Home A la Une La grande abstention : quand des partis politiques maliens s’éclipsent de l’histoire

La grande abstention : quand des partis politiques maliens s’éclipsent de l’histoire

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Au moment où le Mali s’évertue à réécrire son histoire par le biais du Dialogue inter-Maliens, certaines formations politiques choisissent l’abstention. Quelle tragique ironie ! Ce Dialogue, fervemment voulu par le peuple malien, incarne un espoir collectif, une aspiration à rebâtir et à unifier. Pourtant, en se détournant, ces partis politiques ne ratent pas seulement une occasion de participer à la reconstruction nationale ; ils négligent un appel profond à l’unité et à la paix.

Au cœur de la refondation du Mali, le Dialogue inter-Maliens se dresse comme un pilier de la paix et de la réconciliation nationale. Pourtant, en choisissant de s’abstenir de ce processus, certains partis politiques semblent ignorer les appels du peuple malien, désireux de façonner un avenir meilleur. Cette abstention, qualifiée par les partis politiques de la Déclaration du 31 mars, coalition qui rassemble la quasi-totalité des formations maliennes, toutes tendances confondues, de réaction face à une « mascarade de dialogue » et une « vaste duperie politique », met en lumière un clivage profond au sein de la sphère politique malienne.

Les « aspirations profondes des Maliens »

Selon ces partis, dans un communiqué diffusé le 12 mai, le Dialogue inter-Maliens n’est rien de moins qu’un « piège », un « traquenard » destiné à perpétuer un pouvoir qui « s’éternise ». Ils critiquent une initiative qui, loin de chercher à résoudre les crises profondes du Mali, servirait uniquement à consolider les positions de l’actuelle administration. Cette méfiance est cristallisée dans leur déclaration qui dénonce une « proposition de nouvelle prolongation de deux à cinq ans » de la transition, voyant cela comme la preuve que les autorités en place sont « déterminées à prendre en otage le Mali et les Maliens ».

Ces accusations sont lourdes et expriment un scepticisme profond. Mais en se tenant à l’écart, ces partis manquent une occasion cruciale de contribuer activement à la réécriture de l’histoire du Mali. Le Dialogue inter-Maliens, pour ses participants, est perçu non pas comme un piège, mais comme un espace d’expression démocratique où les « aspirations profondes des Maliens » sont enfin écoutées et prises en compte. C’est un forum où les citoyens, loin des manipulations politiques alléguées, peuvent exprimer librement leurs désirs pour une paix durable et une réconciliation effective.

Ce que ces partis politiques semblent oublier est que la prolongation de la transition, la candidature envisagée du Colonel Goïta, la révision de la charte de la transition, et la promotion des six colonels (Assimi Goïta, Malick Diaw, Sadio Camara, Modibo Koné, Ismaël Wagué et Abdoulaye Maïga) au grade de général ne sont pas des mesures arbitraires, mais des décisions pensées dans un contexte de crise, visant à préserver la stabilité tout en ouvrant la voie à des réformes substantielles. Cela pourrait bien être perçu comme un moyen de consolider le pouvoir, mais à travers les yeux de nombreux Maliens, c’est un mal nécessaire pour éviter un chaos plus grand.

Ces partis tournent le dos à leur propre peuple

L’abstention de ces partis politiques soulève une question cruciale : peuvent-ils vraiment prétendre représenter le peuple s’ils refusent de participer à un dialogue qui cherche à englober toutes les facettes de la société malienne ? En choisissant de se retirer, ils laissent les mains libres aux autres forces politiques et sociales de façonner l’avenir sans leur input, renonçant ainsi à influencer des décisions qui affecteront chaque Malien.

En effet, le Dialogue a proposé des solutions allant au-delà des simples prolongations de pouvoir. Il a mis l’accent sur « la restauration de la paix, la cohésion sociale et la réconciliation nationale », sur la construction d’une « architecture de paix durable » basée sur les valeurs et les mécanismes endogènes du Mali. Il s’agit là d’objectifs nobles, qui méritent d’être poursuivis avec tous les acteurs de la société.

Les partis abstentionnistes, en se détournant, ne se privent pas seulement d’une chance de dialogue, mais aussi d’agir comme des gardiens de la volonté populaire. Ils donnent l’impression de préférer la confrontation à la collaboration, le conflit à la conciliation. Pourtant, l’histoire retiendra ceux qui ont choisi de construire, pas ceux qui ont opté pour le silence.

« Quand le Mali parle, la paix écoute », comme nous avons titré notre éditorial de ce lundi – cette phrase devrait résonner comme un appel à tous les acteurs politiques du Mali, les incitant à rejoindre ce processus essentiel. Le Dialogue inter-Maliens n’est pas seulement un évènement politique ; c’est une démarche vers la paix, incarnant l’espoir et les aspirations d’un peuple entier. En s’y soustrayant, ces partis ne ratent pas seulement une occasion de participer à la réécriture de l’histoire malienne ; ils tournent le dos à leur propre peuple, qui demande des solutions et non des divergences.

Oumarou Fomba 

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