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Lutte contre le paludisme : un candidat-médicament bientôt en test au Mali et dans d’autres pays africains

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En vue d’éliminer rapidement l’infection paludéenne, y compris les souches résistantes et bloquer la transmission du parasite, des instituts de recherche se sont donné la main pour développer un candidat-médicament. Après la réussite de la deuxième phase clinique, ils s’apprêtent à engager la troisième phase, début 2023, au Mali et dans d’autres pays africains.  

En 2020, près de 241 millions de cas de paludisme ont été recensés dans le monde, avec 627 000 décès enregistrés, selon le dernier Rapport mondial sur le paludisme, publié en décembre 2021. Ce qui représente près de 14 millions de cas supplémentaires en 2020 par rapport à 2019, et 69 000 décès de plus. Selon l’institut Novartis, près des deux « tiers de ces décès supplémentaires (47 000) étaient liés à des perturbations dans la fourniture d’interventions de prévention, de diagnostic et de traitement du paludisme causées par la pandémie de Covid-19 ». 

Plus de six milliards FCFA sur cinq ans

L’écrasante majorité des cas et des décès surviennent en Afrique. Dans cette région, la résistance aux médicaments notamment à l’artémisinine est de plus en plus accrue. D’où l’urgence de faire recours à de nouveaux traitements. « La résistance au traitement représente la plus grande menace pour les progrès incroyables qui ont été réalisés dans la lutte contre le paludisme au cours des 20 dernières années. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre ; c’est pourquoi nous nous engageons à faire progresser la recherche et le développement de traitements de nouvelle génération », a déclaré Vas Narasimhan, PDG de l’Institut Novartis.

Pour ce faire, le Partenariat des pays européens et en développement sur les essais cliniques (EDCTP) a accordé un financement de 10 millions d’euros, soit plus de 6 milliards de FCFA, sur cinq ans en vue de soutenir les essais cliniques de stade avancé d’une combinaison antipaludique de nouvelle génération comprenant KAF156 (ganaplacide), peut-on lire dans ce communiqué, daté de 2019.

Le Mali, le Burkina Faso, le Gabon et le Niger ont été sélectionnés pour accueillir les essais cliniques, phase 3, de ce nouvel antipaludéen sans artémisinine, lit-on dans un communiqué de l’Agence africaine des médias (AMA), parvenu à Sahel Tribune.

En plus de ces quatre pays, d’autres pays d’Afrique subsaharienne pourraient être inclus dans l’avenir. Le nouvel antipaludéen (ganaplacide/ luméfantrine) est « une nouvelle association non artémisinine à large spectre d’activité qui a jusqu’à présent démontré sa sécurité et son efficacité chez les enfants et les adultes souffrant de paludisme aigu non compliqué », précise AMA.

Augmenter le nombre d’options disponibles

La deuxième phase de l’étude avait concerné 524 adultes et enfants atteints de paludisme aigu non compliqué. Cette troisième phase, plus large, permettra de mieux évaluer l’efficacité du traitement. « Si l’essai de phase 3 est concluant, cette nouvelle combinaison augmentera le nombre d’options disponibles pour les pays et contribuera à sauver la vie des enfants exposés à cette maladie dévastatrice », estime Dr Timothy Wells, conseiller scientifique principal, à Medicines for Malaria Venture(MMV).  

Le ganaplacide/luméfantrine est doté d’un nouveau mécanisme d’action, associé à une nouvelle formulation de luméfantrine optimisée pour une prise quotidienne unique. Selon les précisions du Dr Sujata Vaidyanathan, Chef de l’unité développement de la santé mondiale, à Novartis, « plus tôt nous disposons de nouveaux médicaments et plus vite le monde les adopte, plus nous avons de chances de vaincre la résistance. »

Des investigateurs du Burkina Faso, du Gabon, du Mali et du Niger sont impliqués dans l’exécution de cet essai, précise notre source au sein de l’Agence africaine des médias. Tous ces pays sont membres du consortium WANECAM2 (West African Network for clinical trials of antimalarial drugs, deuxième édition).

