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Forces françaises au Mali : « Ni le retrait, ni le statu quo, ne sont des solutions et des stratégies »

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Les sénateurs français et les ministres en charge des opérations militaires se sont penchés, mardi 9 février 2021, sur le bilan et les perspectives de l’opération militaire « Barkhane ». Des discussions, il en est ressorti que la présence de cette force est encore nécessaire, mais qu’il importe de s’appesantir plus sur des solutions politiques que militaires. La question de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix ainsi que du sommet de N’Djamena, prévu les 15 et 16 février prochain, a été également au cœur des échanges.

Présentes au Mali depuis 2013 dans le cadre de la lutte antiterroriste, les forces militaires françaises (Barkhane) donnent lieu à de véritables débats sur la nécessité de leur présence. La crise sécuritaire, qui ne concernait au départ que le nord du pays, s’est étendue sur le centre.  

Plusieurs manifestations, demandant le départ de ces forces, se sont multipliées au Mali. Malgré tout, la position des autorités politiques maliennes a été toujours bien tranchée : continuer à collaborer avec tous les partenaires dans le cadre du retour de la paix. Ce débat était au cœur des échanges entre les sénateurs français, mardi 9 février 2021.

« Le dénouement de cette crise ne sera certainement pas militaire »

« Nous devons tourner la page de Barkhane et préparer les conditions d’un départ programmé », déclare Pierre Laurent du Groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste français (CRCE) au cours de cet échange entre les sénateurs français. « Ni le retrait, ni le statu quo, ne sont des solutions et des stratégies. Cela nous mènerait à l’embourbement », oppose Bruno Retailleau, président du groupe Républicains (LR) au Sénat français.  

Il faut rehausser le niveau du débat. Le départ des forces françaises ne doit pas seulement retenir les attentions. Vu l’urgence de la situation socio-politique et sécuritaire dans le pays, il s’avère important aux yeux de beaucoup de sénateurs français de revoir les stratégies adoptées jusqu’ici pour le retour de la paix au Mali.

Selon le sénateur Christian Cambon du LR, « le dénouement de cette crise ne sera certainement pas militaire ». Il est politique et « ne pourra être que du ressort des Maliens eux-mêmes ». Pour ce faire, il invite à s’accentuer sur « la réconciliation nationale » des forces maliennes et le « caractère crucial du développement économique ».

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian explique que « la clé du succès c’est la mise en œuvre d’une approche globale et intégrée de la crise ». Il invite ainsi les pays du G5 Sahel à tenir compte des quatre piliers prioritaires qu’ils ont définis : « La lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités des forces armées sahéliennes, la reconquête par les États de leur propre territoire et le développement ».

« Plus d’engagements de nos partenaires européens »

Le chef de la diplomatie française regrette également les retards accusés dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix au Mali en raison de l’absence de véritable « volonté politique de le faire aboutir ».

Jean Yves Le Drian a également saisi cette occasion pour souligner la nécessité pressante de « renforcer la coordination entre les pays du G5 Sahel et les pays riverains du Golfe de Guinée, afin d’enrayer l’extension de la menace terroriste vers leurs territoires ».

Pour arriver à atteindre plus de résultats positifs, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat français, préconise de « s’adapter en permanence, se concentrer sur les forces spéciales, sécuriser avec un blindage approprié le transport de nos troupes. Et demander plus d’engagements de nos partenaires européens. »

Florence Parly rassure qu’il n’y aura pas de désengagement massif de la force française au Mali. « Barkhane n’est pas éternelle. À court terme, nous allons rester, ce qui n’exclut pas que les modalités de notre intervention évoluent », a-t-elle expliqué aux sénateurs.

Comme pour répondre à ceux qui doutent des résultats obtenus par la présence française au Mali, Jean Yves Le Drian fait état de « la scolarisation de plus de 200 000 jeunes nigériens, la réhabilitation de plus de 1800 classes au Mali […] » Selon lui, « se battre pour l’éducation c’est aussi se battre contre l’obscurantisme, c’est aussi une manière de se battre contre le terrorisme ».  

Sursaut politique et diplomatique

Tous les espoirs restent fondés sur le prochain sommet du G5 Sahel à N’Djamena, au Tchad, les 15 et 16 février 2021. Ce sommet entre le président français, Emmanuel Macron, et ses homologues des cinq pays du sahel (Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad et le Niger) « doit être celui du sursaut diplomatique, du sursaut politique et du sursaut du développement afin de consolider les résultats des derniers mois », selon les vœux de Jean-Yves Le Drian.

L’objet de ce sommet de N’Djamena, selon la ministre des Armées françaises, Florence Parly, est de trouver des voies et moyens pour « réussir à transformer les gains et les victoires tactiques en progrès politiques et sociaux […] »

Notons que depuis le déclenchement en 2013 de l’opération militaire « Serval » pour lutter contre les terroristes au Mali et au Sahel, la France a perdu cinquante-cinq soldats (55) au Mali. L’opération Barkhane qui a succédé à Serval au Mali, compte de nos jours 5100 soldats.

La lutte contre le terrorisme est un combat complexe qu’aucun pays ne peut gagner seul.

Fousseni Togola

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