Sous les sables de Kidal, un drone détruit, une hypocrisie éventrée. Le geste d’Alger n’est pas seulement une violation de l’espace aérien, c’est l’aveu d’un régime qui confond voisinage et tutelle.
Il fallait oser. Alger l’a fait. Dans la nuit du 31 mars au 1ᵉʳ avril — date propice aux mauvaises blagues — le régime algérien a abattu un drone malien de reconnaissance dans le ciel de Kidal, ont informé les autorités maliennes de la transition. Un tir prémédité, revendiqué à demi-mot, qui ressemble à s’y méprendre à un « poisson d’avril » géopolitique… sauf que, cette fois-ci, la plaisanterie a couté cher.
Car ce n’est pas seulement un aéronef qui est tombé en flammes à Tinzaouatène, mais aussi l’illusion d’un voisinage apaisé. En détruisant l’appareil, Alger a également pulvérisé le principe sacro-saint de non-agression inscrit dans la charte onusienne. La frontière, censée séparer deux peuples frères, s’est muée en ligne de fracture où la mauvaise foi se conjugue avec la condescendance. Au pays de l’« hirak » muselé et des généraux omniprésents, on préfère tirer sur un drone malien que de viser, enfin, les véritables ennemis : les trafiquants et djihadistes qui, ironie cruelle, circulent dans le même espace aérien… mais eux, en toute impunité.
En Algérie, on filme la lucidité stratégique
Depuis Bamako, la riposte est juridique. Une plainte en bonne et due forme déposée devant la Cour internationale de justice, a informé le gouvernement malien en début de week-end dans iun communiqué. Un geste symbolique ? Peut-être. Mais surtout un signal : le Mali, lassé des sermons paternalistes, rappelle qu’il n’est plus ce cadet docile que l’on tance du haut de l’Atlas. Face aux drones détruits, Bamako oppose le droit brandi. Face aux accusations algériennes de « violation d’espace », la transition malienne répond par une violation manifeste du bon sens.
Le plus triste dans cette affaire ? Que le régime algérien, engoncé dans ses réflexes de puissance régionale frustrée, préfère la pyromanie diplomatique au réalisme coopératif. À Kidal, le drone malien filmait le désert. À Alger, on filme un autre désert : celui de la lucidité stratégique.
A.D
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