Étouffé par le blocus des groupes armés qui ciblent les camions-citernes et paralysent l’approvisionnement en carburant, le Mali traverse l’une des crises économiques les plus éprouvantes de son histoire récente. Pourtant, au cœur de cette épreuve, une leçon de Charles Darwin résonne : celle de l’adaptation. Comme les espèces confrontées à des bouleversements brutaux, les nations aussi doivent évoluer pour survivre. Dans cette période de pénurie et d’incertitude, le peuple malien doit apprendre à transformer la contrainte en moteur, la crise en mutation. La douleur du présent n’est souvent que le prix de l’évolution vers un avenir plus fort.
Face au blocus des camions-citernes et à la pénurie d’essence orchestrée par les groupes armés avec le soutien des partisans du chaos contrôlé, l’on tente d’asphyxier le Mali, en s’attaquant à son économie. Un complot qui intervient à un moment où l’économie malienne amorçait une croissance exponentielle « de l’ordre de 6% en 2025 contre un déficit budgétaire de -2,7% attendu ».
Mais dans cette épreuve, une leçon s’impose : celle de Charles Darwin. Car dans la nature comme dans l’histoire des peuples, ce ne sont ni les plus forts ni les plus riches qui survivent, mais les plus capables d’adaptation. Cela est d’autant plus clair que « Depuis 2020, notre [le Mali] économie fait preuve d’une grande capacité d’adaptation et de résilience malgré les contraintes sécuritaires et géopolitiques. », avait déclaré le président de la transition, le général d’armée Assimi Goïta, dans son adresse à la nation, à l’occasion du 22 septembre 2025.
La théorie de la survie appliquée au Sahel
Le Mali traverse aujourd’hui une crise d’une intensité rare, où le carburant est devenu symbole de survie. Les files interminables devant les stations-service, les moteurs à l’arrêt, les chauffeurs dormant dans leurs camions, les familles piégées dans la chaleur des villes paralysées — tout cela compose l’image d’un pays que l’on tente de mettre à genoux par l’arme la plus moderne du terrorisme et de ses sponsors étatiques étrangers : l’asphyxie économique.
En agissant, les acteurs pensent faire du mal aux autorités de la transition, en s’en prenant au peuple, qu’ils prétendent défendre contre le pouvoir en place, alors qu’en réalité ils visent que leurs intérêts géostratégiques au Mali, notamment la dilapidation des ressources du Mali. A ce niveau, il est important de rappeler des faits.
Le Mali, troisième producteur d’or d’Afrique, a engagé depuis 2023 une réforme ambitieuse de son Code minier pour reprendre le contrôle de ses ressources naturelles et accroître les retombées économiques nationales. Portée par la volonté du gouvernement de transition de faire en sorte que « l’or brille pour les Maliens », cette réforme a relevé la part de l’État dans les projets miniers à 35 %, instauré des obligations de transformation locale et mis fin à de nombreuses exonérations fiscales.
Une loi complémentaire sur le contenu local impose en outre aux compagnies étrangères de privilégier les fournisseurs, les employés et les capitaux maliens. Si ces mesures visent une souveraineté économique accrue, elles ont provoqué de fortes tensions avec les multinationales, notamment Barrick Gold, accusée d’arriérés fiscaux et de blanchiment. Ce qui a aboutit à des saisies d’or et à des suspensions d’activités. Grâce à ces réformes, les recettes minières sont en hausse. C’est aussi cette réussite du pays sans l’appui des partenaires sanguinaires, qui se nourrissaient du sang du pays tels des sangsues, qui a créé des jaloux parmi eux. Du coup, ils ont finit par s’allier au diable pour tenter d’annihiler tous les efforts du pays.
Darwin, la science de la patience
Dans cette tentative de suffocation, une vérité darwinienne s’impose : la vie ne disparaît jamais, elle s’adapte. Comme les espèces confrontées à un changement brutal de leur environnement, les Maliens, eux aussi, doivent apprendre à évoluer, à inventer, à survivre différemment.
Darwin ne parlait pas de la guerre, encore moins des ruptures d’approvisionnement. Il observait la lenteur des mutations, les transitions forcées, les adaptations douloureuses mais nécessaires. Ses travaux sur l’évolution enseignent une loi universelle : tout organisme doit endurer une phase de déséquilibre avant de retrouver la stabilité.
Ce que vit aujourd’hui le Mali s’inscrit dans cette dynamique. Après des décennies de dépendance énergétique, le blocus actuel révèle les failles d’un modèle économique basé sur l’importation. Il oblige le pays à chercher d’autres voies, d’autres sources d’énergie, d’autres équilibres. Ce moment de crise n’est pas la fin, c’est la mutation, c’est la preuve de la marche inébranlable du Mali vers sa pleine et entière souveraineté. « La voie que nous avons empruntée sera certes semé d’embûches. Mais c’est un chemin de non-retour. », rassure généralement le président Goïta dans ses discours.
L’épreuve comme étape vitale
Les groupes armés ont voulu étouffer un État en refondation. Mais, sans le savoir, ils accélèrent sa transformation. Dans les capitales sahéliennes, on redécouvre les transports collectifs, on repense la mobilité, on parle enfin de solaire, de biocarburants, de circuits locaux. Comme dans la nature, la contrainte devient le moteur de l’évolution. Le désespoir, s’il est maîtrisé, devient une énergie nouvelle.
Car Darwin, au fond, n’enseignait pas le fatalisme, mais la résistance par la plasticité. Celle par laquelle des êtres et des nations sont capables de se réinventer sous la pression du réel.
Chaque être, chaque peuple traverse sa phase d’étouffement, ce moment où tout semble se refermer. Mais l’histoire montre que ces crises sont les matrices du renouveau. Le Mali, par son courage et sa mémoire, saura faire de cette pénurie non pas une impasse, mais une transition — de la dépendance à l’autonomie, du désordre à la refondation.
Darwin aurait reconnu dans cette épreuve le plus beau des laboratoires : celui où l’homme, confronté à l’adversité, découvre qu’il n’est pas condamné à subir, mais à évoluer en s’adaptant aux vicissitudes de la vie.
L’évolution, disait Darwin, n’est pas un choix, mais une nécessité. Le Mali n’échappe pas à cette loi naturelle. Il doit transformer la douleur en intelligence, la crise en opportunité, la pénurie en innovation.
Entre la survie et le renoncement, le pays choisira la première. Et dans ce combat silencieux, il prouvera au monde que la véritable force d’un peuple ne réside pas dans l’abondance, mais dans sa capacité à renaître de la contrainte.
Chiencoro Diarra
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