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Guinée : faut-il craindre une crispation du climat politique ?

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Près de cinq mois après la chute du régime d’Alpha Condé, la junte militaire en Guinée ne s’est toujours pas prononcée sur la durée de la période transitoire. Cette situation a entretenu, depuis quelques semaines, un climat de méfiance entre la classe politique guinéenne et la junte au pouvoir au risque de déboucher sur une nouvelle instabilité dans ce pays à l’histoire politique très mouvementée.

Après près de cinq mois d’exercice du pouvoir, la junte militaire guinéenne n’a fourni aucun élément permettant de reconnaître ses intentions réelles sur le processus de transition en cours, notamment sa durée. Face à cette situation, objet de grogne contre les militaires, cent vingt-huit (128) formations politiques guinéennes ont créé, le 3 janvier 2022, un regroupement dénommé, « Collectif des partis politiques » (CPP). Leur objectif est de proposer un mémorandum pour aider à faire avancer le processus de transition, précise-t-on.

La création de cette plateforme pourrait renforcer l’unité de la classe politique guinéenne et permettre ainsi l’écriture d’une nouvelle page de l’histoire de ce pays, situé sur la côte atlantique de l’Afrique de l’Ouest.

« Nous avons mis en place le Collectif des partis politiques pour accompagner la période transitoire, en vue d’un succès, dans l’intérêt supérieur de la Guinée », explique Lassana Faya Millimono, président du bloc libéral (BL) et membre du CPP. Selon lui, « L’erreur que la classe politique guinéenne pourrait commettre, c’est de se constituer en opposition, face au CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) ».

Désillusion et méfiance

Pourtant, le coup d’État qui a mis fin au régime d’Alpha Condé, semblait avoir été bien accueilli en Guinée. Très peu de voix s’étaient levées pour regretter l’acte. Ce putsch avait été vu par l’opposition, d’un bon œil, bénéficiant ainsi le soutien de la société civile et des organisations politiques locales. Mais près de cinq mois après, c’est la désillusion et la méfiance qui semblent planer entre cette classe politique et la junte au pouvoir dans le fonctionnement du processus de transition. Plusieurs acteurs de la société civile guinéenne craignent que le cas malien ne se réédite dans leur pays. Il s’agit du prolongement des six mois, préconisé par la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Au regard des différentes préoccupations, la junte a relancé les pourparlers avec la société civile et la classe politique afin d’éradiquer les frustrations. Les conclusions de ces pourparlers doivent cependant servir à répondre aux nombreuses demandes. Toute chose qui permettrait à la Guinée d’amorcer un tournant important de son histoire politique.

Notons que la Guinée est toujours sous sanctions de la Cédéao, qui attend des avancées concrètes dans l’organisation d’élections démocratiques. Dans son discours du Nouvel An, le président Doumbouya a promis de céder le pouvoir aux civils. Mais comme préalable, il a annoncé des Assises nationales qui se tiendront entre janvier et mars 2022. Toutefois, aucune date n’a été avancée pour la fin de la période transitoire. Sûrement, elle sera définie, comme ce fut au Mali, au cours de ces Assises.

Bakary Fomba

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