La pandémie de covid-19 a touché tous les secteurs. Même les patrimoines culturels ne sont pas épargnés avec les mesures préventives exigeant la diminution du nombre de personnes mort des rassemblements. Au Mali, le musée national traverse une période noire de son existence en raison de ces mesures.
Aucun bruit, sauf celui des oiseaux ; aucune trace humaine, en dehors de quelques personnels administratifs ; au musée national du Mali règne un silence de mort. Cet endroit hautement fréquenté jadis à travers les conférences, les expositions artistiques et culturelles, les cocktails, les cérémonies de mariage, voire les visites d’art, etc., a perdu toute cette ambiance d’antan. Le musée national subit les effets de la pandémie du covid-19.
Des millions de pertes
Nous rencontrons Ahmed, agent chargé des réservations au musée national du Mali, en compagnie de quelques-uns de ses collègues, sous l’ombre d’un grand manguier en ce mois de carême. « Vous-mêmes vous voyez. Nous avons même abandonné nos bureaux pour nous retrouver sous ce manguier parce qu’il n’y a pas de travail. Regardez autour de vous, c’est le vide », confie-t-il en nous accueillant.
Sans détour, il nous fait état des impacts de cette maladie sur cet endroit culturel. D’habitude, en mars, avril, mai, juin, grâce aux réservations, le musée pouvait encaisser plus de 10 millions de FCFA, indique-t-il. Mais cette année, toutes les réservations durant les mêmes périodes, excepté pour le moment le mois de juin, ont été annulées suite aux mesures préventives prises par le gouvernement malien.
Ces annulations « constituent un coup dur pour nous », précise-t-il avant de déplorer les énormes pertes que cela engendre. Des pertes qui risquent de compromettre le bon fonctionnement de l’endroit si rien n’est fait après le covid-19.
Du personnel libéré
En effet, selon Sékou Traoré, régisseur au musée national, le manque de recouvrement de recettes sera compliqué pour le personnel contractuel que le musée emploie. Devant son écran ordinateur, M Traoré indique que ces contractuels risquent d’être libérés parce qu’il n’y a plus de travail. Ce qui pourrait entrainer le recrutement de nouveaux contractuels après la covid-19. Car une fois libérés, la plupart de ces anciens travailleurs se trouveront rapidement une autre occupation pour vivre, craint-il.
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Dans la salle de spectacle aussi bien que dans la salle d’exposition voire dans la cour du musée national, le constat est le même : le manque d’affluence, l’absence humaine. Plus de visiteurs même si la boutique est restée ouverte. Un silence de mort règne sur le lieu.
Le musée national, un endroit éducatif
Pour Daouda Kéita, directeur général du musée national, cette maladie constitue un véritable coup pour sa structure culturelle. Les pertes engendrées, selon lui, ne sont pas à estimer uniquement sur le volet économique. Mais également éducative. Car le musée est un endroit de « diffusion, de vulgarisation, de promotion du patrimoine culturel ».
Dans une voie laissant entrevoir le désespoir, M. Kéita estime que cette situation touche le musée plus durement. À ses dires, elle risque de compromettre tous les efforts que lui et son équipe avaient fournis pour sensibiliser les Maliens à s’intéresser davantage à leur patrimoine.
Toutefois, les autorités maliennes ont été alertées de la situation que traverse cet endroit assez symbolique. Mais jusque-là, leur réaction n’est pas encore perceptible.
Le site du monument du flanc de la paix aussi confronté
Notons que le musée national n’est pas le seul patrimoine touché par cette pandémie. Le site du monument du flanc de la paix à Tombouctou traverse la même situation. Selon le directeur du festival du Vivre ensemble de Tombouctou, ce site est confronté à la non-fréquentation en raison des mesures préventives contre le covid-19. Tous les événements qui devraient s’y tenir ont été annulés.
Il finit par lancer un appel aux autorités pour qu’elles viennent en aide aux acteurs culturels en cette période difficile. À l’en croire, la situation à Tombouctou est assez particulière par le fait que cette ville se relève de la crise de 2012-2013.
Rappelons que cette crise à laquelle les patrimoines culturels sont confrontés est quasiment le même partout dans le monde. Le 22 avril dernier, à la demande de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), les ministres de la culture de différents pays ont tenu une réunion par visioconférence. Le but était d’évaluer l’impact sanitaire de cette maladie sur le secteur de la culture. Plus de 130 ministres de la Culture y ont participé et ont témoigné des impacts de cette pandémie sur la culture. A l’occasion, la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay a laissé entendre que que « nous avons besoin de la culture, donc nous devons l’aider à faire face à ce choc. Nous devons évaluer l’impact de la crise, lancer une réflexion conjointe et des initiatives coordonnées. »
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