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Face aux ravageurs menaçant les cultures, le Mali déploie des mesures proactives pour protéger son agriculture, essentielle à l’économie et à la sécurité alimentaire.
La campagne agricole 2024-2025 au Mali, marquée par des défis phytosanitaires multiples, révèle l’impact croissant des ravageurs sur les cultures. Le récent rapport du ministre de l’Agriculture au Conseil des ministres met en lumière les dommages causés par des parasites comme les criquets arboricoles, la chenille légionnaire d’automne et les jassides, tout en proposant des solutions pour atténuer les effets sur les productions agricoles.
Les criquets arboricoles, particulièrement actifs dans les Régions de Kayes, Ségou, Tombouctou, Kita, Nara et Nioro, ont provoqué des dégâts significatifs sur les arbres fruitiers et les cultures maraîchères. Ces cultures, essentielles pour les revenus des exploitants locaux et l’approvisionnement des marchés, subissent ainsi une pression croissante qui pourrait affecter l’économie rurale et la sécurité alimentaire.
En parallèle, la chenille légionnaire d’automne a envahi les champs de maïs, mil et sorgho dans des zones stratégiques comme Kayes, Koulikoro, Sikasso, Mopti, et Gao. Ces céréales, qui constituent la base de l’alimentation au Mali, sont directement menacées par ces infestations. À cela s’ajoutent d’autres nuisibles, dont les attaques répétées compromettent davantage la stabilité des rendements agricoles.
Dans un contexte économique où l’agriculture représente une part essentielle du PIB malien, ces ravageurs posent un double défi : préserver la production pour éviter une inflation des prix alimentaires et maintenir les revenus des exploitants. La situation rappelle également la campagne cotonnière 2023-2024, marquée par une invasion précoce des jassides, qui avait suscité des inquiétudes dans toute la sous-région.
Face à ces menaces, le ministère de l’Agriculture a présenté un bilan mixte. Si les criquets arboricoles et la chenille légionnaire continuent de poser des défis, la gestion des jassides sur le cotonnier a été saluée comme une réussite. Grâce à l’intervention de la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT) et au soutien des services techniques, les infestations ont été maîtrisées avec l’usage d’insecticides recommandés par le PR-Pica, un programme régional ouest-africain. Cette approche a permis de sauver une partie importante des récoltes cotonnières, essentielles pour les exportations et l’économie nationale.
Pour la campagne actuelle, des mesures proactives sont en place. Le ministère prévoit notamment :
– La surveillance accrue des cultures et des pâturages pour détecter rapidement les infestations.
– L’appui-conseil aux exploitants agricoles, afin de les sensibiliser aux bonnes pratiques phytosanitaires.
– La formation des brigades villageoises phytosanitaires, une initiative clé pour doter les communautés locales des outils nécessaires pour lutter contre les ravageurs.
Ces actions témoignent d’une volonté de renforcer la résilience du secteur, mais elles nécessitent un financement conséquent et une coordination efficace pour garantir leur succès.
La lutte contre les ravageurs ne se limite pas au Mali. L’invasion des jassides en 2023-2024, qui a touché l’ensemble des pays de la région, a mis en lumière l’importance de la coopération régionale. Le réseau ouest-africain a souligné que les infestations ont été maîtrisées grâce à des approches harmonisées et des produits insecticides spécifiques. Cette coordination doit être poursuivie, voire intensifiée, pour faire face à des menaces qui dépassent les frontières nationales.
Dans ce contexte, le Mali pourrait renforcer ses partenariats avec des organisations régionales et internationales, comme la Cédéao et la FAO, pour partager des ressources et des connaissances. La mise en commun d’expertises et de financements permettra de mieux anticiper et gérer les crises phytosanitaires futures.