Cette nouvelle combinaison est le fruit d’une collaboration entre ce consortium, Medicines for Malaria Venture (MMV) et le Singapore Economic Development Board, avec l’Institut Novartis pour les maladies tropicales, l’Institut de génomique de la Fondation de recherche Novartis et l’Institut suisse de santé publique et tropicale Novartis, grâce au soutien de Wellcome Trust.  

« Besoin urgent de nouveaux médicaments antipaludéens »

Dr Bakary Fofana, investigateur d’études cliniques au centre de formation et de recherche sur le paludisme de Bougoula – Hameau, indiquait déjà en 2017 que « le paludisme est un problème de santé publique majeur au Mali – en particulier pour les enfants. Nous avons un besoin urgent de nouveaux médicaments antipaludéens ».

C’est pourquoi celui-ci se réjouissait de ce nouveau développement : « Étant donné qu’il s’agit d’une nouvelle molécule ayant le potentiel de traiter le paludisme, y compris les souches résistantes aux antipaludéens actuellement utilisés, nous sommes particulièrement motivés pour conduire l’étude clinique pour KAF156 sur notre site au Mali. »

Ce traitement a l’avantage non seulement d’éliminer l’infection palustre, mais aussi des souches résistantes à l’artémisinine, ainsi que de bloquer la transmission du parasite du paludisme.

Démarrage pour début 2023

Les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT), notamment l’artéméther-luméfantrine, ont toujours montré leur efficacité dans le traitement du paludisme. La première combinaison ACT à dose fixe a été introduite par Novartis en 1993. Depuis, plus d’un milliard de traitements antipaludiques ont été fournis. « En collaboration avec MMV, Novartis a mis au point une formulation dispersible au goût masqué de Coartem pour les enfants, qui a été utilisée pour traiter plus de 450 millions d’enfants, principalement en Afrique », a indiqué Novartis sur le site Capsud infos.

Cet essai de la troisième phase de développement du ganaplacide/luméfantrine débutera en 2023. Cette annonce fait suite à la publication récente de la toute première stratégie de l’OMS en matière de résistance aux antimicrobiens pour le paludisme, qui souligne le besoin urgent de nouvelles classes d’antipaludiques, « afin d’éviter un retour aux niveaux élevés de mortalité infantile observés dans les années 1990 ».

Fousseni Togola

Fousseni TOGOLA
Fousseni TOGOLAhttps://saheltribune.com
Né à Fana, dans la région de Dioïla, Fousseni TOGOLA est professeur de philosophie de formation, journaliste-blogueur et écrivain. Après un Master obtenu à l’Ecole normale supérieure (ENSUP) de Bamako sur la théorie de la « falsifiabilité » de Karl Popper, il se tourne vers l’écriture, à travers le blogging et ensuite le journalisme. D’abord membre de la Communauté des blogueurs du Mali (DONIBLOG), ensuite contributeur à Benbere, plateforme des blogueurs maliens. Il est également membre du Réseau des journalistes africains spécialisé sur le développement durable et le changement climatique (Africa 21). M. TOGOLA servira ensuite au quotidien malien Le Pays comme rédacteur en chef adjoint et éditeur. Il a également servi, comme pigiste, au premier site d’informations au Mali, Maliweb. Fousseni est aujourd’hui fondateur du site indépendant d’informations, d’analyses et d’enquêtes saheltribune.com. En 2020, il a été nominé au prix Mali Média Award (MAMA). La même année, il est lauréat du « Prix de Reconnaissance des Médias « Restez à la Maison », de la fondation Merck, dans la catégorie presse en ligne au Mali. Comme centre d’intérêt, M. TOGOLA s’intéresse au sujet touchant le climat, l’environnement et la biodiversité. Il a un intérêt assez particulier pour les questions sécuritaires et éducatives au sahel. Ouvrages publiés Féminitude, Innov Editions, 2018 (Essai) La société close et ses militants, 2019 (Essai politique) L’homme sirène, Prostyle Editions, 2020 (Fiction) Bintou, une fille singulière, 2020 (Roman philosophique)

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