Malgré le désaccord avec la Cédéao sur la durée de la transition, les autorités maliennes se lancent dans la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation.
Devant les membres du Conseil national de transition (CNT), jeudi 21 avril 2022, le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga a déclaré que vingt-quatre (24) mois sont actés désormais comme durée de la transition par les autorités maliennes de la transition. Bien que se disant ouverts à poursuivre les discussions avec les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), les dirigeants maliens ouvrent la voie vers la refondation de l’État.
Création d’un comité indépendant
Le 20 avril dernier, le gouvernement malien a annoncé, à l’issue du conseil extraordinaire des ministres, le lancement du processus de mise en œuvre des conclusions des Assises nationales de la refondation (ANR). La mise en place du Comité indépendant de suivi-évaluation de la mise en œuvre des recommandations des ANR (CINSERE-ANR) a été annoncée dans le communiqué final du Conseil des ministres. Ce comité sera créé auprès du président de la transition, le colonel Assimi Goïta, chargé de désigner par décret ses membres pour cinq (5) ans renouvelables une seule fois.
La même source précise les missions de cet organe chargé « de mesurer et d’apprécier l’exécution et les progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation ». En son article 2, le décret du 20 avril du président de la transition portant création, organisation et fonctionnement de ce Comité, précise les autres missions de cet organe : collecter des informations, gérer les bases de données, suivre les indicateurs de résultat, produire et publier des rapports.
Le CINSERE-ANR produira quatre (4) catégories de rapports : des rapports semestriels résumant ses propres activités, un rapport annuel produit et publié au plus tard le 31 mars de l’année suivante et remis au chef de l’État. Il peut également fournir au président un rapport d’étape ou sur les circonstances particulières. Au terme de leur mandat, les membres du Comité devront remettre un rapport de fin de mission.
« Mise en œuvre des principaux axes de la refondation »
Ce décret indique également les critères de désignation des membres de ce Comité constitué de quinze (15) membres « désignés sur des critères de moralité, de probité, de compétences et d’expériences avérées dans des domaines spécifiques, en matière de Refondation de l’État », précise-t-on dans le communiqué du Conseil des ministres du mercredi dernier, qui ajoute qu’il est également doté « d’une équipe d’experts et de personnel d’appui ». Il faut avant tout être de nationalité malienne pour espérer figurer parmi les membres de ce comité indépendant.
Interpellé par les membres du CNT, jeudi 21 avril 2022, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a indiqué qu’à travers la mise en place de ce comité, les autorités transitoires sont « dans la phase de mise en œuvre des principaux axes de la refondation ».
Notons que le CINSERE-ANR n’est pas le seul point qui annonce la volonté des autorités maliennes de prendre leurs responsabilités en main. Le gouvernement a annoncé, mercredi 20 avril, la création d’une commission chargée de la mise en place d’un système intégré de « gestion de ressources humaines prenant en compte les données biométriques du RAVEC au profit des fonctions publiques de l’État et des collectivités territoriales ». Une recommandation des Assises nationales qui a pour objectif de « maîtriser les effectifs des fonctionnaires et agents publics et de rationaliser les dépenses publiques salariales ».
C’est donc parti pour une transition de 2 ans au Mali, après les premiers 18 mois écoulés. Cette prolongation est annoncée malgré une absence de consensus avec la Cédéao, après trois mois d’intenses discussions.
Chiencoro Diarra
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