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Grève de l’UNTM : le gouvernement de transition entre le marteau et l’enclume

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Après l’échec des négociations entre le gouvernement et l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), plusieurs secteurs de la vie professionnelle pourraient être perturbés à partir de ce lundi. Avec ce mouvement de grève, le gouvernement de transition se trouve entre le marteau et l’enclume.

Après une semaine partiellement perturbée en raison de la fête de ramadan, les administrations maliennes connaitraient une deuxième semaine plus perturbée. Après l’échec des négociations avec le gouvernement, la plus grande centrale syndicale, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), décide de maintenir son mot d’ordre de grève de 96 heures, soit 4 jours, du lundi 17 au vendredi 21 mai 2021.

Grève illimitée ?

Cette centrale syndicale, créée en 1963 lors du congrès constitutif à Bamako du 24 au 28 juillet, regroupe au moins 13 syndicats de tous les secteurs de la vie professionnelle au Mali. Les services de santé, le trésor, la douane, les Banques et établissements financiers, la SOMAGEP SA ainsi que l’EDM SA pourraient se trouver tous paralysés cette semaine. La justice pourrait ne pas être épargnée par ce mot d’ordre. Les greffiers, les secrétaires de greffes et les parquets sont en principe concerné par ce mouvement de grève qui paralysera ainsi la quasi-totalité des secteurs d’activité au Mali.

Pourtant, selon les responsables de la centrale syndicale, la grève pourrait se poursuivre du lundi 24 au vendredi 28 mai 2021 et pourrait devenir illimitée à partir du 31 mai s’il n’y a toujours pas d’accord avec le gouvernement.

« Éviter les erreurs du passé »

« Notre principale revendication tourne autour de l’harmonisation des primes et des indemnités et aussi de l’harmonisation de la grille salariale », a indiqué Moustapha Djitté, secrétaire aux revendications de l’UNTM. Lors du traditionnel vœu à la nation, le 31 décembre 2020, le président de la République, Bah N’daw avait estimé, pour « éviter les erreurs du passé », que cette harmonisation ainsi que la rationalisation des statuts des travailleurs, qui devraient être décidées à travers une conférence sociale annoncée préalablement pour fin 2019, pouvaient être une bonne idée.

Seulement des syndicats sont à couteau tiré autour de cette harmonisation. Les uns la réclamant, les autres la rejetant comme une menace pour certains de leurs intérêts. Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont non seulement boycotté l’atelier préparatoire de la Conférence sociale, mais ont également lancé des avertissements aux autorités de transition en les invitant à « l’application totale de l’article 39 en toute circonstance. » Selon leurs précisions, cette harmonisation des grilles salariales est une véritable menace pour l’application de cet article 39. 

L’atelier préparatoire de la Conférence sociale a également été boycotté par la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) et la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (CDTM). Pourtant les autorités de transition justifient cette décision par un souci de justice sociale entre les travailleurs du pays.

Une situation énigmatique

« La Transition ne saurait répéter les erreurs du passé ni poser des actes qui hypothèquent l’avenir », avait laissé entendre le président de transition lors de ses vœux de Nouvel An. Cette volonté d’harmonisation, qui est devenue une exigence de l’UNTM, ne préserve pas encore la transition contre les erreurs du passé et la met entre le marteau et l’enclume.  

En cédant aux pressions de l’UNTM, c’est l’école malienne qui risque de traverser une nouvelle zone de turbulence. Les enseignants ont déjà formé une ceinture de sécurité autour de leur « article 39 » qu’ils estiment chèrement acquis à travers une lutte syndicale. Faut-il donc fermer les yeux sur la paralysie des administrations maliennes qui constitue un coup dur pour toute l’économie du pays ?

Les autorités de transition se retrouvent dans une situation énigmatique à une période où le Premier ministre Moctar Ouane s’affaire à la composition d’un nouveau gouvernement, après la démission de l’ancien, vendredi 14 mai 2021.

L’UNTM exige également l’application immédiate de ses accords avec le gouvernement à travers le Procès-verbal de Conciliation du 5 février 2021 et dont les délais d’application de certains points arriveraient à expiration. Aussi demande-t-elle le traitement diligent des accords dont les délais ne sont pas arrivés à terme en vue de l’extinction du même Procès-verbal. Avec ce mouvement de grève de l’UNTM, le gouvernement de transition se trouve entre le marteau et l’enclume.

Fousseni Togola

Source : Maliweb.net

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