Consulter le PDF

Afrique : comment l’exploitation illégale des forêts affecte-t-elle la sécurité ?

Date:

Partager l'article:

L’exploitation forestière illégale affecte la sécurité en Afrique. La pratique est pourtant encouragée par de hauts fonctionnaires dans les pays concernés.

En Afrique, chaque année, les États perdent près de 17 milliards de dollars à cause de l’exploitation illégale des forêts. Selon le Centre d’étude stratégique de l’Afrique, « Cela fait partie d’un marché mondial dont la valeur économique se situe entre 30 et 150 milliards de dollars ».

Corruption et exploitation illégale

L’exploitation illégale des forêts, qui constitue une caractéristique essentielle de la criminalité transnationale organisée en Afrique, est souvent facilitée par la collusion de hauts fonctionnaires. La corruption du gouvernement et l’exploitation illégale des forêts se renforcent mutuellement, explique notre source. « Étant donné que l’exploitation forestière fait appel à des équipements lourds et à des réseaux de routes forestières, l’exploitation illégale dépend de la collusion des pouvoirs publics à haut niveau pour perdurer. Les flux financiers illicites provenant du trafic de bois renforcent à leur tour la position de ces hauts fonctionnaires et les incitent à abuser du pouvoir public à des fins privées ».

Pourtant, cette pratique d’exploitation forestière a des répercussions considérables sur la sécurité des pays concernés. « […] Le commerce illicite du bois peut alimenter les conflits et l’instabilité en fournissant des ressources aux acteurs violents et en propageant la corruption ».

Le Centre d’études stratégiques de l’Afrique cite plusieurs exemples, parmi lesquels nous retenons le cas du Sénégal. « Au Sénégal, où une insurrection de faible intensité sévit depuis 1982, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) a soutenu ses opérations presque entièrement grâce aux profits de l’exploitation illicite du bois de rose », rapporte notre source.

L’exploitation sexuelle et le travail des enfants 

En dehors de tous ces aspects, dans son éclairage, le centre d’études stratégiques de l’Afrique souligne que « l’exploitation illégale des forêts réduit les possibilités de subsistance des citoyens ordinaires » parce qu’elle contribue à la déforestation. Ce qui expose les communautés à la dégradation de l’environnement et aux difficultés économiques. « Sans options légales viables pour gagner leur vie, les communautés peuvent être davantage incitées à s’engager dans l’exploitation forestière illégale ». Par ricochet, la pratique, en raison de sa nature clandestine au niveau local, peut « accroître la vulnérabilité à la traite des êtres humains, aux systèmes de servitude pour dettes, à l’exploitation sexuelle et au travail des enfants ».

Le Centre d’études stratégiques de l’Afrique estime qu’il faut s’attaquer aux interactions entre l’exploitation illégale des forêts et la sécurité en améliorant la coordination transfrontalière, interagences et nationale-locale entre les responsables de la sécurité, de la justice et des forêts.

Fousseni Togola

Fousseni TOGOLA
Fousseni TOGOLAhttps://saheltribune.com
Né à Fana, dans la région de Dioïla, Fousseni TOGOLA est professeur de philosophie de formation, journaliste-blogueur et écrivain. Après un Master obtenu à l’Ecole normale supérieure (ENSUP) de Bamako sur la théorie de la « falsifiabilité » de Karl Popper, il se tourne vers l’écriture, à travers le blogging et ensuite le journalisme. D’abord membre de la Communauté des blogueurs du Mali (DONIBLOG), ensuite contributeur à Benbere, plateforme des blogueurs maliens. Il est également membre du Réseau des journalistes africains spécialisé sur le développement durable et le changement climatique (Africa 21). M. TOGOLA servira ensuite au quotidien malien Le Pays comme rédacteur en chef adjoint et éditeur. Il a également servi, comme pigiste, au premier site d’informations au Mali, Maliweb. Fousseni est aujourd’hui fondateur du site indépendant d’informations, d’analyses et d’enquêtes saheltribune.com. En 2020, il a été nominé au prix Mali Média Award (MAMA). La même année, il est lauréat du « Prix de Reconnaissance des Médias « Restez à la Maison », de la fondation Merck, dans la catégorie presse en ligne au Mali. Comme centre d’intérêt, M. TOGOLA s’intéresse au sujet touchant le climat, l’environnement et la biodiversité. Il a un intérêt assez particulier pour les questions sécuritaires et éducatives au sahel. Ouvrages publiés Féminitude, Innov Editions, 2018 (Essai) La société close et ses militants, 2019 (Essai politique) L’homme sirène, Prostyle Editions, 2020 (Fiction) Bintou, une fille singulière, 2020 (Roman philosophique)

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Le journal

Consulter le PDF

Dernières publications

Burkina Faso : le magazine Jeune Afrique interdit de diffusion 

Après la publication d’articles ne reflétant pas les réalités du Burkina Faso, les autorités du pays des hommes intègres ont finalement décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre, de tous les supports de diffusion de Jeune Afrique au Burkina Faso.

63e anniversaire d’indépendance : le Mali commémore dans la plus grande sobriété 

Placé sous le signe du sursaut national et de la défense de la patrie, le 63e anniversaire d’indépendance du Mali a été commémoré, le vendredi 22 septembre 2023, dans la plus grande sobriété.

Charte du Liptako-Gourma : le Mali, le Burkina Faso et le Niger créent une alliance de défense collective 

Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont signé le samedi 16 septembre 2023, la Charte du Liptako-Gourma instituant l’Alliance des États du Sahel (AES).

Alliance des États du Sahel : la Charte du Liptako-Gourma pour sauver la zone des trois frontières

En vue « d’établir une architecture de défense collective et d’assistance Mutuelle », le Mali, le Burkina Faso et le Niger signent, le 16 septembre 2023, une convention à Bamako. Les trois pays s’engagent, à travers cette Charte, à « lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et la criminalité en bande organisée » mais aussi à la « prévention, la gestion et au règlement de toute rébellion armée ou autre menace portant atteinte à l'intégrité du territoire et à la souveraineté de chacun des pays membres de l’Alliance ».
%d blogueurs aiment cette page :