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Mali : retour sur la cinquième audience publique de la CVJR

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Au Mali, la cinquième audience publique de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) s’est tenue le samedi 11 juin, au Centre International de Conférences de Bamako (CICB).

Cette cérémonie d’ouverture, dont le thème retenu est  « Femmes victimes de violences sexuelles et enfants victimes de conflits », a été présidée par le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, en présence de plusieurs membres du gouvernement. Il s’agit de donner la parole à ces couches (femmes et enfants), considérées comme les plus touchées pendant les conflits, de partager leur douleur avec l’opinion publique malienne.

Essentiellement consacrée aux témoignages des victimes, la 5e audience a permis de saisir douze victimes, dont dix femmes victimes de violences sexuelles et deux enfants victimes en lien avec une période de conflits (garçons de 20 ans et 12 ans).

En effet, les audiences publiques visent entre autres à rendre aux victimes leur dignité et faciliter à tourner cette page sombre. Car, au cours de ces audiences, les victimes reconnaissent publiquement ce qui leur est arrivé. Il s’agit également de promouvoir la reconnaissance nationale des victimes et l’intégration de leurs récits à la mémoire et à l’histoire nationales.

Aussi, faut-il noter, à travers cette 5e audience publique de la CVJR, l’espoir est permis pour qu’on puisse tourner ces pages sombres. Selon Choguel Kokalla Maiga, cité par le quotidien national Essor, « reconstruire la paix à travers la cohabitation communautaire et réconciliation nationale est une priorité vitale pour la survie de notre nation à laquelle l’ensemble des forces vives, en particulier les femmes et les jeunes doivent s’engager résolument ».

28 600 dépositions reçues

Cependant, rappelle Ousmane Oumarou Sidibé, président de la CVJR, « la violence sexuelle basée sur le genre est un élément central du vécu des femmes et des enfants ». C’est ainsi qu’ « au Mali, comme ailleurs, le viol est utilisé comme une arme de guerre et les femmes et les filles sont systématiquement visées », a-t-il rappelé. Selon les précisions de M. Sidibé, les témoignages restent qu’un petit échantillon de plus de 28 600 dépositions reçues par sa structure, dont la moitié constitue des femmes et un nombre important des enfants.

Selon Mme Baby Lala Maiga, représentante des associations des victimes, de 2012 à aujourd’hui, plusieurs victimes ont vu leurs vies basculées du jour au lendemain. Il s’agit notamment de celles ayant subi les violences basées sur le genre, qui ont « perdu non seulement la confiance en elles, mais continuent à subir des stigmatisations et surtout l’impact de ces drames sur les enfants ». À en croire Mme Maiga, « la blessure visible est plus facile à cicatriser que celle invisible, surtout si celle-ci se trouve sur le cœur ».

Toutefois, Mme Maiga demande aux survivants et survivantes d’aller au plus profond de leur âme. Cela, pour dépasser cette étape « si dure, si douloureuse qui a fait que beaucoup de nos enfants ont fait des choix amers en participant aux combats pour le plaisir inavoué et irresponsable de certains adultes ».

Pour rappel, la CVJR [Commission-Vérité-Justice-Réconciliation] a été initialement créée en 2014 « pour contribuer à instaurer la paix ».

Bakary Fomba

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