Home Actu Lutte contre le terrorisme : le gouvernement malien réfute de nouvelles allégations d’exaction 

Lutte contre le terrorisme : le gouvernement malien réfute de nouvelles allégations d’exaction 

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L’Organisation internationale de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch a accusé, le 24 juillet 2023, les forces armées maliennes et des « combattants étrangers », d’avoir exécuté sommairement et d’avoir fait disparaitre de force plusieurs dizaines de civils dans la région centrale du Mali, depuis décembre 2022. Les autorités maliennes de la transition, tout en se disant surprises des allégations formulées dans ce rapport, réfutent ces allégations qui y sont formulées. Le groupe Sahel Kunafoni a consulté le rapport de l’ONG et le communiqué du gouvernement. 

À l’issue des enquêtes menées entre décembre 2022 et mars 2023, l’ONG internationale Human rights watch accable les forces armées maliennes « et des soldats étrangers qui leur sont associés » de violation des droits de l’homme. « Les forces armées maliennes et des combattants étrangers appartenant apparemment au groupe Wagner lié à la Russie ont exécuté sommairement et fait disparaitre de force plusieurs dizaines de civils dans la région centrale du Mali depuis décembre 2022 », a déclaré Human Rights Watch, le 24 juillet dernier. Ces militaires selon HRW auraient également « détruit et pillé des biens civils et auraient torturé des détenus dans un camp militaire ».

« Manque de connaissance de la situation »

« […] Le Gouvernement réfute énergiquement les allégations tendant à faire croire que les opérations de lutte contre le terrorisme donnent lieu à un ciblage ethnique et que ces opérations impacteraient, de manière indiscriminée, des populations civiles, particulièrement dans leur frange vulnérable », souligne le gouvernement dans son communiqué rendu public le 24 juillet 2023, tout en s’insurgeant particulièrement contre les graves accusations de « représailles contre les villageois » et de « punition collective » à leur encontre. Elle déplore également la « légèreté » avec laquelle de telles allégations sont faites.

Des allégations qui sont formulées en dépit du climat de bonne coopération instauré entre le gouvernement et la quasi-totalité des organisations de défense des droits de l’homme, des responsables de la justice ainsi que ceux des fama. Les autorités maliennes de la transition se disent surprises de constater qu’à ce niveau de coopération les enquêtes de Human rights watch continuent à « accabler les fama ».  

Selon le gouvernement malien, cette ONG internationale de défense des droits de l’homme passe « sous silence le contexte de guerre asymétrique que le Mali mène depuis plus d’une décennie, ainsi que les énormes efforts faits par le Gouvernement dans le cadre de la promotion et la protection des droits de l’Homme sur toute l’étendue du territoire », déplore la partie malienne dans son communiqué.

En plus de cet aspect, le gouvernement reproche à l’ONG Human rights un « manque de connaissance de la situation sur le terrain ». Il précise que les groupes terroristes recrutent parmi toutes les ethnies et donc qu’il ne serait aucunement question d’un ciblage contre la communauté peul comme tente de le faire croire HRW. 

Aucune force étrangère n’assiste l’armée malienne 

Les autorités maliennes de la transition démontent également la méthodologie employée par les enquêteurs de cette ONG internationale. « Le Gouvernement dénonce la méthodologie suivie dans lesdites enquêtes consistant en un étalage d’allégations sur la base de témoignages non contradictoires, collectées pour l’essentiel lors d’entretiens téléphoniques, recoupées, notamment par des informations publiées dans la presse et qui ne s’appuient sur aucune preuve tangible », lit-on dans le communiqué du gouvernement. Une méthodologie qui met en cause la fiabilité des informations recueillies et la crédibilité du rapport qui en issu. 

Le gouvernement souligne d’ailleurs n’avoir eu, durant la période indiquée, connaissance d’aucun « cas de violations de droits de l’homme qui auraient été commises par les FAMa ». Toutefois, il rassure que suite à ces allégations de violations des droits de l’homme, le Procureur de la République en charge du Pôle judiciaire spécialisé, sur instruction du ministre de la Justice et des droits de l’Homme, « a ouvert une information judiciaire pour crime de guerre et crime contre l’humanité contre X, conformément à la règlementation en vigueur ». 

Le gouvernement malien rassure que les résultats de ces différentes enquêtes « seront portées à la connaissance de l’opinion nationale et internationale en temps opportun ». Il rappelle que tous les cas avérés de violations des droits de l’Homme sur le théâtre des opérations font systématiquement l’objet de poursuites.  

Selon les précisions des autorités maliennes, les forces armées maliennes « conduisent les opérations militaires de façon totalement autonome ». Elles ne se font assister par « aucune autre force, étrangère ou, comme l’allèguent les extraits du rapport, une “milice pro gouvernementale” lors des opérations sur le terrain.

Les autorités maliennes, toujours ouvertes au dialogue 

Tout en invitant l’ONG “Human Rights Watch” à inscrire son œuvre de veille et de monitoring de la situation des droits de l’homme dans une démarche impartiale, non biaisée, équilibrée et objective, le gouvernement malien de transition “observe en outre la persistance voire la recrudescence de ces allégations au moment où des avancées notables sont réalisées tant dans le domaine sécuritaire que dans le cadre du processus politique de la Transition”. Il exhorte les défenseurs des droits de l’homme, de s’interroger sur l’impact sur les populations civiles, sur le vivre ensemble et sur la cohésion nationale “d’accusations non fondées dont la seule évocation sape les efforts de stabilisation du territoire”.

Le 16 juin 2023, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a demandé au Conseil de sécurité des Nations unies le retrait de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) “sans délai”. Il a évoqué surtout une “crise de confiance” entre les autorités maliennes et les 15 000 membres de la force de maintien de la paix de l’ONU. Le 28 juin, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de “mettre fin au mandat de la MINUSMA”, mais de maintenir son personnel jusqu’au 31 décembre pour planifier et exécuter la cessation des opérations et le transfert des tâches, rappelle HRW. 

De l’avis de Yvan Guichaoua, un analyseur politique sur le Sahel, “En exigeant le retrait de la MINUSMA, les autorités maliennes se placent dans une relation de sécurité exclusive avec Wagner, dont la manière de mener la guerre menace les civils et dont la fiabilité est discutable comme l’ont démontré les récents évènements en Russie”, rapporte l’ONG Human Rights Watch.

Les autorités maliennes se disent toujours ouvertes à la poursuite du dialogue avec l’ensemble des partenaires qui “œuvrent de bonne foi pour la défense et la promotion des droits de l’Homme”.

Chiencoro Diarra 

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