Dans la région de Kidal, au Mali, le CICR apporte son appui au seul centre de Santé de référence faisant office d’hôpital dans la ville. Témoignage d’Aïcha qui, pour soigner sa fille Aminate, a dû faire face à une odyssée sinistre.
Aïcha est native de Talahandak, une bourgade saharienne située à 250 kilomètres de Kidal, cercle d’Abeibara. Elle est âgée de 31 ans et mère d’une fillette de 2 ans, Aminate. A l’aurore d’un jeudi matin, Aminate est frappée à son réveil par la fièvre. La médecine traditionnelle n’a donné aucun résultat significatif. Sa maman n’a plus d’autre choix que de l’amener dans un hôpital. Mais comment et où trouver un centre de santé dans ce milieu en proie à l’insécurité ? Rares sont les moyens de transport disponibles pour relier les centres urbains, les routes pas faciles à parcourir et le personnel soignant est en nombre insuffisant en raison de la situation sécuritaire.
« J’ai passé plusieurs semaines à chercher un moyen pour rejoindre un centre de santé pour traiter ma fille. En dépit de l’insécurité, j’ai pris le courage de sortir du village, car il s’agissait de la santé de mon enfant », raconte Aïcha.
A Kidal, l’accroissement de la violence et l’insécurité grandissante ont entraîné l’abandon de services des personnels soignants dans la région. Ce qui a occasionné un arrêt total des soins au niveau des centres de santé communautaire (CSCOM). C’est uniquement un centre de santé de référence qui est opérationnel. Celui-ci prend la place d’un hôpital pour la délivrance de services de soins plus lourds que le personnel soignant comptabilisé en place. Ce qui s’est soldé par des graves conséquences sur l’accès au soin de santé des communautés vulnérables.
Appui du CICR
Depuis 2015, CICR, en partenariat avec les autorités sanitaire, appuie le centre de santé de Kidal. Tenant compte du caractère particulier de la zone et du contexte humanitaire, les interventions du CICR se sont étendues progressivement de la chirurgie initiale à toutes les autres composantes des services médicaux (santé maternelle et infantile, etc.).
« Au début, on intervenait seulement dans ce centre pour la prise en charge de blessés de guerre, des enfants de zéro à cinq ans, des femmes enceintes et des urgences. Vu la situation humanitaire, nous avons décidé de soutenir le comité de gestion du centre pour faire fonctionner tous services médicaux et assurer un meilleur accès aux soins de santé », fait savoir Diere Badji, chef du projet santé du CICR à Kidal.
Mais, il manque un service aux offres du centre, celui de la pédiatrie. Le bâtiment réservé à ce service est resté longtemps inachevé. Ainsi, en 2021, le CICR a terminé la construction du bloc et offert des équipements nécessaires pour son fonctionnement au grand bonheur des enfants et des parents comme Aïcha.
« J’étais angoissé et inquiète »
Portant son enfant au dos, ses bagages sur la tête, à moto sur une piste minée d’insécurité, Aïcha se rend à Tenzouatane à l’exploration de services de santé pour sa fille. Peine perdue, les conflits armés ont laissé des marques macabres sur cette bourgade, plus de structure sanitaire susceptible à donner de soins à la petite Aminate.
« J’étais angoissé et inquiète. Je ne savais plus quoi faire. Dans ma quête de recherche de solutions, j’ai appris qu’un nouveau service de pédiatrie a été ouvert à Kidal alors je n’ai pas hésité à reprendre les routes », relate Aïcha, désespérée.
Néanmoins, elle garde espoir, surtout à son arrivée dans la ville de Kidal. L’unique centre de santé de la région a déjà un nouveau service de pédiatrie, équipé de matériel ultramodernes. Aminate a immédiatement été prise en charge, et une pneumonie est diagnostiquée. « Dès notre arrivée, une équipe s’est chargée de traiter ma fille. Elle a reçu les soins gratuitement et aujourd’hui, elle se porte bien. Je peux retourner chez moi avec l’esprit tranquille », se réjouit Aicha.
À Kidal, à l’instar de toutes ses interventions, le CICR se charge de former les personnels soignants, offre des matériels médicaux, des médicaments et consommables pour rendre les soins gratuits pour les patients vulnérables dont les enfants de 0 à 5 ans.
Mohamed Camara
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