Abdoulaye dit Allaye Koita est le président du mouvement En Avant. Un mouvement créé suite à l’élection législative de 2017 à laquelle il a participé comme candidat indépendant à Mopti. Dans cette tribune, il aborde l’épineuse problématique du port obligatoire du casque. Si M. Koïta n’est pas contre cette pratique, il estime que le Mali est confronté aujourd’hui à d’autres priorités plus urgentes.
Après la démission de l’ex-président, feu Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), poussé à la sortie par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), soutenus par le numéro 10, Issa Kaou N’djim, et son autorité morale Imam Mahmoud Dicko, les Maliens espéraient sur les 5 colonels en vue de bâtir un Mali nouveau « Mali Koura ». Cet espoir est en train de s’estomper dans l’esprit de la plupart des Maliens.
Le Mali traverse sans doute une situation économique, politique, sociale et même religieuse et sécuritaire sans précédent. À celles-ci s’ajoute une crise économique mondiale engendrée par la guerre en Ukraine. Les populations payent un lourd tribut dans ces situations. Les produits de première nécessité ont connu une augmentation exponentielle. Le peuple peine à joindre les deux bouts.
Laissés de côté tels des épaves
Nombreux sont les Maliens qui tiennent les hommes politiques pour responsables de ces maux auxquelles notre jeune démocratie est confrontée. Pourtant, ce qu’on semble oublier de souligner est que sous la transition actuelle, les hommes politiques ont été laissés de côté, telles des épaves. Ils n’ont plus droit à la parole. Certains sont emprisonnés, d’autres sont même en fuite.
Personne n’ose émettre la moindre critique ou donner son avis ou point de vue sur une décision du pouvoir en place au risque d’être considéré comme un apatride ou un opposant à la transition. Les quelques téméraires qui osent s’en prendre à ce régime sont obligés plus tard d’aller sur les plateaux de télévision pour demander pardon ou plutôt donner des éclaircissements.
Les réseaux sociaux sont ainsi devenus des armes de dénigrements des « opposants à la transition ». Le cas de Moussa Mara, fondateur du parti Yéléma-le changement en est une parfaite illustration. Son seul tort a été de dire son opinion sur le discours du Premier ministre à la tribune des Nations unies. On n’a donc plus droit d’avoir une opinion en République du Mali.
Le Mali isolé
À l’intérieur comme à l’extérieur, la situation de notre pays demeure lamentable. Il ne faut pas se voiler la face, le Mali est isolé. Cet isolement, nous l’avons cherché et nous devons en tirer les conséquences. La France déclare qu’elle va arrêter son aide au développement. Une aide qui ne nous a jamais permis d’ailleurs de nous développer, après 62 ans d’indépendance. Nous détenons 46 « mercenaires » ivoiriens. Nous avons un étranger comme président d’un pays voisin qui héberge nos anciens amis mécontents d’être chassés.
Le nouvel homme fort du Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, nous a montré que ce que nous croyions être un sacrifice n’en est rien d’autre qu’un leurre. Lui, il se contentera de son salaire de capitaine. Il n’aura donc ni de salaire de président ni de primes.
On ne peut point finir d’égrainer les problèmes auxquels le Mali est confronté, et qui menacent son existence en tant qu’État. Mes chers colonels, le Mali va mal. Le peuple souffre et s’il l’accepte jusque-là c’est parce qu’il l’estime encore normal. Pour qu’un enfant marche, il tombe et se relève. C’est une loi de la nature. Ces souffrances comme sacrifice, pour avoir notre indépendance, sont normales, selon notre peuple. Mais ce qu’il ne comprendra jamais, c’est le fait de l’obliger à porter le casque pendant une telle période de disette. Certes, c’est une loi de la république qui recommande de porter le casque, mais combien de lois sont violées à longueur de journée.
Des routes mal entretenues
Les usagers ont des devoirs, mais n’ont-ils pas aussi des droits. Les routes ne sont pas entretenues, les traçages de lignes et de pointillés sont quasi inexistants. Les panneaux de signalisation n’en parlons pas. Les feux tricolores sont abandonnés dès leur installation. Les passages pour motocyclistes sont occupés par les vendeurs aux yeux et au su de tout le monde. En plus, les routes sont mal ou non éclairées. Des visites techniques sont octroyées à des véhicules qui n’ont souvent aucun phare ni de feux de stop.
Nous avons beaucoup de priorités. Cette décision des autorités maliennes de la transition ne fait pas partie de ces priorités du moment. Le port obligatoire du casque est très important. Il amoindrit les graves conséquences des accidents. Mais au lieu de s’attaquer aux conséquences des accidents, consacrons nos forces sur les causes des accidents et en chercher des solutions idoines.
Nos autorités, plus particulièrement l’ANASER, doivent s’atteler à la sensibilisation sur le port du casque et non aller à la répression et aux amendes, qui ne seront que contre-productives. Les tenants du pouvoir doivent comprendre que dans un pays miné par les maux, le port du casque n’est pas une priorité.
Abdoulaye dit Allaye KOITA, Président d’En Avant !
Les idées exprimées dans ce texte ne sont pas forcément celles de Sahel tribune.
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