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Faut-il condamner la violence ?

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La problématique de la violence a fait remuer la langue de plusieurs philosophes. La violence en tant que l’usage de la force pour contraindre des hommes à adhérer une position peut être vu comme une violation des libertés. Pourtant l’entière liberté des uns ne serait-elle pas une violation des libertés des autres ?

La légitimité ou l’illégitimité de la violence dépend de l’auteur de la force. En effet, la violence légitime est l’apanage de l’État. Certes, la légitime défense est également une violence légitime, mais nous ne développerons pas ce point dans cet article. C’est celle qui sert à restaurer un ordre perdu au sein de la société en condamnant les auteurs de violation de libertés d’autrui.

La violence légitime

La nécessité de cette violence peut se voir à travers l’existence des forces coercitives, des maisons d’arrêt, etc. Cette conception de la violence est celle défendue par Jean-Jacques Rousseau, philosophe français du 18e siècle. 

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Elle est défendue également par Thomas Hobbes, philosophe britannique. Tout comme Rousseau, celui-ci estime que tant que les hommes ne sont pas contraints à respecter les lois de la République, ils les transgresseront indéfiniment. Hobbes suggère alors que le dirigeant soit un Léviathan, en un mot, un monstre, afin d’imposer le respect des lois, de réparer les injustices au sein de la société.

Pour sa part, le théoricien de la révolution, Karl Marx voit en la violence une force de changement. Pour renverser le système inégalitaire de la bourgeoisie et rétablir un ordre nouveau, il faut recourir à la violence, selon Marx.

Difficultés de ces positions

Cependant, cette légitimation de la violence provenant des autorités politiques ne peut-elle pas conduire à des bavures tel que nous avons coutume de le voir dans nos États démocratiques ? En effet, suivant ces philosophes, réclamer son droit, même de façon pacifique, reviendrait à s’exposer aux courroux des forces de l’ordre qui matraquent, souvent gazent ou pire tirent à balles réelles sur les citoyens. Les manifestations postélectorales à Sikasso, 3e région du Mali, sont encore d’actualité. Des citoyens qui sont sortis montrer leur opposition aux résultats définitifs des élections législatives proclamés par la cour constitutionnelle se sont vus en affrontement contre des hommes armés. 

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Pour sortir de ce labyrinthe, Karl Popper, également philosophe britannique, pense que la violence n’est légitime que lorsque les principes démocratiques sont violés. Tant que les libertés fondamentales ne sont pas mises en cause, aucun besoin d’utiliser la violence comme moyen de recours. Ce qui amène ce rationaliste à défendre la tyrannicide. En dehors de cet aspect, pour cet épistémologue, il faut toujours privilégier le dialogue dans la résolution des problèmes. En tout cas, tant que le dialogue est possible.

La position de Popper n’est pas assez différente de celle de Mahatma Gandhi, le père des indépendances indiennes. Celui-ci légitime la violence à la lâcheté.

« Je crois vraiment, affirmait Gandhi en 1920, que là où il n’y a que le choix entre la lâcheté et la violence, je conseillerais la violence […] C’est pourquoi je préconise à ceux qui croient à la violence d’apprendre le maniement des armes. »

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Sur cette problématique de la violence, il serait plus judicieux de défendre le respect des droits des uns et des autres. Pour ce faire, le protectionnisme de l’État est nécessaire. Celui-ci assurera un rôle d’arbitre entre les citoyens. Comme dirait Emmanuel Kant, philosophe allemand, nous avons le droit de mouvoir nos bras, mais on doit veiller à ne pas porter atteinte à la liberté des autres.

Togola  

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