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Mali : après plus de six mois, le bout du tunnel reste encore loin

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Plus de six mois après le départ de l’ex-président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), les Maliens peinent toujours à réaliser leur rêve du « Mali Koura ». Mikailou Cissé, professeur de philosophie au secondaire, estime que sans une certaine prise de conscience de la nouvelle génération, la réalisation de l’idéal de changement risque de n’être qu’un mirage.

L’État est absent sur une large étendue du pays. Les dirigeants semblent mépriser la volonté du peuple au sens propre du terme. Les forces de l’ordre et de défense sont dans l’impasse dans les zones où elles siègent, elles contrôlent difficilement le territoire. La population est de plus en plus privée de sa liberté. Tous les domaines et secteurs de la vie de la nation sont à l’agonie.

« Rien n’a changé »

Le changement que les Maliens espéraient de tout leur cœur, après le départ de l’ancien régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), est en passe d’être une illusion. La situation s’est détériorée plus qu’auparavant. Les textes et discours qui décrivent l’état de dégradation du Mali vont bon train. Qui aurait pu croire qu’après plus de six mois du départ d’IBK, le Mali allait se retrouver dans une telle situation ? À part les quelques hommes avertis dont recouvre encore le pays.

Rien n’a changé ni n’est en voie de l’être. Tout est pareil. Les actes et pratiques des dirigeants qui étaient décriés dans l’ancien régime sont toujours présents. Le Mali s’enfonce alors que les droits de l’homme semblent bafoués plus que jamais. Tous les opposants ou potentiels opposants au régime semblent être réduits au silence. La tergiversation des accusés dans l’affaire dite projet de déstabilisation du régime de la transition pourrait être une belle illustration de cet état de fait.

Le « Mali Koura est en train de se dissiper »

C’est la confusion totale. Aucun secteur, aucun domaine ne peut être indexé comme recouvrant un signe de changement depuis l’arrivée des nouvelles autorités à la tête de l’État.

Le regroupement d’association, de partis politiques et de centrales syndicales qui a contribué à la chute de l’ancien régime a éclaté comme un ballon plastique entre les mains d’un enfant. Le peuple n’est plus sensible à leur cri d’alarme. Ils sont traités de parias, de vendeurs d’illusion. L’imam de Badala semble devenir persona non grata. Il n’a plus la crédibilité qu’il détenait aux yeux des autorités et du peuple. Ses sorties ternissent davantage son image.

L’espoir qu’un nombre important du peuple avait pour l’avènement d’un Mali Koura est en train de se dissiper comme une contrebande de poudre de beauté s’anéantisse sur le visage d’une jeune dame dogon, venue directement du village, sous l’effet du soleil.

Pourtant les médias audibles font comme si le Mali a retrouvé un état normal. Les contenus qu’ils diffusent ne mentionnent que partiellement les difficultés réelles que le pays traverse. Tous donnent l’impression que le pays va bien, même très bien. Alors que l’insécurité s’étend de jour en jour. Le nombre de déplacés augmente davantage. Le nombre d’écoles fermées n’est plus estimable. Le nombre de postes et de circonscriptions victimes des attaques terroristes s’accroît de plus en plus. La récente attaque terroriste contre le convoi de la relève montante du poste de sécurité de Tissit dans la circonscription d’Ansongo en est une preuve.

L’acculturation est au rendez-vous

Les problèmes du Mali ne se limitent d’ailleurs pas à ces aspects que nous venons de mentionner. Les mœurs et les valeurs culturelles que les premiers Maliens brandissaient avec fierté sont refoulées dans l’inconscience collective. L’acculturation a atteint un niveau record. Les pratiques d’ailleurs sont devenues des modèles. L’intérêt personnel prend de plus en plus le pas sur l’intérêt collectif. La soif du pouvoir est ce qui se lit sur la quasi-totalité des visages.

Tous les politiques se positionnent en vue de ne pas être en marge du partage des postes de responsabilité. Les futures échéances électorales sont celles qui attirent toutes les attentions. Le parjure est ce à quoi s’adonnent les dirigeants et leurs partisans.   

Le combat des pères de l’indépendance sacrifié 

L’état actuel du pays est loin d’être l’idéal des Maliens. Les hommes que les pères de l’indépendance ont combattus pour que l’État voie le jour sont ceux qui bénéficient aujourd’hui du titre de « grand sauveur ».

Les forces de défense françaises que les pères de l’indépendance ont chassées avec fierté sont présentes au Mali pour le sécuriser, protéger ses institutions, protéger son peuple, assurer la défense de sa souveraineté. Les mots manquent pour décrire le regret que pourraient avoir ces acteurs de l’indépendance du Mali. Le chemin qu’ils ont tracé pour le Mali a été peu suivi. Le pays s’éloigne un peu plus chaque année de leur volonté de faire du Mali l’un des États les plus prospères au monde.

Nous l’avions déjà dit, nous ne cesserons jamais de le répéter, le Mali Koura dont aspire le peuple malien ne peut pas voir le jour avec ceux qui sont aux gouvernails. La nouvelle génération doit assumer ses responsabilités si elle aspire à un nouveau Mali. Sans quoi, il n’y a pas de signe qui augure de l’espoir.

 Mikaïlou Cissé


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