Home InvestigationsAnalyses [Tribune] Opérations de maintien de la paix de l’ONU à l’épreuve des pratiques hostiles en Afrique : faut-il repenser la doctrine de communication de l’organisation mondiale ?

[Tribune] Opérations de maintien de la paix de l’ONU à l’épreuve des pratiques hostiles en Afrique : faut-il repenser la doctrine de communication de l’organisation mondiale ?

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De plus en plus l’évolution des réalités du terrain dans le contexte des opérations de maintien de la paix des Nations unies confirme que les seuls principes traditionnels et classiques en matière de déploiement des forces onusiennes dans un État déterminé ne suffisent plus à donner une garantie suffisante en matière de mise en œuvre appropriée du mandat par les soldats de la paix. Ces principes, certes, confèrent un caractère formel et légal au déploiement des forces onusiennes dans le pays hôte, mais ne garantissent pas à long terme le caractère légitime de l’intervention.

Ces principes qui sont entre autres : le consentement du pays hôte pour le déploiement des forces et l’approbation des actions prioritaires consignées dans le mandat acté par le Conseil de sécurité doivent être, désormais, accompagnés par une stratégie de communication spécifique à l’endroit de l’opinion publique globale du pays demandeur de l’intervention à partir du moment où les décisions liées à l’intervention des forces onusiennes relèvent du pouvoir discrétionnaire des autorités exécutives dont les textes constitutionnels leur donnent la latitude sans, nécessairement, passer une consultation parlementaire ou populaire. Il importe, désormais, d’associer au principe de consentement, les nouvelles exigences liées à l’évolution de la structuration même de l’espace public de plus en plus, fortement, influencée par l’évolution des contextes géopolitiques d’où une stratégie spécifique de communication plus active, dynamique et effective.

Des profondes réformes s’imposent

Des profondes réformes s’imposent ainsi à l’institution mondiale. Non pas, seulement, en ce qui concerne sa doctrine opérationnelle, mais aussi son mécanisme de communication sur les initiatives liées à la mise en œuvre de son mandat assorti d’un programme d’éducation de l’opinion publique du pays hôte par rapport à la mission. Cette variable fera, incontestablement, des opérations onusiennes des missions de paix, mais aussi d’éducation.

En effet, l’opinion doit être édifiée, tout d’abord, contre la dialectique Nations-unies-Pays hôte. Cette dialectique a, largement, servi par, exemple, dans le contexte malien à la désinformation et à la mobilisation de l’opinion contre la mission onusienne. À ce niveau il faut, également, donner une dimension plus effective et extensive à la communication. La stratégie de communication doit concerner surtout les zones non concernées, directement, par l’action de la mission. À noter que selon un sondage publié en mai dernier par la Fondation Frederich Ebert, les régions les plus insatisfaites du travail de la Minusma sont celles qui n’abritent pas de bases de la mission comme Sikasso, Kayes ou Koulikoro. En revanche, les régions les plus satisfaites du travail de la mission sont celles du Nord qui abritent l’essentiel des bases de la mission.

Expliciter le concept de protection des civils

En outre, la précision sur le concept de protection des civils dans un environnement de multiplicité de la nature de menaces et de diversité des belligérants est, extrêmement, importante. Celle-ci doit être, également, explicitée sans ambigüité. Cette variable est d’autant beaucoup plus importante que les missions de maintien de la paix n’ont pas vocation à lutter contre toutes les formes de menace au risque de faire entorse à leur mandat. Il faut, également, noter que selon le rapport précité, la population malienne reproche, essentiellement, à la mission onusienne de ne pas protéger les civils contre la violence des groupes armés. Une partie de la population lui reproche, également, de se protéger elle-même sans, peut-être, savoir que c’est la mission la plus meurtrière de l’histoire des opérations de maintien de la paix des Nations-Unies.

En définitive, en dépit de toutes les limites notées dans le mécanisme de communication autour des opérations onusiennes et la nécessité de pallier ces limites dans un contexte de mutation géopolitique internationale, il faut, impérativement, un agenda pour la communication. 

Ibrahima Harane Diallo, Journaliste-Politologue, Chercheur à l’Observatoire sur la Prévention et la Gestion des Crises au Sahel/Chercheur associé à Timbuktu Institute


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