[Portrait] Ba Dicko Maiga, une jeune dame au parcours atypique

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Ba Dicko Maiga est une jeune dame entrepreneure. Promoteur de l’atelier de couture BADI Style, dont la mission principale est la valorisation des tissus locaux. Elle vient juste d’être primée à travers l’Impact Awards dans la catégorie Women Entrepreneurship, Leadership and programme. Une première consécration pour sa jeune carrière.     

Dans cette rue du quartier Bolibana, un faubourg de la métropole poussiéreuse, Bamako. Des motocyclistes freinent toujours prudemment pour ne pas emporter ces nuées d’enfants dans leurs jeux. En face de l’atelier Badi style, deux hommes assis, discutent énergiquement devant un thé chaud. À l’intérieur de l’atelier, le bruit de la machine à coudre fait un bienveillant accueil.

Passionnée de la mode

Enveloppée dans une longue robe rose, avec sa grande taille, cette diplômée en économie d’environnement durable fait manier le ciseau sur les tissus. À la place du stylo d’une banquière.

Selon Ba Dicko, elle est entrée dans le monde de l’entrepreneuriat par la passion. « Depuis petite, j’étais passionnée du domaine de la mode. Après mes deux premières années à l’université, j’ai eu la chance de faire des stages à la banque. À travers ces expériences, j’ai vite compris que ce n’était pas un endroit approprié pour moi. C’est là que j’ai réellement compris que mon monde se trouve derrière les machines à coudre », explique la jeune dame qui rêvait devenir banquier.

Après ses expériences à la banque animées par le stress et anxiété, Ba Dicko, échafaude au plus vite son projet d’embrasser le monde de la mode. Un univers qui lui passionne depuis l’enfance, c’est pourquoi elle débute des formations pratiques en 2020.

« Il voulait me voir travailler dans la banque »

« En 2020, je commence ma première formation de couture au niveau du Centre d’orientation professionnelle de coupe et de couture de Bamako. Ce qui a donné la voie à la création de ma petite entreprise de couture, Badi Style en 2021 », dit-elle.

Elle est certifiée en entrepreneuriat et leadership féminins à travers Women smart academie. Elle est également membre de YALI (Young African Leaders Initiative) où elle faisait le programme BE (Business and entrepreneurship).

À travers son atelier de couture, elle ambitionne aujourd’hui de faire la valorisation des tissus locaux du Mali, voire de toute l’Afrique. « J’essaie à travers mes créations de faire adapter nos tissus bogolan et autres aux styles modernes. C’est une manière pour moi de faire un métissage de ce qui est d’ailleurs à nos produits locaux. Je fais des modèles homme et femmes, même pour les enfants », martèle-t-elle.  

Issu d’une famille modeste, son papa lui vouait un autre parcours qui n’était pas celui derrière les machines. « Il voulait me voir travailler dans la banque, une vie dans l’administration », a-t-elle expliqué.

Dans un pays patriarcal, le rêve d’une jeune dame, dans ce large marigot, de gérer une entreprise est marqué par des épreuves. Et Ba Dicko n’en fait pas exception.

Jeune dame aux multiples casquettes

« La sous-estimation, le fait d’être une femme qui manage les hommes, est une difficulté psychologique de chez nous. Aussi on essaie toujours de te rendre inférieur. Pour être une femme entrepreneure comme à mon âge, ça demande la force et d’avoir un esprit tenace », précise-t-elle.

De toutes les manières, elle reste convaincue qu’« être entrepreneur c’est passionnant et stressant à la fois. Nous sommes confrontés à des soucis financiers, d’accompagnement. On est dans un pays où l’entrepreneuriat n’est pas du tout financé, mais on vit avec. »  

Derrière la machine à coudre et les gros ciseaux, Ba Dicko a plusieurs casquettes. Elle est assistante de direction dans une agence de formation et d’immobilier. Sur le plan associatif, elle est membre de plusieurs organisations de jeunes, dont la Jeune Chambre internationale universitaire Bamako Espoir, où elle est Secrétaire générale. Chargée de Communication du Bureau national des Alumins YALI et Chargée de communication de l’Initiative pour le Développement communautaire.

Mohamed Camara

Mohamed Camara
Mohamed Camarahttps://saheltribune.com
Mohamed Camara est détenteur d’une licence en lettres modernes, décrochée en 2019 à la Faculté des lettres, des langues et des sciences du langage (FSL), Université des lettres et des sciences humaines de Bamako (ULSHB). Il évolue dans la presse, son métier de prédilection, depuis 2018. En 2021, il est certifié journaliste culturel suite à une formation de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ). Il a travaillé pour plusieurs journaux dont le projet Kéniéba Média dont il était le coordinateur, et lemalien.com. Il travaille actuellement pour Reflet d’Afrique (Journal hebdomadaire local de Bamako, depuis 2020) et Sahel Tribune (mai 2022). Mohamed Camara aime la lecture, la musique et les échanges interindividuels afin de mieux affiner ses connaissances.

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