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Journée mondiale du livre : quelques propositions pour freiner la photocopie

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Chaque année, le monde célèbre la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, le 23 avril. Une occasion pour évaluer les défis du secteur du livre dans le monde. Aujourd’hui, parmi ces défis, la photocopie occupe une place considérable.

« La reproduction des livres telle que la technique moderne en offre la possibilité est quasiment incontrôlable et à vrai dire inévitable. » Cette remarque est celle de Dominique Lecourt dans sa préface de « Qu’est-ce que le livre ? » d’Emmanuel Kant, philosophe allemand du 18e siècle.

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« La photocopie tue le livre »

Dans cette préface de « Qu’est-ce que le livre ? », Dominique Lecourt après avoir expliqué la genèse de l’édition, revient sur un des plus grands problèmes auxquels les éditeurs ainsi que les auteurs sont confrontés : la photocopie illégale du livre. Un phénomène qui s’est propagé avec le développement des nouvelles technologies.

Dominique Lecourt analyse cette problématique sous un double angle. D’abord comme étant un phénomène dangereux sur le plan juridique et économique. « Simultanément, à la jointure du problème juridique (quel droit avons-nous à lire ?) et éthique (comment faut-il lire ?) se pose un problème économique. On le sait : la photocopie tue le livre. »

La photocopie, aide à la diffusion

Toutefois, le préfacier de « Qu’est-ce que les lumières ? », affirme sa conviction que cette pratique favorise la diffusion rapide du savoir. À ce titre, il ne voit aucune raison d’interdire la photocopie. « [ndlr] ce n’est pas une raison pour interdire absolument et inconditionnellement la photocopie, qui peut malgré tout demeurer un instrument précieux d’aide à la diffusion du savoir et joue indiscutablement ce rôle », a-t-il expliqué.

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Néanmoins, Dominique Lecourt estime indispensable la mise en place de certaines mesures pour protéger la propriété intellectuelle des auteurs et les encourager à poursuivre la production littéraire. « [ndlr] si le livre est un produit sans propriété, libre et ouvert au pillage, bientôt plus de livres, du moins en bonne économie de marché. Peut-être et sans doute les auteurs continueront-ils à écrire, mais cette activité deviendra alors purement privée, sans aucune existence légale », prévient-il.

Taxer la reproduction

Dominique Lecourt propose des garde-fous. À son entendement, il convient juste de veiller à ce que la photocopie n’entrave pas la diffusion des œuvres originales. « Le problème est tout à la fois d’empêcher que l’usage incontrôlé de la photocopieuse ne fasse disparaître les conditions de la création et de la diffusion des originaux nécessaires à ce que celle-ci ait un sens, et de maintenir pourtant la possibilité d’un usage de la photocopieuse, le but étant d’assurer la diffusion maximale de l’œuvre », souligne-t-il.

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Il finit par proposer la taxation de la photocopie : « Tout en tolérant la photocopie, et même en l’encourageant dans certaines limites compte tenu de son utilité sociale indiscutable, on peut la taxer afin de réparer dans une certaine mesure le dommage qu’elle occasionne à la diffusion du livre dans ses circuits “officiels”. »

Un nouveau mode de rémunération

Selon Dominique Lecourt, cette taxation a le mérite de créer un nouveau mode de rémunération. Aussi, pourrait-il instituer un nouveau mode de propriété littéraire et artistique, a-t-il expliqué.

Outre ces mesures, il propose d’imposer la cherté de la photocopie par rapport aux œuvres originales. Une mesure qui ne laissera pas trop de marge de manœuvre aux clients. Ceux-ci se verront dans l’obligation de s’orienter vers l’original moins cher et de qualité supérieure.

La photocopie, un véritable handicap au Mali

Dans leur « Étude sur le secteur du livre au Mali », Ismaïla Samba Traoré, écrivain et éditeur malien, en collaboration avec Mohamed Diarra, s’étend sur cette problématique. Selon l’étude réalisée, la piraterie « a contribué à affaiblir certains éditeurs en langues nationales, en parasitant le réseau d’accès de ces derniers aux ONG en éducation ou aux communautés qui souhaitent acheter des ouvrages de post-alphabétisation ».

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Sur le marché malien, il est assez fréquent de retrouver ces copies piratées sur le marché, lit-on dans cette étude faite en 2018.

Pour mettre un terme à cette situation, l’étude propose une « incitation à des actions de police au niveau des marchés pour traquer la contrefaçon, avec la participation des éditeurs, des imprimeurs, des libraires ». 

Enfin, il convient de noter que cette problématique de la contrefaçon est une réelle problématique. Il importe que les professionnels du secteur s’étendent longuement sur la question.

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