Home EconomiesFinances Problèmes de routes au Mali : Peut-on réussir la décentralisation sans le désenclavement ?

Problèmes de routes au Mali : Peut-on réussir la décentralisation sans le désenclavement ?

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Le Mali aurait une mauvaise expérience de la décentralisation. Entre certaines localités du Mali, les routes sont impraticables en raison de leur mauvais état. Dans un tel, comment peut-on penser à une bonne décentralisation ?

Au Mali, l’hivernage rime avec la dégradation des voies publiques. Chaque année, ce problème resurgit et conduit le plus souvent à des manifestations. Des situations qui engendrent le plus souvent des blocages de voies publiques. En effet, cette année déjà, plusieurs localités connaissent des inondations de voies publiques. À Kayes aussi bien qu’à Tombouctou ainsi que certaines voies publiques de la capitale malienne, le ton commence à monter malgré une situation sociopolitique délétère.

La route Yélimané-Kayes est quasiment impraticable à ce stade d’hivernage. Si le gouvernement nie que les récentes fortes pluies aient occasionné des morts, notons quand même que plusieurs dégâts matériels ont été enregistrés en lien avec la dégradation des voies d’accès à plusieurs localités de cette région.

La voie menant de Yélimané à Kayes a été complètement endommagée par les eaux de ruissellement. Selon un témoin sur place, les transports en commun ne peuvent plus circuler entre ces deux circonscriptions à moins d’emprunter une autre voie mieux que la principale. La même source indique que le problème est dû principalement à la mauvaise qualité des ponts se trouvant sur cet axe. « Les ponts construits ne dépassent pas trois mètres », a-t-il expliqué. Près de huit (8) villages sont confrontés à ce problème.

Face à cette situation, certains conducteurs se profitent pour s’enrichir, indique notre source. Dans certains endroits, les usagers sont obligés de payer 500 FCFA ou 1000 FCFA aux conducteurs de pirogue ou de motos pour se faire traverser.

Le plus marrant dans cette situation, c’est le fait qu’elle se passe dans la quasi-indifférence des décideurs politiques qui se plaisent dans les combats politiques que dans la recherche de pistes de développement local à travers le désenclavement des différentes localités. Mieux, la situation s’aggrave avec l’existence d’une absence de citoyenneté locale.

En septembre 2019, on se rappelle que le Premier ministre Dr Boubou Cissé, suite à des manifestations géantes à Tombouctou, avait signé un protocole d’entente avec le Collectif « Tombouctou réclame ses droits », principal acteur de la manifestation. À travers ce protocole, le PM s’était engagé à reprendre les travaux de la route Ngoma-coura, Léré, Nianfunké, Tombouctou au plus tard le 25 novembre 2019.

Selon notre correspondant à Tombouctou, ce protocole n’a pas été exécuté. Les transporteurs mènent déjà cette année une aventure de combattants sur ces axes routiers. En effet, toutes les routes de cette zone sont inondées.

Dans cette situation, la responsabilité est pourtant partagée. Comme dit le sociologue Dr Bréma Ely Dicko, pour l’aménagement de ces voies publiques, « l’initiative doit être locale ». À l’en croire, il faut le développement d’une « citoyenneté locale ».

« En matière de développement, il faut que les communautés elles-mêmes apportent leur quote-part », a indiqué le docteur en sociologie. L’accompagnement des autorités interviendra lorsque les citoyens eux-mêmes auront posé le soubassement. Mais dans nos communautés, nous avons de plus en plus tendance à tout remettre sur le dos des autorités. Or si celles-ci doivent intervenir, c’est pour les gros investissements.

Toutefois, les            Autorités, comme nous l’avons signalé déjà ont leur part de responsabilité. Car pour la construction des infrastructures, il faut un transfert conséquent des ressources. Chose qui n’est pas un acquis.

Toutefois, notons qu’il est temps que cette citoyenneté locale renaisse. Car le « développement passe par la construction des routes », précise Dr Dicko. Une véritable décentralisation passe par le désenclavement qui permet de fluidifier la communication entre les communes, les villages et ouvrir la voie vers les capitales sous-régionales. Ce qui ne peut que favoriser le commerce à travers développement des transports et par ricochet le développement économique des communautés.

Les routes ouvrent la voie au développement et leur absence voire leur mauvais état ne peut que conduire au sous-développement.

 Oumarou                                                                                                              

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