Pour assurer une pratique religieuse plus sécurisée et encadrée, le Rwanda a récemment fait parler de lui en fermant plus de 4000 églises et mosquées à travers le pays. Cette décision, prise par l’office national de la gouvernance, vise à mettre de l’ordre dans un secteur religieux longtemps laissé à l’anarchie.
En effet, le paysage cultuel africain a longtemps été marqué par une prolifération incontrôlée de lieux de culte, engendrant des conséquences néfastes pour les populations vulnérables. Aujourd’hui, ce phénomène connait une mutation profonde au Rwanda, un petit pays enclavé, situé dans la région des Grands Lacs de l’Afrique Centrale. Cette initiative, loin d’être une attaque contre la liberté de culte, vise surtout à mettre en ordre dans un secteur longtemps laissé à l’anarchie totale.
Problèmes sécuritaires et administratifs
Le motif principal derrière ces fermetures est la sécurité. Selon les autorités rwandaises, de nombreux lieux de culte se seraient révélés être de véritables pièges mortels, dépourvus d’équipements de base tels que des extincteurs ou des alarmes incendie. Certains seraient même situés dans des endroits dangereux, exposant les fidèles à des risques élevés. Toutes choses qui auraient poussé le régime en place à agir afin de protéger la vie des croyants.
Au-delà de l’aspect sécuritaire, cette campagne de fermeture vise également à professionnaliser et encadrer les pratiques religieuses. Les nouvelles réglementations exigent que les responsables d’églises paroissiales soient titulaires d’un diplôme universitaire en théologie, afin de garantir un niveau minimum de connaissances et de compétences. De plus, des normes strictes d’insonorisation ont été imposées pour limiter les nuisances sonores lors des prières, dans le but de concilier pratique religieuse et vie en communauté.
À noter que cette initiative n’est pas apparue soudainement, mais est le fruit d’un processus législatif initié en 2018 par le président Paul Kagame. Celui-ci avait alors jugé le nombre de lieux de culte excessif et avait appelé à une rationalisation du secteur. La loi votée à l’époque donnait un délai de cinq ans aux établissements existants pour se mettre aux normes, délai qui n’a visiblement pas été respecté par de nombreux lieux de culte.
Inspirer d’autres pays africains
Cependant, cette décision du Rwanda pourrait bien inspirer d’autres pays africains à revoir la régulation de leur paysage cultuel. Elle soulève notamment des questions essentielles sur l’équilibre entre liberté de culte et responsabilité de l’État dans la protection des citoyens.
Par conséquent, certains pourraient y voir une atteinte à la liberté religieuse, d’autres salueront, au contraire, une démarche courageuse visant à assainir un secteur longtemps laissé à lui-même. Quoi qu’il en soit, cette mesure rwandaise marque un tournant dans la gestion du fait religieux en Afrique, ouvrant ainsi la voie à une pratique cultuelle plus encadrée, plus sûre et peut-être plus en phase avec les défis du XXIe siècle.
Bakary Fomba
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