En vue de promouvoir le droit international humanitaire (DIH), le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr), en partenariat avec la Croix-Rouge malienne (CRM), a initié un atelier de renforcement de capacités d’une vingtaine de journalistes reporters (presse écrite, presse en ligne, Bloggeurs). Cette session de formation s’est tenue du 08 au 10 novembre 2022, à l’hôtel Millenium de Bamako.
« Outiller les spécialistes des médias sur le Droit international humanitaire ou droit de la guerre et sur le reportage en période de conflit et autres situations de violence pour un meilleur traitement de l’information en relation avec le conflit », tels sont les principaux objectifs de cette formation initiée par le Cicr et la Crm.
Durant 3 jours, les échanges ont porté sur le rôle des médias dans les situations de crises et d’urgence humanitaire ; les risques liés à la profession de correspondant en situation de guerre. Tous ceux-ci pour une meilleure compréhension du conflit et mieux communiquer.
Des médias suspendus
Cette formation a été une occasion pour les représentants des faitières de la presse malienne de s’exprimer sur le bien-fondé de cette rencontre. Le coordinateur de Benbere, Abdoulaye Guindo, a rappelé la situation actuelle du pays, touché par une multitude de crises depuis plus de deux décennies. Une situation qui rend difficile le reportage pour les journalistes. En 2022, deux médias français ont été suspendus de diffusion au Mali. Un journaliste du magazine Jeune Afrique a été empêché de mener des enquêtes. Le cas le plus récent est celui de la suspension de Joliba TV. Pour l’année 2022, le Mali a perdu son rang de 99e sur 180 pays dans le classement annuel de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières (RSF). Il s’est classé 111e sur 180 pays évalués.
Conscient du travail colossal du CICR et de la CRM dans la protection des populations victimes des effets néfastes des violences et du changement climatique, le coordinateur de la plateforme Benbere a invité les participants à profiter de cette opportunité pour « se familiariser avec les notions de DIH et par la même occasion, se former sur les techniques de reportages en milieu de conflit. »
Modibo Fofana, le président de l’Association des professionnels de la Presse en Ligne au Mali (APPEL Mali), a précisé que la surabondance informationnelle des médias sociaux causée par l’essor fulgurant du numérique, conduit parfois des hommes de médias à tomber dans le piège de la désinformation, des infox, pouvant aboutir à l’aggravation d’une situation de crise. Pour y remédier, le patron de Appel Mali a invité les journalistes « à plus de rigueur et de professionnalisme dans le traitement des questions sensibles surtout celles liées à des situations humanitaires. »
Rôle de médiateur
Selon le représentant de la maison de la presse, Mahamadou Talata Maiga, la crise multidimensionnelle que connait le Mali depuis 2012, interpelle toute la profession à jouer son rôle d’informateur dans le respect du Code déontologique. « En temps normal nous informons, nous divertissons, mais en temps de confit, nous avons le rôle de médiateur (…) Cette situation requière de nous d’être la solution et non le problème », avance-t-il tout en louant les efforts du Cicr à aider les professionnels des médias à prendre connaissance avec le DIH.
Le chef de la délégation du CICR au Mali, Antoine Grand, a indiqué la place stratégique qu’occupent les médias dans la diffusion d’informations relatives à la situation humanitaire, au sein de son organisation. Selon lui, il est très difficile de jouer pleinement son rôle de journaliste dans un monde où règnent les médias sociaux. Il estimera également que « des discours de haine, des fake news », relayés sur la toile, souvent par des non-journalistes, sont à la base des complications de certaines crises humanitaires à travers le monde. D’où la nécessité d’aider et former les professionnels de média.
Avant de prononcer l’ouverture officielle des activités, la présidente de la Croix-Rouge malienne, Mme Assitan Coulibaly, a salué le CICR pour les avoir associés à cette importante formation. Elle n’a pas manqué d’encourager les participants à s’informer et se former sur « les pratiques journalistiques à adopter avec des outils de vérifications des faits nécessaires » en vue de produire des papiers et reportages à hauteur de souhait.
Les hommes de médias ainsi que les facilitateurs du CICR, de la CRM ont saisi l’occasion pour échanger sur les origines et missions des deux structures humanitaires appartenant au plus important regroupement d’organisations humanitaires au monde à savoir « le mouvement international de la Croix-Rouge et du croissant-Rouge ».
Cheickna Coulibaly
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