Malgré les défis, le rapport ministériel laisse entrevoir des perspectives prometteuses pour le secteur agricole malien. La formation des brigades villageoises phytosanitaires et l’appui aux exploitants agricoles sont des initiatives structurantes qui, si elles sont bien exécutées, pourraient transformer les pratiques agricoles et limiter les impacts des ravageurs. De plus, le renforcement des capacités de surveillance, combiné à une coordination régionale accrue, pourrait offrir une réponse plus efficace aux crises phytosanitaires.
Cette situation souligne la nécessité pour le gouvernement malien de diversifier ses investissements agricoles. Promouvoir des variétés résistantes aux ravageurs, renforcer la recherche agronomique et développer des infrastructures d’irrigation sont autant de pistes pour améliorer la résilience du secteur face aux aléas climatiques et biologiques.
La campagne agricole 2024-2025 met en lumière les défis complexes auxquels fait face le Mali dans le secteur agricole. Entre les dégâts causés par les ravageurs et les efforts pour renforcer la résilience, le chemin vers une agriculture durable reste semé d’embûches.
Cependant, les actions en cours montrent une volonté claire de relever ces défis. En combinant initiatives locales, partenariats régionaux et investissements stratégiques, le Mali peut espérer transformer son agriculture en un pilier solide de son développement économique et social.
Oumarou Fomba
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La Côte d’Ivoire lance un ambitieux fonds vert de 500 millions de dollars pour accélérer la croissance durable et renforce sa gouvernance climatique à la COP29.
Lors de la COP29 à Bakou, le vice-président ivoirien Tiemoko Meyliet Koné a annoncé une série de mesures ambitieuses pour renforcer la lutte contre le changement climatique en Côte d’Ivoire. Parmi ces mesures, la création d’un fonds de 500 millions de dollars pour le financement de projets verts constitue une avancée importante dans les efforts de développement durable du pays. Cet engagement, appuyé par un accord conclu avec le Fonds monétaire international (FMI), marque un tournant pour l’économie ivoirienne, qui cherche à conjuguer croissance économique et protection de l’environnement.
Le projet de création d’un fonds de financement vert, d’une valeur de 500 millions de dollars, est une initiative clé du gouvernement ivoirien pour « accélérer la croissance verte », comme l’a souligné le FMI dans son communiqué. Cette somme considérable sera utilisée pour financer des projets visant à réduire les émissions de carbone, promouvoir les énergies renouvelables et soutenir les infrastructures résilientes au climat. Le fonds devrait être capitalisé par des sources publiques, dont le gouvernement ivoirien lui-même, ainsi que des partenaires internationaux comme le Fonds vert pour le climat, le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), et des Banques Multilatérales de Développement (BMD). Le communiqué du FMI mentionne également la possibilité d’attirer des investissements privés, ce qui pourrait offrir une dimension complémentaire et accélérer le déploiement de projets écologiques dans tout le pays.
Cette initiative de financement représente un effort concret pour concrétiser les promesses souvent répétées de financement climatique, qui tardent encore à être pleinement réalisées. Les 500 millions de dollars permettront à la Côte d’Ivoire de mieux structurer et soutenir ses actions pour atteindre ses objectifs climatiques. Le fonds vert pourrait aussi être un levier important pour attirer des partenariats public-privé, catalyser les investissements dans des secteurs clés tels que les énergies renouvelables, et renforcer les infrastructures de gestion des ressources naturelles.
En plus de cet ambitieux fonds vert, le vice-président Tiemoko Meyliet Koné a annoncé la création d’une commission nationale sur le changement climatique, ainsi qu’un bureau du marché du carbone. Ces deux entités joueront un rôle crucial dans la gestion et le suivi des projets climatiques en Côte d’Ivoire. La commission nationale aura pour mission de coordonner les initiatives liées au climat, de renforcer la gouvernance environnementale et d’assurer que les mesures adoptées soient effectivement mises en œuvre sur le terrain. Le bureau du marché du carbone, pour sa part, supervisera les transactions de crédits carbone, ouvrant ainsi une opportunité pour la Côte d’Ivoire de bénéficier des marchés internationaux du carbone, où les pays développés achètent des crédits compensatoires pour réduire leur empreinte carbone.
