La réélection de Mohamed Ould Ghazouani dès le premier tour de l’élection présidentielle, le 30 juin dernier, a suscité une vague de contestation en Mauritanie. Alors que l’opposition crie à la fraude, des émeutes ont éclaté, entraînant la mort de trois personnes. Retour sur une élection controversée, marquée par des tensions politiques et une répression qui ne faiblit pas.
Ah, la Mauritanie. Encore une élection, encore une controverse. Le président sortant, Mohamed Ould Ghazouani, a été réélu le 30 juin dès le premier tour, et comme prévu, l’opposition dénonce une « mascarade électorale ». Il semblerait que les élections dans ce pays soient plus une pièce de théâtre qu’un véritable exercice démocratique.
Enquête transparente et approfondie
Trois personnes sont mortes dans le sud de la Mauritanie après avoir été arrêtées suite à des émeutes. « Émeutiers », les appelle le gouvernement, dans un contexte de contestation post-électorale. Les scènes de chaos se sont déroulées à Kaédi, dans la vallée du fleuve Sénégal. Le ministère de l’Intérieur explique que des actes de pillage et de vandalisme ont conduit les forces de sécurité à affronter ces « émeutiers » et à en interpeler plusieurs. Deux d’entre eux sont décédés en détention, et le troisième à l’hôpital.
L’absence de précisions sur les circonstances de ces décès laisse un goût amer. Le ministère de l’Intérieur s’est contenté de dire que les « émeutiers » avaient été placés en détention en raison de « l’heure tardive et du nombre élevé de manifestants ». Ah, les euphémismes bureaucratiques.
Deux membres des forces de sécurité ont également été gravement blessés, l’un d’eux étant admis en soins intensifs. Le ministère promet une « enquête transparente et approfondie ». Mais soyons honnêtes, combien de fois avons-nous entendu cette promesse sans que la transparence ou l’approfondissement ne soient au rendez-vous ?
Les résultats finaux attendus
Cette agitation survient après l’annonce des résultats finaux provisoires, donnant à M. Ghazouani une large victoire dès le premier tour. Le candidat Biram Dah Abeid, donné deuxième, a présenté ses condoléances aux victimes et crié à la fraude électorale, affirmant que la commission électorale est à la solde du pouvoir. « Nous refusons toujours cette mascarade électorale », a-t-il déclaré, appelant les Mauritaniens à « rester debout » et à « manifester pacifiquement ».
Les lendemains de scrutin en Mauritanie sont souvent tumultueux. Des dizaines de personnes ont été arrêtées à la suite de troubles à Nouakchott et à Nouadhibou, avec une coupure d’Internet mobile qui est devenue une habitude mondiale pour les gouvernements cherchant à étouffer les protestations.
Les résultats finaux doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel, mais qui peut douter de l’issue ? Si les résultats sont confirmés, Mohamed Ould Ghazouani, militaire de carrière, continuera de diriger ce vaste pays désertique, un espace de stabilité dans un Sahel troublé par le djihadisme.
Des ombres de justice et des échos de liberté
Il est ironique que la Mauritanie, qui n’a pas connu d’attaque djihadiste depuis 2011, continue de lutter contre les démons de la fraude électorale et de la répression politique. Les élections de 2019 avaient déjà été marquées par des heurts et des arrestations. Cette année ne fait pas exception.
En fin de compte, que reste-t-il de ces élections ? Un pays divisé, des familles en deuil, et une population qui se demande quand viendra le véritable changement. Les promesses d’enquêtes et les appels au dialogue semblent creux face à une réalité où la violence et la répression sont la norme. La Mauritanie mérite mieux que cela. Elle mérite une véritable démocratie, où chaque voix compte et où chaque vote est respecté. Mais pour l’instant, nous ne voyons que des ombres de justice et des échos de liberté.
Oumarou Fomba
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