À Kidal, l’arrivée d’un convoi de vivres et de carburant, escorté par les FAMa, dépasse la simple logistique. Dans une région longtemps perçue comme ingouvernable, le geste orchestré par le général Assimi Goïta résonne comme une démonstration de souveraineté retrouvée.
Un convoi de sept camions, escorté par les FAMa, chargé de riz, de farine, de carburant. Rien, à première vue, qui puisse faire trembler les colonnes des chancelleries occidentales ni émouvoir les stratèges des grandes capitales. Et pourtant, l’arrivée de ce convoi à Kidal, le 10 septembre dernier, relève d’un acte politique au sens le plus fort du terme. Un geste qui, dans l’histoire récente du Mali, pèse plus lourd qu’un communiqué diplomatique ou qu’une déclaration solennelle, surtout à un moment où l’on désinforme en annonçant des blocus sur des régions.
Une réaffirmation de l’autorité de Bamako
Kidal n’est pas une ville comme les autres. Cité emblématique du septentrion malien, longtemps sanctuaire des rébellions touarègues et caisse de résonance des ingérences extérieures, elle a cristallisé toutes les fractures du pays. Y voir passer, en toute sécurité, des camions de vivres et de carburant sous escorte nationale, c’est bien plus qu’un ravitaillement. C’est la réaffirmation de l’autorité de Bamako, la preuve tangible que l’État ne se contente plus de proclamer sa souveraineté mais qu’il l’exerce, concrètement, sur le terrain.
Sous l’impulsion du général Assimi Goïta, chef de l’État et président de la Transition, l’opération est venue rappeler deux vérités. La première : le Mali, désormais membre de la Confédération des États du Sahel (AES), n’a plus le luxe du symbolique creux. Chaque action est conçue comme une réponse directe aux pénuries, aux menaces, aux doutes. La seconde : l’ennemi, qu’il soit terroriste ou commanditaire étranger, doit comprendre que les lignes rouges bougent. Kidal, naguère hors de portée, jusqu’au 14 novembre 2023, est depuis un maillon réintégré dans la chaîne nationale.
L’État par le réel
En réalité, l’image des camions arrivant à Kidal ne prend tout son sens qu’à la lumière d’un précédent fondateur : la reprise de la ville par les Forces armées maliennes en novembre 2023. Depuis, après plus d’une décennie d’absence, l’administration nationale avait fait son retour dans cette cité longtemps considérée comme l’épicentre des rébellions et l’angle mort de la souveraineté malienne. Gouverneur, préfets, services techniques et forces de sécurité avaient réinvesti les lieux, rétablissant le drapeau national sur les bâtiments officiels et marquant, pour Bamako, la fin d’un cycle d’humiliation. Depuis, chaque acte posé à Kidal — qu’il s’agisse de l’approvisionnement en vivres ou de la reprise des services sociaux de base — n’est pas un simple geste de gestion. C’est une confirmation que l’État malien, après avoir regagné le terrain par les armes, entend l’occuper durablement par l’administration et le service public.
Pour les populations, qui ont enduré la rareté des produits de première nécessité après la fermeture de la frontière algérienne, l’arrivée de ces camions a valeur de souffle. Pour Bamako, elle équivaut à une proclamation silencieuse : le temps des zones grises est terminé. L’État revient, par l’alimentation, par le carburant, par l’armée. Bref, par le réel.
A.D
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