Au cours des manifestations du 10 au 12 juillet 2020, des violences ont eu lieu au Mali, notamment des pillages, des tirs à balles réelles ayant occasionné des blessés voire des morts. HRW trouve que la responsabilité de ces incidents est partagée, mais invite à des enquêtes pour traduire les responsables en justice.
« Au Mali, les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force pour réprimer des manifestations parfois violentes organisées par l’opposition politique », a déclaré, le mercredi 12 août 2020, Human Rights Watch. Ces violences sont survenues les 10, 11 et 12 juillet 2020. Au cours de ces manifestations, au moins 14 personnes ont été tuées et plus de 300 autres blessées, indique l’organisation de défense des droits de l’homme. Parmi ces blessés figurent des manifestants, des passants et des membres des forces de sécurité, précise la même source. C’est en ces termes que la directrice pour le sahel à Human Right Watch, Corinne Dufka se prononce sur la situation : « Les violences récentes qui ont secoué la capitale ont laissé dans leur sillage un cortège effroyable de morts et de blessés ».
Des violences provenant des deux côtés
Human Right Watch reconnait qu’il y a eu des tirs à balles réelles pour démanteler les barricades installées par les manifestants. Elle attribue également les pillages en partie d’immeubles gouvernementaux par des manifestants tout comme les forces de sécurité ont saccagé le siège du M5-RFP, indique-t-on. « Les dirigeants du M5-RFP ont assuré à Human Right Watch que les individus impliqués dans ces violences n’appartenaient pas à leur mouvement, bien que certains témoignages contredisent cette affirmation », rapporte HRW.
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HRW ne tourne pas autour de la peau. Elle précise que le 11 juillet, au moins 12 personnes ont été tuées par les forces de sécurité à Badalabougou, quartier où habite l’Imam Mahmoud Dicko. Parmi ces morts, trois ont été tuées par les forces de sécurité qui « gardaient le domicile de l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle », souligne l’organisation de défense des droits de l’homme avant d’indiquer : « Des membres des forces de sécurité ont tué au moins neuf personnes par balles après que leur véhicule s’est retrouvé coincé dans un caniveau dont la dalle de béton avait apparemment été retirée, près du domicile et de la mosquée de Mahmoud Dicko ».
Les recommandations pour faire toute la lumière sur la situation
HRW invite les autorités maliennes à rendre publiques les conclusions des enquêtes sur ces violences et de traduire en justice toutes les personnes qui y sont impliquées. Ce n’est pas tout, elle recommande également au gouvernement malien d’« ordonner aux forces de sécurité de respecter les Principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois » Corinne Dufka lance alors un message aux autorités politiques maliennes : « Le gouvernement devrait adresser un message clair selon lequel les abus et les actes de violence de tous bords, y compris ceux perpétrés par les forces de l’ordre, feront l’objet d’une enquête et de poursuites impartiales ».
Quant aux leaders du M5-RFP, Human Right Watch les invite à prendre des « mesures concrètes pour empêcher toute nouvelle violence de la part de leurs partisans ». Aux forces de sécurité, Corinne Dufka les invite à veiller plutôt « à réprimer les manifestations violentes avec un recours minimal à la force ». Cela afin d’éviter la perte d’autres vies, a-t-elle indiqué. HRW conclut son rapport par un exposé de témoignages sur ces violences.
Comme cause de la crispation de la crise sociopolitique au Mali, cette organisation indique entre autres : la décision de la Cour constitutionnelle (en avril) sur les dernières législatives, le taux de chômage élevé, l’instabilité persistante dans le nord et le centre du Mali et la corruption au niveau de l’administration.
Fousseni Togola
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