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Mali : A 6 ans, Alioune a été amputé de la jambe

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Un conflit armé n’épargne personne ! Il rend encore plus vulnérables ceux qui le sont déjà, en particulier les enfants. Il les blesse, les mutile et souvent, les tue. Alioune, 6 ans, encore insouciant et rêveur, a vu sa vie basculer lorsqu’il a été amputé de la jambe à la suite d’une blessure par balle.

Cette journée de mars 2015 avait commencé comme toutes les autres. Alioune jouait au ballon avec ses amis près de la concession de sa grand-mère chez laquelle il vivait. Soudainement, des tirs ont retenti.

« Pendant qu’on fuyait, une balle m’a atteint à la jambe. Mes amis pleuraient en me demandant de me relever, mais je n’y arrivais pas », détaille Alioune.

« Il a abandonné l’école à la 4e année »

La grande mère d’Alioune, fortement choquée par cette nouvelle, n’y a pas survécu. Quant à Alioune, il a été transporté d’urgence à l’Hôpital de Gao, dans le nord du Mali. Le verdict médical a été sans appel : « Les médecins nous ont dit que la jambe était irrécupérable, car les os avaient été broyés. Ils l’ont amputé », s’exprime tristement Hounedjata, la mère d’Alioune.

Une fois sorti de l’hôpital, Alioune est retourné chez ses parents à Mopti, sur l’île de Djenegadaga, puisque malheureusement, à cette époque, le Comité International de la Croix Rouge ne proposait pas encore à Gao de service d’appareillage et de rééducation physique destiné aux blessés de conflit.

À Djenegadaga, il a entamé sa nouvelle vie et a dû affronter de nombreux défis liés à sa condition de personne en situation de handicap. « Quand vous amputez une personne, vous lui enlevez une partie de son corps. Cela affecte le patient non seulement sur le plan physique, mais aussi psychologique », explique le docteur Kinta, directeur du Centre régional d’appareillage orthopédique et de rééducation fonctionnelle (CRAORF) de Mopti.

La première épreuve a été d’affronter les regards inquisiteurs et la stigmatisation, qui se sont avérés compliqués et compromettants pour son avenir.

« Il a abandonné l’école à la 4e année parce qu’on se moquait de lui à cause de son handicap. On le frappait et, souvent, on lui retirait la canne en fer qu’il utilisait. Il revenait continuellement en pleurant, de chagrin ; je pleurais avec lui », confie Hounedjata.

« Nous avons accumulé des dettes »

« Tu n’as qu’une seule jambe, me disaient-ils », confie Alioune.

Après avoir abandonné l’école, le garçon n’a pourtant pas baissé complètement les bras. Il voulait vivre dignement malgré son handicap. Travaillant aux côtés de son père, Alioune participe à la traversée en pirogue des passants de la rive de la ville de Mopti vers Djenegadaga, une petite île de pêcheur. Cette activité lui permet de soutenir ses parents. À ses heures perdues, il joue avec ses amis, qui ne le stigmatisent pas.

Soucieux du bien-être et de l’avenir de leur enfant, mais n’ayant pas les moyens financiers nécessaires pour prendre soin de lui, les parents d’Alioune se sont alors endettés. « Je fais du petit commerce et son père transporte les gens de part et d’autre de la rive à l’aide d’une pirogue. Nous n’avons pas assez de moyens, donc nous avons accumulé des dettes çà et là. Jusqu’à présent, nous ne sommes pas arrivés à les éponger », raconte sa mère.

En effet, la prise en charge de ce handicap nécessite des ressources financières importantes, puisque l’enfant aura besoin d’une nouvelle prothèse chaque année, jusqu’à la fin de sa croissance, ainsi que d’un suivi régulier dans un centre d’appareillage. Sous le poids du chagrin, ses parents avaient perdu tout espoir de le voir un jour sur pied.

L’espoir renait

La donne a changé quand Hounedjata et son mari ont appris l’existence du service d’appareillage et de rééducation physique proposé par le Comité international de la Croix-Rouge à Mopti. Dans l’espoir de le voir bénéficier d’une prothèse, la mère d’Alioune l’a amené dans ce centre. Le garçon est dorénavant pris en charge par le programme de la réadaptation Physique (PRP) du CICR. Il a obtenu une prothèse toute neuve et reçoit des séances de rééducation physique.

« Appareiller un patient, c’est lui restituer au moins sa physiologie. Cela lui apporte beaucoup de soutien psychologique. Et mieux que ça, c’est lui rendre ainsi sa motricité et son autonomie si ce sont des prothèses », explique le docteur Kinta.

Depuis 2021, le CICR facilite en effet l’accès aux services d’appareillage et de rééducation physique aux victimes du conflit et aux personnes vulnérables dans la région de Mopti. Cela grâce à un centre très bien équipé, moderne et répondant aux standards internationaux du service orthopédique.

Le centre de Mopti accueille des patients de tout bord et de tout horizon. Ils y sont hébergés et reçoivent de la nourriture en plus des soins et d’un accompagnement nécessaire.

« Comme les enfants de son âge, Alioune aime s’amuser. Alors à chaque fois qu’il vient, nous jouons ensemble à divers jeux. C’est un moyen de le rassurer, de lui montrer qu’on est avec lui, qu’on le soutient et qu’il peut tout faire. Nous mettons en place des mécanismes identiques avec chaque patient. Cela nous permet de créer un climat de confiance avec eux », déclare Aboubacar Sangaré, le chef de la division Orthoprothésiste du centre.

Le rêve d’Alioune

Aujourd’hui âgé de 13 ans, Alioune s’épanouit davantage dans son entourage notamment grâce à cette prothèse. À travers le volet d’inclusion sociale du programme de réadaptation physique, le CICR prendra dorénavant en charge ses frais de scolarité et financera un microprojet générateur de revenus pour sa maman. L’objectif c’est d’assurer un avenir à Alioune et renforcer la résilience de sa famille.

Malheureusement, l’histoire d’Alioune n’est pas un cas isolé. C’est pourquoi le CICR poursuit ses actions multidisciplinaires pour soulager la souffrance des personnes dans leurs chairs et leur esprit par le conflit. Ainsi, de janvier à juin 2022, grâce à son programme de réadaptation physique, le CICR a ainsi assisté plus de 7000 personnes dans les cinq centres orthopédiques qu’il soutient (Bamako, Gao, Tombouctou et Mopti) pour permettre à d’autres victimes comme Alioune de reprendre leur vie en main.

« Cette nouvelle jambe me permet de commencer une nouvelle vie, d’aller à l’école sans difficulté et de réaliser mon rêve », confie Alioune, les yeux lumineux. Quand on lui demande quel est ce rêve, Alioune répond en souriant : devenir médecin pour rendre service aux gens.

Source : CICR


Notre rédaction a apporté quelques modifications au texte.


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