L’opération Kilé Kura de l’armée malienne vise la sécurisation de l’ensemble des échéances électorales dans le pays. Les autorités maliennes accepteraient-elles que Kidal soit une exception en la matière ? Sale temps alors pour la Coordination des mouvements de l’Azawad. Le 28 mars dernier, le mouvement a enregistré une vague de démissions.

Face à une armée malienne, qui monte en puissance grâce à l’acquisition de nouveaux équipements sophistiqués, l’ex-rébellion tiendra-t-il tête ? Il serait plus prudent pour la CMA de ne pas s’aventurer dans une position de va-t’en guerre pour ne pas se faire écraser comme une mouche.

Selon les mouvements de l’inclusivité, la « CMA est dans une stratégie de dissimulation de la réalité aux fins de détourner l’attention de l’opinion nationale et internationale et d’attirer en leur faveur l’arbitrage de la Médiation internationale ».

La MINUSMA s’inquiète de la montée des tensions entre les parties signataires et appelle à la retenue. 

Chiencoro Diarra

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