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Non, le Mali n’est pas Benghazi

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Suite à l’appel de plusieurs regroupements politico-religieux pour un grand rassemblement le vendredi 5 juin 2020, avec pour objectif la démission du président de la République, Mikaïlou Cissé, professeur de philosophie, prend sa plume pour dénoncer cet appel. Il le juge antidémocratique dans sa forme.

Le triomphe de l’iman de Badalabougou, Mahmoud Dicko et ses acolytes de la CAMAS (Coordination des Mouvements et Sympathisants de l’iman Mahmoud Dicko), du FSD (Front pour la Sauvegarde de la Démocratie) et de l’Espoir Mali Koura, est révélateur de la détérioration progressive de ma démocratie malienne. Cette situation est assimilable au triomphe du mouvement de contestation social né à Benghazi, en Libye, en 2011. Un mouvement qui a conduit à la chute du régime en place et à la mort de Mouammar Kadhafi.

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Comme ces hommes, l’imam de Badalabougou et ses suiveurs n’ont rien de concret et de substantiel à proposer aux Maliens une fois que leur projet aura réussi. Il ne résultera que du chaos. La situation actuelle de la Libye en est une illustration.

Aucun projet de société

Le plus craintif dans cette situation est que les hommes de Dicko n’ont aucun soutien à l’étranger pour les aider à mettre ce pays sur les rails. Tous ceux-ci semblent ne rien leur dire. Tout ce qui les intéresse, c’est mettre un coup d’arrêt à la forme actuelle de notre État et Dieu seul sait au profit de quelle forme.

Une chose est sûre, à l’instar des hommes de Benghazi, l’imam de Badala et ses acolytes n’ont aucun souci pour le peuple malien. Comment pourraient-ils en avoir ? Leur seul problème, c’est le chef de l’État et non pas le développement du pays. Du coup, ils n’ont aucun projet de société, meilleur que celui en vigueur, à nous proposer.

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Ces hommes nous conduisent droit vers le chaos. Certes, ils le font avec l’accompagnement des frustrés du régime. Ils seront rejoints par les hommes et les femmes qui n’aspirent qu’au changement. Mais cela ne doit nullement nous tromper. Car ils ont des desseins mal sains. Ils sont ingrats de propre sort.

L’échec passera par là

Toutefois, il convient de noter qu’à la différence des hommes de Benghazi, l’imam et ses béni-oui-oui vont échouer dans leur projet chaotique. Ils trouveront des hommes et des femmes sur leur chemin qui vont les empêcher d’y arriver. Outre cela, ils ne manqueront pas de rencontrer l’opposition de toute une masse à leur projet.

Tout comme les hommes de Benghazi, ils ne sont tributaires que de leur cupidité, de leur manque de culture démocratique. En plus, ils sont suivis par des hommes et des femmes qui ne savent nullement discerner le vrai du faux.

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Ce que l’imam et ses hommes oublient sûrement, c’est qu’à la différence des hommes de Libye, leur nation n’est pas hybride, leur peuple a des valeurs en commun. Le Mali n’est pas divisé en tribu.

Convergence de vue

Néanmoins, comme admet un proverbe bambara « même si tu as le lapin comme ennemi, il faut quand même reconnaitre qu’il court vite ». En effet, comme l’imam de Badala et ses acolytes, je ne partage pas la manière dont mon pays est dirigé. Face aux injustices que subissent les pauvres du Mali, je partage leur activisme. Le changement reste mon souhait le plus ardent. Parce que je me rends compte aussi que l’État a failli sur divers plans. Si j’ai une ambition aujourd’hui, c’est de voir nos conditions de vie matérielle s’améliorer.

Plus démocrate que ces hommes

Cependant, à la différence de Dicko et ses hommes politiques, je suis démocrate au sens athénien du terme. À ce titre, je ne vais pas appeler mon peuple à se rebeller contre les institutions en place. Car agir de la sorte, c’est contribuer à nuire à la stabilité de ma nation. Chose que je ne voudrais nullement. Tout ce que je souhaite, c’est le meilleur pour mon peuple dans le respect de ma constitution.

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À l’instar de ces hommes, beaucoup se disent ambitieux du pays, mais au finish ils acceptent une contrepartie pour se taire. Mais, moi, mon combat n’est pas personnel. Il est, comme je l’ai dit, pour le bien de toute la nation. C’est pourquoi je ne peux pas m’acharner contre la personne du chef de l’État. Mon bon sens ne peut pas accepter que je sorte dans la rue pour exiger le départ d’un chef de l’État démocratiquement élu.

En dehors de tous ces aspects, il convient de vous notifier un autre point de divergence de vues entre ces gens et moi. En effet, à la différence d’eux, je n’imposerai pas mon point de vue à personne. Car, tout compte fait, je reste convaincu qu’il y a encore des hommes et des femmes dignes dans les différents services de nos institutions. Enfin, je ne blâme pas ceux qui s’opposent à moi.

Je vous laisse le soin de bien méditer mon point de vue qui n’est nullement une leçon de morale. Mais simplement le point de vue d’un simple citoyen et de surcroit d’un nihiliste en puissance.

CISSÉ Mikaïlou, le nihiliste en puissance

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