Alors que les rideaux tombent sur le Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation, célébré avec pompe au Centre international de conférences de Bamako, une réflexion s’impose sur les résultats de ce grand rassemblement et les perspectives de paix au Mali. Le vendredi 10 mai 2024 a marqué la fin des phases nationales et finales de ce dialogue crucial, sous la présidence du Colonel Assimi Goïta.
Ce dialogue, lancé par le Chef de l’État dans son adresse à la nation du 31 décembre 2023, avait pour ambition la restauration de la paix et la réconciliation nationale. Une large participation a caractérisé le processus, incluant non seulement les membres du gouvernement, mais aussi les gouverneurs, le corps diplomatique, les représentants de diverses régions et de la diaspora, ainsi que des acteurs majeurs de la société civile. Cette inclusivité promet une meilleure acceptation des recommandations et résolutions émises, qui couvrent un éventail de mesures allant de la gestion des conflits communautaires au renforcement de l’éducation à la culture de la paix ainsi qu’à la sauvegarde de la souveraineté nationale.
Ce qu’il faut retenir des discussions
Les recommandations clés du rapport final, lues par Boubacar Sow, rapporteur général du comité de pilotage du Dialogue inter-Maliens, comprennent des initiatives telles que la dissolution des milices d’autodéfense, le recours aux Us et coutumes locaux pour la gestion des conflits, et la création d’un cadre permanent de dialogue. D’autres propositions visent à moraliser la vie publique, renforcer l’enseignement de l’histoire et de la géographie nationales, et promouvoir l’éducation à la culture de la paix dans les établissements scolaires. L’ampleur et la diversité de ces recommandations témoignent de la profondeur des discussions et de l’engagement des participants à envisager toutes les facettes de la réconciliation et de la reconstruction nationale.
Sur le plan politique, les propositions sont tout aussi ambitieuses, avec des mesures comme la révision de la charte de la transition et la prorogation de la période de transition de deux à cinq ans. L’idée de favoriser la candidature du Colonel Assimi Goïta à la prochaine élection présidentielle, tout en élevant au grade de général plusieurs de ses collaborateurs, souligne un désir manifeste de stabiliser le leadership actuel, ce qui pourrait être perçu de diverses manières par la communauté internationale.
Construire un avenir pacifique, enraciné dans les valeurs
En termes économiques, les recommandations visent à renforcer la souveraineté économique et alimentaire du Mali, avec des initiatives telles que la création d’unités industrielles et la promotion de l’entrepreneuriat. Ces mesures sont essentielles pour assurer un développement durable et autonome, capable de soutenir les efforts de paix à long terme.
Le Dialogue inter-Maliens s’est donc conclu sur une note d’optimisme prudent, avec la promesse d’une mise en œuvre rigoureuse des recommandations et la création d’un livre blanc qui servira de feuille de route pour la paix et la réconciliation nationale. Cependant, la réussite de ces initiatives dépendra de leur acceptation par l’ensemble des Maliens et de l’efficacité de leur mise en œuvre dans un contexte politique et sécuritaire complexe.
La question demeure : ces mesures ambitieuses conduiront-elles le Mali vers une ère de stabilité durable ou ne sont-elles que des promesses éphémères dans le tourbillon de défis auxquels le pays est confronté ? Seul l’avenir nous le dira, mais ce qui est certain, c’est que le Dialogue inter-Maliens a posé des fondations sur lesquelles le Mali peut envisager de construire un avenir pacifique, enraciné dans les valeurs et les traditions qui ont longtemps façonné son histoire.
Transmettre et valoriser le bâton de la paix
Dans ce contexte de renouveau, le rôle des femmes, salué lors des clôtures du dialogue comme « les colombes de la paix », sera crucial pour maintenir la cohésion sociale et bâtir des ponts au sein des communautés. De même, la jeunesse malienne, engagée et dynamique, doit être au cœur des stratégies de mise en œuvre pour assurer que le bâton de la paix soit transmis et valorisé par chaque nouvelle génération.
Au crépuscule de ce dialogue, l’espoir est permis, mais la vigilance reste de mise. La route vers la paix est longue et semée d’embûches, mais avec un engagement sincère et inclusif, le Mali peut aspirer à un avenir où la paix ne sera plus un rêve, mais une réalité tangible pour tous ses citoyens.
Oumarou Fomba
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.