Dans cet article, Mikailou Cissé, professeur de philosophie d’enseignement secondaire au Mali, s’exprime sur la pratique démocratique dans le pays depuis le coup d’État du 18 août 2020.
L’équation Mali n’arrive pas encore à être résolue par les acteurs impliqués aux côtés des autorités maliennes de la transition. Bamako et ses partenaires traditionnels ont une vision différente sur les voies et moyens pour sortir de la crise dans laquelle le pays est tombé depuis le 18 août 2020. Les tiraillements continuent quant au délai à accorder pour poser les jalons du « Mali Koura », à l’image de l’aspiration du peuple malien.
Acte fondamental de la transition non respecté
La difficulté à trouver un accord avec la Cédéao autour d’un calendrier raisonnable de retour à l’ordre constitutionnel a conduit à tous les problèmes auxquels les citoyens maliens sont confrontés de nos jours. Le pouvoir militaire en place au Mali justifie pourtant les calendriers de cinq à quatre ans, qui n’ont pas été acceptés, comme l’émanation de la volonté générale du peuple malien.
Les conclusions des Assises nationales de la refondation, qui ont décidé le maintien du pouvoir militaire pendant 6 mois jusqu’à cinq ans, ne respectaient pas l’Acte fondamental de la transition, qui a été plus tard taillé sur mesure et accommodé à la nouvelle donne. Cela ne montre-t-il pas que l’application des principes de la démocratie — inspirée en grande partie du modèle français — souffre désormais dans ce pays d’Afrique de l’ouest ?
Le peuple raffermi dans sa position ?
Cette désobéissance à la parole donnée rend difficile le rapprochement des positions autour de l’équation Mali. Les organisations sous-régionales ainsi que des pays de la communauté internationale ont branlé des armes dissuasives de répression afin de contraindre les autorités maliennes à ne pas durer au pouvoir.
Ces sanctions révèlent pourtant un paradoxe dans l’acception de la démocratie : régime dans lequel le peuple est celui qui décide de la marche à suivre par les autorités en charge de veiller sur leur bien-être. Seulement, cette acception de la démocratie semble aujourd’hui différente de la perception des interlocuteurs du Mali, dans la résolution de la crise dans ce pays.
Une leçon assez démocratique ?
Cette situation livre pourtant une leçon assez démocratique. Elle montre l’obligation de respecter ses engagements et l’inconvénient de désapprouver certaines décisions. Le risque est de se retrouver comme un paria. Cette situation au Mali souligne également la possibilité de manipulation de cette volonté générale du peuple, fondement de la démocratie.
Toutefois, à la surprise générale, les mesures adoptées par les décideurs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) contre les autorités maliennes de la transition ont raffermi l’état d’esprit du peuple malien et sa foi en ses autorités.
Mikailou Cissé
Les opinions exprimées dans cet article ne sont pas forcément celles de Sahel Tribune.
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.