En créant ces structures, la Côte d’Ivoire s’aligne sur les standards internationaux de gouvernance climatique, ce qui devrait également renforcer sa crédibilité auprès des investisseurs et des bailleurs de fonds. « La transparence et la bonne gouvernance dans la gestion des fonds climatiques sont des priorités pour la Côte d’Ivoire », a affirmé le vice-président lors de son discours, ajoutant que cette démarche permettra également au pays de mieux évaluer l’impact de ses actions et d’optimiser l’utilisation des ressources disponibles.
Le vice-président ivoirien n’a pas manqué d’interpeller les pays riches lors de la conférence, soulignant leur responsabilité dans la crise climatique actuelle et l’importance de leur rôle dans la transition énergétique mondiale. Il a exhorté ces nations à « réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre » et à « faciliter l’accès aux technologies climatiques » pour les pays en développement. Ce plaidoyer reflète une attente grandissante des pays africains pour une réponse internationale plus solidaire et plus juste.
Les pays africains, bien que parmi les moins responsables des émissions mondiales de carbone, sont souvent les plus durement touchés par les effets du changement climatique. Ils réclament ainsi des financements et des transferts technologiques pour les aider à faire face aux défis climatiques sans compromettre leur croissance économique. Le vice-président a également insisté sur « l’accélération du financement de la transition énergétique », un point qui résonne fortement dans le contexte actuel de retard des pays développés à honorer leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour le climat en faveur des pays en développement.
Pour donner un cadre législatif aux actions en faveur de l’environnement, le gouvernement ivoirien envisage également d’adopter un projet de loi sur le climat. Ce texte vise à encadrer juridiquement les efforts de réduction des émissions, à encourager les pratiques durables et à orienter le développement économique vers des objectifs climatiques. Avec ce projet de loi, la Côte d’Ivoire montre son engagement à long terme en faveur de la durabilité et envoie un message fort à ses partenaires internationaux.
Ce cadre législatif pourrait également renforcer la mobilisation des financements, en rassurant les investisseurs sur l’engagement du pays dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les projets d’infrastructure durable, la préservation des forêts, et les pratiques agricoles écoresponsables font partie des initiatives qui bénéficieront de ce soutien législatif.
L’initiative de la Côte d’Ivoire à la COP29 montre une volonté manifeste de passer des engagements à l’action. En combinant un fonds de financement vert conséquent, une gouvernance climatique renforcée, un appel au soutien international, et une loi sur le climat en préparation, le pays se positionne comme un acteur engagé sur le continent en matière de durabilité. Ces mesures vont bien au-delà des discours et témoignent d’une approche structurée et résolument tournée vers l’avenir.
Les 500 millions de dollars alloués aux projets de croissance verte, la mise en place d’instances dédiées au suivi des actions climatiques, et le plaidoyer pour une transition énergétique mondiale équitable montrent que la Côte d’Ivoire est prête à s’imposer comme un modèle en matière de finance climatique en Afrique. Les prochaines années seront décisives pour observer l’impact concret de ces initiatives sur le développement durable et la lutte contre le réchauffement climatique dans le pays.
Chiencoro Diarra
À Sikasso, un audit du Bureau du Vérificateur général sur la période 2021, 2022, 2023 et 2024, révèle de graves irrégularités financières, mettant en lumière une gestion opaque qui impacte directement les services publics et la confiance des citoyens.
Le rapport d’audit sur la gestion financière de la commune de Sikasso, récemment publié, met en lumière des irrégularités graves qui compromettent la transparence et l’efficacité des finances publiques. Ce document révèle de multiples dysfonctionnements dans le traitement des recettes et des dépenses, notamment des retards dans les transferts financiers, des absences de pièces justificatives pour certaines dépenses et des pratiques de passage de marchés publics qui ne respectent pas les normes de transparence.
