« De l’humanitude : La culture de la paix ou la fin de l’espèce humaine » est une œuvre du jeune auteur Abdramane Coulibaly, parue en 2022 au Prostyle éditions. Après lecture, Fousseyni Koïta, professeur de philosophie au secondaire, nous donne ses impressions sur le livre.
« Celui qui veut la paix ne prépare pas la guerre. Quand on veut la paix, on la prépare avec des moyens de paix, pas avec des moyens de violence. Celui qui prépare la paix par des moyens de la guerre prépare naturellement une autre guerre, tôt ou tard », Abdramane Coulibaly, p.21.)
« De l’humanitude : La culture de la paix ou la fin de l’espèce humaine » d’Abdramane Coulibaly est un ouvrage philosophique. Un livre qui nous permet de cerner les enjeux du monde actuel dont la caractéristique est du moins pour le moment la violence.
Racisme versus non-violence
Ce second livre, composé de quatre articles, Abdramane Coulibaly fait la promotion de la culture de la paix, c’est-à-dire du vivre ensemble entre les individus et entre les États. Et cela en va de la survie de l’espèce humaine. L’auteur met en lumière les valeurs de solidarité, de partage et de pardon qui caractérisent la culture malienne. À propos de cela, Guida Seyo WAIGALO dans la préface écrit : « Cultiver la paix, c’est favoriser le dialogue et l’écoute. Cultiver la paix, c’est promouvoir la tolérance au quotidien. Cultiver la paix, c’est également comprendre que la paix est une conquête de tous les jours ».
Abdramane Coulibaly prend en exemple le Sinankunya pour résoudre nos différends. Et d’après lui, la tolérance et le pardon, qui sont inclus dans le Sinankunya, nous permettent d’avoir une identité plurielle éclairée et non aveugle.
Dans le premier article (Le racisme versus la non-violence dans le monde), l’auteur pose le racisme comme l’expression de la haine entre les hommes. « Ainsi, notre joyeuse planète est confrontée à un fait qui ne peut être qu’une des manifestations de la haine entre les humains, celui du racisme » (Abdramane Coulibaly, p.25.) Il prend en exemple les auteurs comme Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, Hegel, Arthur de Gobineau (il pense que la race blanche est supérieure aux autres, il est considéré comme le « grand-père du racisme »)et le scientifique James Watson qui ont professé des idées racistes et voire même facilité la colonisation.
La tolérance et l’acceptation dans la différence
D’après Coulibaly, pour un monde a -raciste, il faut la voie de la tolérance entre les hommes et cela par le biais de l’éducation. « … Dans l’esprit de lutter contre le racisme dans le monde, nous pensons qu’il faut une éducation à la culture de la tolérance : tolérance entre les races, entre les religions et entre les ethnies pour escompter un monde de lendemain paisible » (Abdramane Coulibaly, p.34-35). Donc, les hommes doivent pouvoir s’accepter malgré la différence. Ainsi écrit-il « … Le racisme doit être combattu en cultivant l’amour du prochain pour un monde de paix et de compréhension mutuelle » (Abdramane Coulibaly, p.38).
C’est dans la tolérance et l’acceptation dans la différence que nous pourrions parler de paix et de développement. D’ailleurs, c’est cette même idée qui est exprimée dans l’article 2 (Le ciment épistémo-logique : Un horizon indépassable ?). Il s’agit de la nécessité de la cohabitation des différentes sciences puisqu’elles se rapportent tous à l’homme et à l’univers. Donc, il faut dépasser l’épistémologie classique pour aller vers l’épistémologie non classique. Car, « l’épistémologie classique est radicale » (Ibid., p.47). Elle empêche tout dialogue entre les sciences.
Abdramane Coulibaly prend l’exemple sur le lien entre la politique et la religion. Malgré qu’on a voulu séparer les deux domaines, d’après l’auteur de « De l’humanitude : La culture de la paix ou la fin de l’espèce humaine » ; c’est aberrant. Car, elles cherchent toutes à promouvoir la culture du vivre ensemble, le dialogue et l’acceptation de l’altérité. Il écrit : « De surcroît, il va de soi d’affirmer, sans se contrecarrer, que la politique et la religion sont ouvertes et “tolérantes” » (Ibid., p.50.).
Pour dépasser « la diversité de sexes, d’ethnies, de langues, de races, de religions, de conditions de vie, de traditions ou de visions politiques » (Ibid., p.52),Abdramane Coulibaly, dans Afrique : Comment développer la culture de la paix dans l’esprit des hommes, propose la revalorisation du « cousinage à plaisanterie pour assurer la culture de la paix dans l’esprit des hommes » (Ibid., p.57). Et l’État à un rôle primordial a joué. Car, c’est par l’éducation que cela serait possible. « L’introduction de l’enseignement du cousinage à plaisanterie dans les systèmes éducatifs africains permettra une initiation des générations futures » (Ibid., pp.61-62).
La « démocratisation de la culture de la tolérance »
D’après lui, pour contenir les conflits intercommunautaires, l’éducation des futures générations au jeu du Sinankunya est un moyen très fiable. Il suffit de l’intégrer dans le système éducatif. Mais il faudra aussi mettre l’accent sur l’impartialité de l’État. Car, la faiblesse de l’État dans le domaine de la justice réduise toutes les chances « d’inculquer la culture de la paix dans l’esprit des hommes » (Ibid., p.63). D’ailleurs, c’est ce qui explique les évènements de mars 1991, c’est-à-dire la faillite de l’État (Le 26 mars au Mali : Un devoir de mémoire) qui a abouti à la violence faisant plusieurs morts. Il faudra tout faire pour que le cycle ne se répète pas. Et pour cela, l’auteur met l’accent sur le rôle du philosophe pour la culture de cet esprit de tolérance dans le monde. Donc pour un monde de paix, il faut la « démocratisation de la culture de la tolérance » (Abdramane Coulibaly, p.19.).
Cependant dans un monde de guerre, de violence, de haine et du racisme, n’est-ce pas un moyen de chercher la paix en se préparant pour la guerre ? L’équilibre des forces de défense n’est-elle pas aussi un moyen d’avoir, de consolider et de préserver la paix ?
Par Foussseyni KOITA, Professeur de philosophie
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