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Tiébilé Dramé : Le Mali orphelin de son vieux lion politique

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Mort à 70 ans ce mardi 12 aout 2025 à Paris, l’ancien ministre, opposant historique et fondateur du PARENA laisse derrière lui un héritage complexe, mêlant fidélité aux idéaux démocratiques et pragmatisme politique assumé.


Nioro du Sahel, 1955. Dans ce coin du Mali où le vent du désert n’efface pas les colères, naît Tiébilé Dramé. Étudiant engagé dans les années 1970 et 1980, il se dresse contre le régime de Moussa Traoré. La prison, il connaît. L’exil aussi, en France et en Angleterre, où il met ses convictions au service d’Amnesty International. Là, il apprend à conjuguer le militantisme malien avec le langage universel des droits humains.


En 1991, le regime de Moussa Traoré s’effondre. Dramé rentre, le pas ferme. Fondateur du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA), il se pose en gardien sourcilleux des règles du jeu démocratique. Il s’impose comme un interlocuteur incontournable, tant pour ses alliés que pour ses adversaires. Ministre à plusieurs reprises, dont celui des Affaires étrangères en 2019 sous Ibrahim Boubacar Keïta, il incarne une certaine idée du dialogue national : exigeant dans la forme, pragmatique dans le fond.

Un démocrate… et un pragmatique


Ses détracteurs le soupçonnent de calculs personnels, pointent des alliances inattendues, parfois à rebours de ses discours. Ses partisans, eux, louent un homme qui savait que, dans le Mali des crises successives, la pureté idéologique est souvent un luxe. Dramé n’a jamais cessé de dénoncer les coups d’État, tout en négociant avec les pouvoirs en place lorsque l’intérêt national le commandait.


Au fil des décennies, Dramé devient un artisan des pourparlers de paix. Dans les coulisses, il parle à tout le monde, y compris à ceux qu’il critique publiquement. Ses interventions sont rarement tonitruantes, mais souvent décisives. Dans un pays où la politique se joue aussi dans l’ombre, il avait compris que la fermeté pouvait s’accommoder de compromis.

Héritage et avertissement


Marié à Kadiatou Konaré, père de neuf enfants, il trouvait dans sa famille un équilibre face aux secousses de la vie publique. Avec sa disparition, le Mali perd l’un des derniers visages de la génération 1991, celle qui a abattu une dictature à mains nues. Mais aussi un « intranquille » qui refusait aussi bien la résignation que les certitudes faciles.

Tiébilé Dramé n’était pas un saint — il ne le revendiquait pas. Mais il fut un repère. Et c’est peut-être là son legs le plus durable.

A.D


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