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Rapport du NRC : les crises de déplacement les plus oubliées au monde

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Le dernier rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) met en lumière les crises de déplacement les plus négligées au monde. Parmi elles, les situations au Mali, au Burkina Faso et au Niger, membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), se distinguent par leur gravité et par l’insuffisance de la réponse internationale.

Les crises de déplacement les plus négligées au monde révèlent une souffrance humaine d’une ampleur alarmante. Le dernier rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) éclaire la situation dramatique au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Dans ces pays, la violence croissante et le manque de soutien international laissent des millions de personnes dans une détresse extrême. Alors que le Burkina Faso enregistre une augmentation choquante des déplacements internes et des décès, le Mali et le Niger subissent également les ravages de l’insécurité et de l’insuffisance d’aide humanitaire. Face à cette indifférence mondiale, il est urgent d’agir pour soulager ces populations oubliées.

Burkina Faso : la crise la plus négligée

Pour la deuxième année consécutive, le Burkina Faso se classe comme la crise de déplacement la plus négligée au monde. En 2023, le pays a enregistré un record de 707 000 nouveaux déplacements internes, soit une augmentation de 61 % par rapport à l’année précédente. La violence continue d’augmenter, avec plus de 8 400 décès enregistrés, doublant le nombre par rapport à l’année précédente. 

Asseta, une mère déplacée à Kongoussi, témoigne : « Nous n’avons reçu aucune aide depuis longtemps. Dans des périodes comme celle-ci, quand nous n’avons rien d’autre à cuisiner, je vais cueillir des feuilles et les faire bouillir dans de l’eau. Ce pot nourrira plus de 10 personnes dans ma famille. Cette semaine, nous n’avons mangé que des feuilles la plupart du temps. »

L’accès à l’éducation et aux soins de santé est gravement limité. Plus de 6 100 écoles sont fermées, et environ 400 établissements de santé sont inopérants, privant 3,6 millions de personnes de soins essentiels. Le financement humanitaire est cruellement insuffisant, ne couvrant que 39 % des besoins identifiés pour 2023. La situation est encore aggravée par les restrictions à la liberté de la presse, rendant la couverture médiatique internationale quasi inexistante.

Mali : une sécurité défaillante

Le Mali, plongé dans l’instabilité depuis une décennie, fait face à une crise humanitaire exacerbée par le retrait de la mission de maintien de la paix des Nations Unies (MINUSMA) en 2023. Plus de 340 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays. En dépit de la violence croissante, le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire est passé de 8,8 millions en 2022 à 7,1 millions en 2023, en grande partie en raison de la redéfinition des priorités de l’aide humanitaire face au manque de financement.

L’insécurité alimentaire, aggravée par le changement climatique, touche 2,5 millions de personnes. Le financement humanitaire ne couvre que 31 % des besoins identifiés, une baisse significative par rapport à l’année précédente. La couverture médiatique reste centrée sur les aspects sociopolitiques, négligeant souvent la crise humanitaire.

Niger : une aide internationale en berne

Le Niger, autrefois symbole de stabilité en Afrique de l’Ouest, a vu son soutien international s’effondrer après le coup d’État de juillet 2023. Le pays fait face à une crise aux multiples facettes, incluant des catastrophes climatiques, l’insécurité alimentaire et des épidémies. Près de 4,3 millions de personnes ont eu besoin d’assistance humanitaire en 2023.

Le financement humanitaire n’a couvert que 43 % des besoins identifiés, tandis que les sanctions et les tensions politiques ont restreint l’accès aux services bancaires et au commerce, aggravant l’insécurité alimentaire. En 2023, plus de 335 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, et le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile a atteint 290 000. Les contraintes administratives et un environnement sécuritaire turbulent ont entravé l’accès humanitaire, laissant un quart des personnes dans le besoin sans aide.

Un appel à l’action

Jan Egeland, secrétaire général du NRC, a déclaré : « La négligence totale des personnes déplacées est devenue la nouvelle norme. Nous avons besoin d’un redémarrage mondial de la solidarité et d’un recentrage sur l’endroit où les besoins sont les plus grands. » 

Il est crucial que la communauté internationale augmente ses efforts pour répondre à ces crises négligées. Le financement humanitaire doit être accru et les initiatives politiques renforcées pour amener les parties en conflit à la table des négociations. La mobilisation des ressources est essentielle pour combler les lacunes actuelles et apporter une aide vitale aux populations les plus vulnérables. 

Les crises de déplacement au Mali, au Burkina Faso et au Niger sont des exemples poignants de négligence prolongée. La communauté internationale doit agir de manière concertée pour apporter des solutions durables à ces crises humanitaires.

Oumarou Fomba 

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