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Cameroun : un nouveau rapport de Crisis met en exergue les souffrances et le militantisme des femmes

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Un nouveau rapport de l’International Crisis group met en exergue les souffrances et le militantisme des femmes camerounaises, dans le conflit qui les engage depuis cinq ans environ.

Chantant, pleurant, criant ou encore priant, en 2018, les femmes camerounaises ont décrié la recrudescence du viol et des meurtres dans la partie anglophone de leur pays. Réunies, à l’occasion, dans un stade de Bamenda, elles ont réclamé un dialogue urgent sur la paix afin de pouvoir sortir de la maison sans crainte, aller au marché et aux champs, comme c’était le cas avant ce conflit. Qui a conduit à des milliers de personnes déplacées, dont la majorité des femmes.

Des victimes

Dans son nouveau rapport, publié le 23 février 2022, Crisis group, cette organisation internationale d’alerte fondée en 1995, indique que « les femmes et les enfants représentent 60 pour cent des presque 573 900 Camerounais déplacés par le conflit anglophone », qui oppose les séparatistes à l’État camerounais. Un conflit qui perdure depuis 2017, soit cinq ans déjà.

Cette organisation a tiré la sonnette d’alarme sur la situation des femmes anglophones au Cameroun. « Déplacées, seules à élever leurs enfants, luttant pour gagner leur vie ou les trois à la fois, les femmes anglophones ont dû affronter un environnement hostile et des violences sexuelles généralisées », lit-on dans ce document de 46 pages intitulé «Militantes, victimes, œuvrant pour la paix : les femmes dans le conflit anglophone au Cameroun »

Avec 1 065 cas de violence contre les femmes, en 2019, la gent féminine paie un lourd tribu dans ce conflit. Les grèves générales, les couvre-feux et les menaces de violence ont paralysé l’économie des deux régions anglophones, où la plupart des infrastructures sont en mauvais état, précise-t-on dans le rapport de Crisis group.

Dans cette partie anglophone du Cameroun, des milliers de citoyens sont privés d’emploi, de logement, de documents d’état civil ou d’école pour leurs enfants. Le viol est devenu une arme de guerre entre les mains des séparatistes et des soldats, explique le rapport. Malgré tout, les femmes sont en premières lignes dans le combat pour la paix. Nombreuses sont celles d’entre elles à gérerleur foyer et élever « des enfants sans soutien extérieur ».

Des militantes

En 2020, plusieurs organisations de femmes de la région avaient appelé à un cessez-le-feu de six mois afin de mettre en place un dialogue entre les séparatistes et les autorités. La toute première convention nationale des femmes pour la paix au Cameroun a eu lieu à Yaoundé du 29 au 31 juillet 2021. Les participantes étaient constituées de militantes pour la paix, de femmes et filles déplacées, mais aussi de victimes du conflit.

En raison de toutes ces initiatives prises par les femmes pour la paix, Crisis group exhorte le gouvernement camerounais et les bailleurs de fonds à « prendre des mesures urgentes pour atténuer l’impact du conflit sur les femmes et les enfants déplacés, qui ont pour beaucoup perdu leurs papiers d’identité ou leurs moyens de subsistance ».

Outre cela, il exhorte le gouvernement et les séparatistes à « offrir un espace démocratique aux associations de femmes qui souhaitent militer pour la paix à l’abri des représailles ». Quant aux bailleurs, ils sont invités aussi à inclure les femmes notamment les militantes et les plus influentes dans les zones rurales, dans les pourparlers lorsqu’ils débuteront.

Pour rappel, ce conflit est parti de la volonté d’un mouvement de protestation à préserver les systèmes juridique et éducatif anglophones. Ce mouvement s’est vite transformé, face à la répression gouvernementale, en rébellion armée.

Chiencoro Diarra

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