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Insécurité alimentaire : faut-il soigner la plaie sur le pus ?

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L’humain devient son propre ennemi dans la mesure où l’insécurité alimentaire à laquelle il est confronté relève de son entière responsabilité. Elle n’est que la conséquence de ses actes incontrôlés sur la nature et le monde.

René Descartes, intellectuel français, soutenait que la raison pourrait permettre à l’homme de devenir maitre et possesseur de la nature. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de doute, on pourrait ajouter qu’elle a fait de l’homme son propre ennemi ainsi que celui de toutes les autres espèces. Il est le seul à posséder une raison devant lui permettre d’accomplir de bons actes, mais c’est ce qui fait de lui également le pire de tous.

Le monde souffre aujourd’hui d’insécurité alimentaire due en grande partie à la folie de l’homme. Car parmi les mobiles de ce phénomène, nous avons le changement climatique et le terrorisme.

Insécurité alimentaire, terreau du terrorisme ?

Entre le terrorisme et l’insécurité alimentaire, il existe une forme de réciprocité en termes de causalité. Le terrorisme peut entraîner l’insécurité alimentaire tout comme ce dernier phénomène peut aggraver l’insécurité terroriste.

La plupart des pays du Sahel étant victimes de mouvements terroristes sans foi ni loi n’arrivent plus à mener une campagne agricole convenable. Beaucoup de populations ont fui les exactions de ces groupes barbares.

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Dans ces propos de Soumaila Sanou, président du Réseau ouest-africain des céréaliers, recueillis par le Studio Tamani à l’occasion de la rencontre des représentants des pays ouest-africains dans le cadre de la Semaine de l’Afrique et de l’Afrique de l’ouest, on peut comprendre l’apport du terrorisme dans cette question de l’insécurité alimentaire. « Quand on prend la zone du Burkina, le Niger, le Mali, une partie aussi du Nigeria, à cause de l’insécurité, les gens n’ont pas pu faire la production agricole comme ça se devait », indique M. Sanou.

À Youwarou, dans la région de Mopti au Mali, nous savons que plus de 60 % des récoltes n’ont pas donné en 2018. La crainte des terroristes a fait fuir bon nombre de populations de ces zones durant cette campagne agricole. Or, l’agriculture constitue la principale activité dans la majeure partie de ces pays.

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Selon le rapport 2018 de la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et de l’Association malienne des Droits de l’Homme (AMDH), plus de 15 000 personnes ont fui en 2018 les persécutions terroristes uniquement dans le centre. Qu’en est-il des régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka et Taoudéni ? Des zones exposées au trafic de drogue en plus de tous ces autres problèmes. De grosses sommes d’argent alimentent le terrorisme pour permettre à la drogue de partir d’Amérique du Sud (en avion pour le désert peu surveillé) vers l’Europe[1].

Des actions urgentes

Ce qui expose davantage nos territoires à l’insécurité alimentaire avec ses conséquences désastreuses. Des actions urgentes doivent être posées par nos États afin de contrer les conséquences désastreuses de ce phénomène d’insécurité alimentaire. Mais faudrait-il soigner la plaie sur le pus ? Cela constitue un effort vain parce qu’on ne peut pas espérer à ce titre arriver à une solution pérenne. Un bon soin est celui qui cherche la source du mal, la déracine et la décime avant de faire face au mal qu’elle a engendré. Les décideurs de nos États doivent songer à des actions de ce genre, s’ils ne veulent pas voir l’insécurité terroriste s’aggraver par l’insécurité alimentaire.

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Victimes de la famine, des épidémies de tous genres, une bonne partie de ces populations ne tarderont pas à élargir le rang des terroristes. La migration irrégulière ira crescendo et de façon plus violente, car plus rien ne pourra contrecarrer ces « migrants de la famine » qui seront plus déterminés que jamais. En plus de cet aspect, une étude réalisée aux États-Unis en 2017 révèle les conséquences de l’insécurité alimentaire sur la croissance des enfants à bas âge par le fait qu’ils seront en manque d’énergie nécessaire pour assurer leur croissance.

Alors, nos États doivent agir au « coup par coup » pour résoudre ces phénomènes en partant à la racine tout en préconisant au préalable des actions d’urgences sociales comme a fait preuve la France, à travers son ambassade au Mali, en signant le 4 novembre 2018 une convention de financement de 200 millions de FCFA destinés aux populations des régions de Ségou et de Mopti, victime d’insécurité de tous genres. Les dirigeants doivent agir de la sorte. Il ne suffit plus d’organiser des rencontres à hauteur de banquets autour de ces problèmes. Il convient d’agir hic et nunc.

Chiencoro


[1] Lisez Les Larmes du Désert d’Alain Maufinet pour plus de renseignements sur ce phénomène.

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