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Mali : les réseaux sociaux, plateformes de rancune et de violence ?

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L’émergence des réseaux sociaux a ouvert une crinière d’opportunités à la jeunesse malienne. Il a favorisé l’apparition de nouveaux acteurs de l’information et de la communication. Une situation qui a tendance à transformer ces réseaux en plateforme de règlement de compte.

« Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui avant, ne parlaient qu’au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel », affirmait l’écrivain italien Umberto Eco. L’octroi de ce droit à la parole « à n’importe qui » n’est pourtant pas sans conséquence pour la stabilité sociale du Mali, notamment. Car ne dit-on pas que la parole est une arme redoutable qu’il ne convient pas de mettre à la disposition de tout le monde. On assiste aujourd’hui, sur ces plateformes de réseaux sociaux, à l’émergence de nouveaux spécialistes dans tous les domaines et sur toutes les questions.

Les réseaux sociaux se sont positionnés depuis quelques années comme de nouveaux canaux de communication et d’information grâce à l’émergence de nouveaux acteurs comme les Web activistes, les Web TV ainsi que les pages Facebook dédiées à la diffusion de l’information. Mais il convient de noter aussi qu’ils ont favorisé la recrudescence de la « haine en ligne » et par ricochet d’une culture de l’intolérance. Sur ces plateformes, la culture de la tolérance ne semble pas être une préoccupation majeure malgré que chacun se croit spécialiste.

La forte présence des hommes politiques sur ces plateformes de réseaux sociaux durant ces dernières années, après que les blogueurs et webactivistes aient été qualifiés de « drogués », a constitué le départ d’une nouvelle ère pour ces plateformes au Mali. C’est à travers cette présence massive d’hommes politiques que la libre expression de la pensée semble désormais mise dans les fers. Les partisans de différents bords ne daignent point à se lancer dans des attaques ciblées. La liberté de critiquer est quasiment devenue un mirage. Chacun se sentant plus dans le droit que l’autre, plus dans le vrai que son adversaire idéologique.  

Selon le chef des Nations Unies, « le discours de haine est en soi une attaque contre la tolérance, l’inclusion, la diversité et l’essence même de nos normes et principes relatifs aux droits de l’homme ». Pourtant, depuis plus d’une semaine, les événements autour des délestages électriques au Mali donnent lieu à une scène peu enviable sur ces plateformes, notamment Facebook, où des camps adverses se lancent des attaques virulentes, directement ou indirectement. Chacun pensant l’autre à la solde de son adversaire.

Les réseaux sociaux sont devenus un nouveau ring de règlement de compte où il n’y a plus de culture de la tolérance. Avec ces plateformes, le Mali chute doucement, mais sûrement dans « une société close », une société d’irrationalité. Une société dans laquelle le débat n’est plus possible sans qu’on ne te colle une étiquette. Cette situation ne présage point un véritable développement. Malgré les divergences de vues, l’objectivité doit primer sur la subjectivité, surtout lorsque c’est l’intérêt de la nation qui est en jeu.

Fousseni Togola

Source : Maliweb.net

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