L’un des premiers points soulevés par le rapport concerne les retards dans le transfert des recettes de la commune vers le Receveur-Percepteur, une situation qui s’est répétée à plusieurs reprises au cours de la période auditée. Ces retards, qui vont de 6 à 145 jours, concernent un montant total de 86 714 025 FCFA. Selon le rapport, ces reports « affectent directement la trésorerie de la commune » et mettent en péril sa capacité à remplir ses obligations financières, en compromettant des projets et services publics essentiels. Le rapport souligne que de tels délais dans les transferts de fonds peuvent aussi « augmenter les risques de détournement et d’inefficacité financière », une observation qui inquiète les citoyens et les experts en gouvernance publique.
En matière de gestion des fonds destinés aux écoles, le rapport met en évidence une absence flagrante de transparence dans l’utilisation du Fonds ADARS, un budget essentiel censé améliorer les infrastructures et les ressources éducatives de la commune. D’après le document, un montant de 36 573 625 FCFA a été dépensé « sans pièces justificatives » dans le cadre de ce fonds, ce qui constitue une entorse majeure aux protocoles de gestion financière.
Le rapport pointe du doigt le Directeur du Centre d’Animation pédagogique, affirmant qu’il n’a pas suivi les procédures de contrôle requises, ouvrant ainsi la porte à des abus potentiels et à une mauvaise gestion des ressources. Les auditeurs expriment leur préoccupation, déclarant que l’absence de justificatifs rend « pratiquement impossible de vérifier la destination réelle de ces fonds », ce qui compromet la confiance des citoyens envers les autorités locales.
Le rapport aborde également les procédures de passation de marchés publics, un domaine dans lequel les irrégularités sont récurrentes et portent préjudice à la commune. Les contrats, notamment ceux pour l’achat de fournitures scolaires et d’équipements médicaux, ont été attribués « sans appels d’offres » selon les auditeurs, une pratique contraire aux règles établies pour la commande publique.
En l’absence de processus concurrentiel, la commune court le risque d’accorder des contrats à des entreprises sur la base de relations personnelles ou d’intérêts particuliers plutôt qu’en fonction de la qualité des services et des coûts. « Ces pratiques non conformes alimentent les soupçons de favoritisme et compromettent la qualité des prestations de services pour les citoyens de la commune », indique le rapport, qui appelle à une révision en profondeur des pratiques de passation de marchés.
Ces manquements en matière de gestion financière, comme le souligne le rapport, n’affectent pas seulement la réputation de la commune, mais ont aussi des conséquences directes sur les conditions de vie des habitants de Sikasso. Le manque de transparence dans les finances publiques limite les capacités de la commune à financer des projets de développement essentiels, comme la réhabilitation des écoles ou l’amélioration des services de santé.
Les retards dans les transferts de fonds affectent également la régularité des paiements aux fournisseurs et aux prestataires, ce qui peut avoir un impact indirect sur les emplois locaux et la qualité des services. Les auditeurs insistent sur l’importance de réformer la gestion des finances publiques à Sikasso pour éviter des pertes de ressources précieuses et pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions locales.
Pour remédier à ces problèmes, le rapport propose plusieurs recommandations, notamment une gestion plus rigoureuse des transferts de recettes, l’introduction de procédures de vérification strictes pour toutes les dépenses publiques et la mise en place d’un processus de passation de marchés publics conforme aux normes nationales et internationales. « Il est crucial que les responsables de la commune se conforment aux règles de transparence et de bonne gouvernance pour garantir une utilisation optimale des fonds publics », conclut le rapport, appelant ainsi les autorités locales à agir rapidement pour rétablir la crédibilité des finances de Sikasso.
Oumarou Fomba
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Sahel Tribune est un site indépendant d’informations, d’analyses et d’enquêtes sur les actualités brûlantes du Sahel. Il a été initialement créé en 2020, au Mali, sous le nom Phileingora…