Au Mali, la situation sécuritaire et humanitaire de la région de Ménaka devient de plus en plus pressante. Elle devient préoccupante, aujourd’hui, en dépit de l’activisme croissant des groupes extrémistes violents rivaux dont l’épicentre, de plus en plus, se déplace vers les zones urbaines et semi-urbaines. Sur scène : d’une part l’Etat Islamique au Grand Sahara et d’autre part le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans affilié à Al-Qaïda.
Décidément, la belligérance a débordé en début de la semaine dernière à travers la prise de Tidermène, localité située à 70km de Ménaka, par l’EIGS. Pourtant, depuis plus d’une année, de nombreux rapports faisaient état de profonde détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans la zone. Des localités comme Inékar, Anderamboukane, Inlamawane ou encore Talattaye dans la région de Ménaka ont, pendant longtemps, enregistré la présence des groupes extrémistes. Une situation qui a porté, par la suite, un véritable coup dur aux libertés individuelles et collectives de mobilité dans la zone. Les activités commerciales entre ces localités frontalières et le Niger voisin ont été, sérieusement, touchées du fait de l’insécurité. En plus, des alertes régulières à partir de la ville de Ménaka marquée, notamment, par des manifestations des organisations de la société civile allant jusqu’à décréter une journée de ville morte en octobre 2022, à la suite d’un double assassinat d’un enseignant et de son fils, ont éloquemment, illustré la gravité de la situation. Des groupes signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali tels que le Mouvement pour le Salut de l’Azawad ou encore le Groupe d’Autodéfense Touaregh Imgad et Alliés ont, également, payé un lourd tribut dans une série d’affrontements qui leur ont opposé à l’État Islamique au Grand Sahara en 2022.
La crise de Tidermène se présente, finalement, comme la goutte d’eau qui a débordé le vase. Les forces de défense et de sécurité du Mali sont interpelées. C’est connu, en matière militaire et stratégique, la passivité est conseillée face à un conflit à mort entre deux camps ennemis. Cependant, aujourd’hui, l’action est plus que nécessaire pour la protection des populations prises entre les puissances de feu des groupes armés non étatiques.
Au regard des dynamiques sécuritaires et humanitaires qui prévalent, actuellement, sur le terrain, des mesures et dispositions d’urgence s’imposent à l’État et aux organisations non gouvernementales. Des opérations militaires d’envergure de sécurisation et de dissuasion sont nécessaires, dans un premier temps, afin de désamorcer la pression sur et autour de Ménaka. Dans un deuxième temps, un plan d’urgence humanitaire est, également, plus que nécessaire, non seulement, pour Ménaka qui a, considérablement, enregistré des déplacés, mais aussi pour d’autres capitales régionales du nord qui reçoivent, également, les leurs comme Gao, Kidal ou Ansongo. Le collectif des légitimités traditionnelles, leaders d’opinion et cadres de la région de Ménaka dans une correspondance adressée aux autorités maliennes en date du 13 avril demande la prise des dispositions pour atténuer les souffrances des populations qui se trouvent, d’après la correspondance, dans une situation préoccupante.
Ibrahima Harane Diallo, Pournaliste-Politologue, Chercheur à l’Observatoire sur la Prévention et la Gestion des Crises au Sahel.
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