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Mali : l’échiquier politique national face à une inévitable reconfiguration

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Alors qu’on ignore encore la fin de la transition malienne, l’échiquier politique national fait face à une inévitable reconfiguration. Analyse.

Depuis le coup d’État du 18 août 2020, qui a mis fin au régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), tout a l’air de changer sur la scène politique malienne, au point qu’une reconfiguration de l’échiquier politique national s’impose. Surtout avec la disparition de certaines figures majeures de la vie politique du pays, et la « déliquescence » de l’ancienne classe politique, qui ont du mal à répondre aux réelles attentes de nos populations.

Véritable problème de leadership

La disparition de l’ex-chef de file de l’opposition politique, Soumaïla Cissé, en décembre 2020 ; d’Ibrahim Boubacar Keïta en janvier 2022, et de Soumeylou Boubèye Maiga en mars dernier, a provoqué une inévitable reconfiguration de l’échiquier politique malien. Actuellement, on assiste à des déchirements internes au sein de l’Urd de Soumaila Cissé et du Rpm d’IBK, qui sont devenus des conflits ouverts après leur disparition. Cette situation s’explique par le fait qu’au Mali, les partis politiques sont généralement construits autour d’un seul individu ou d’un groupuscule. À la mort de celui-ci, qui était le principal financier du parti, un véritable problème de leadership s’y s’installe. Cela, parce qu’il n’avait pas préparé sa relève qui pourrait faire l’unanimité au sein du parti.

Au regard du climat politique actuel du pays, ces déchirements internes au sein de ces grandes formations politiques, risqueraient de porter un coup dur à leurs avenirs dans la sphère politique nationale dans la mesure où au-delà d’eux, existent autant d’autres partis-clés ou émergents qui se positionnent dans le contexte transitionnel. « Il y a une reconfiguration en cours. Au-delà même de la disparition de certaines grandes figures politiques, leurs partis étaient déjà arrivés en fin de course. C’est le cas de tous les partis du mouvement démocratique jusqu’à nos jours. Les conflits de succession dans certains d’entre eux les fragilisent juste davantage », explique à Sahel Tribune Boubacar Bocoum, analyste politique.

Continuité des rapports de force

À l’opposé de l’Urd, du Rpm ou de l’Asma-CFP où — depuis la disparition de leurs leaders principaux — sont animés de brouilles internes, l’Adp-Maliba, Rpdm, la Codem et Fare Anka Wuli restent stables. Selon des internautes avertis, cette stabilité au sein de ces grandes formations politiques reste un atout pour celles-ci lors des futures élections présidentielles.

En effet, les résultats de la dernière présidentielle ont fait d’Aliou Boubacar Diallo de l’Adp-Maliba, Cheick Modibo Diarra du Rpdm et Housseïni Amion Guindo de la Codem, des leaders politiques les mieux classés de la scène politique nationale. Cela, grâce à leurs positions respectives (3e, 4e et 5e) lors du premier tour de la présidentielle de 2018. Mais à ceux-ci s’ajoutent également plusieurs autres partis et groupements politiques, qui cherchent à avoir une bonne réputation aux yeux de l’opinion publique malienne avant les prochaines échéances électorales. C’est le cas par exemple du parti  Fare An Ka Wuli de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, candidat malheureux aux présidentielles de 2013 et 2018, membre du comité stratégique du M5-RFP.

Les rapports de force pourraient cependant continuellement évoluer jusqu’aux prochaines élections dont les dates ne sont toujours pas définies.

Nouvelle classe politique en gestation ?

Aujourd’hui, faut-il comprendre qu’au niveau de la classe politique malienne, il y a une « ancienne classe politique qui est en voie de disparition ». Ces partis, qui sont issus de la période de l’avènement de la démocratie, pour ne pas dire de l’Adema PASJ ou du mouvement démocratique, semblent avoir « montré leurs limites et qu’ils sont en quelque sorte en déliquescence, même s’il existe encore de grands cadres  à l’intérieur de ces partis », estime M. Bocoum.

Au regard d’un bilan mitigé pendant plus d’une trentaine d’années d’exercice démocratique, on se rend compte ainsi que ces partis ont de plus en plus du mal à mobiliser les populations. C’est ce qui fait penser à Boubacar Bocoum que ces partis sont « en train de mourir dans le cycle normal des choses ».

Aujourd’hui, il s’agit d’une nouvelle classe politique qui est en train d’émerger. Même si elle n’est pas totalement en place. Mais les esprits sont en train de migrer vers autre chose. Car après tant d’années d’exercice démocratique, force est de constater un manque criard de réel développement. Pendant cette longue période, on note surtout une absence totale de perspectives tangibles pour la jeunesse malienne qui constitue l’avenir du pays à moins qu’ils ne soient pas des jeunes inconscients ou « suiveurs ».

L’espoir est permis, dit-on. Les blocs peuvent évoluer vers des ensembles plus homogènes et solides afin de donner au paysage politique malien une nouvelle configuration propice au renforcement des formations politiques du pays.

Bakary Fomba

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