Home InvestigationsOpinion Conflit israélo-palestinien : malgré la dialectique « du maitre-esclave », à quand la fin ?

Conflit israélo-palestinien : malgré la dialectique « du maitre-esclave », à quand la fin ?

0 comment 72 views

Le conflit entre l’Israël et la Palestine s’explique, pour Mikailou Cissé, professeur de philosophie, comme un problème de cohabitation entre deux religions. Pour un dénouement de cette crise, le professeur de philosophie avance son opinion.

Les recueils consacrés à l’histoire des religions soulignent tous que les religions issues de la tradition abrahamique ont certes permis l’interconnexion entre les communautés, mais dans la plupart des cas par la violence. Cela n’est pas anodin. Elle prouve que ces religions abrahamiques ont tendance à pousser les autres à abandonner leur idéologie religieuse.

Problème de cohabitation

Ces religions abrahamiques conçoivent les conceptions des autres sur le Divin comme impropre. Selon elles, ces religions ne magnifient pas le Divin à sa juste valeur. Les religions abrahamiques sont hostiles à la présence d’une autre religion à proximité de leurs territoires respectifs. Pire, elles sont « impérialistes ». À l’image du mode de production économique capitaliste, elles n’hésitent pas à user de la force pour s’imposer.

Les récits sur l’histoire de ces religions donnent assez d’informations qui permettent de se rendre à l’évidence que la conflictualité est ancrée dans leur essence. La conquête de plus d’espace territoriale et la conversion des autres peuples sont leurs missions prioritaires. L’Europe est décrite comme la terre qu’elles ont endeuillée le plus. Le Moyen-Orient aussi n’est pas à la marge. Il est depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale l’espace territorial qui est le plus confronté aux altercations entre différentes communautés de tendance religieuse différente.

Communauté palestinienne contre communauté israélienne

Le différend qui oppose la communauté palestinienne, à majorité musulmane, et la communauté israélienne, à majorité juive, s’inscrit dans cette dynamique. C’est une guerre de préservation d’identité culturelle et religieuse : une guerre des croyances. Il est la continuation d’une vielle guerre entre deux communautés de tendance religieuse différente qui vivent à proximité et qui partagent avec les chrétiens une ville qui abrite, à elle seule, des lieux de culte important pour les fidèles qui se réclament de ces trois religions : le Kotel ou Mur des Lamentations pour les juifs, l’église du Saint-Sépulcre pour les chrétiens, et la noble Sanctuaire ou mosquée Al-Aqsa pour les musulmans. Jérusalem ou « la ville dite trois fois sainte », tel est le nom de cette ville

L’histoire contemporaine et même celle d’avant notre ère précisent que la ville de Jérusalem est tombée entre les mains de plusieurs communautés. Elle est citée même comme une terre prophétique. Le culte du Divin a toujours occupé une place centrale dans la vie des communautés qui l’ont occupée et qui vivent dans ses environnants. Elle demeure toujours une ville dont la gestion fait l’objet d’une dispute. Les communautés de tendance religieuse différente se sont livré maintes batailles pour son contrôle total.

Toutefois, le différend qui oppose la communauté palestinienne et la communauté israélienne est celui qui a fait couler plus de sang durant ces dernières années pour le contrôle de cette ville « prophétique ». Bien que ces deux communautés aient eu à cohabiter à Jérusalem sans grande incidence, elles ne se sont jamais acceptées au sens propre du terme. Elles ont cultivé au fil du temps du dédain l’une envers l’autre à cause de l’essence de leur religion.

Des colonies de peuplement

Le judaïsme, comme son nom l’indique, est une religion communautaire et l’islam est une religion universaliste. Le différend qui oppose ces deux communautés dans la ville de Jérusalem et ses environs a pris une large dimension lorsque les juifs, qui avaient migré vers l’Europe et environs dans l’intention de trouver meilleur ailleurs en fuyant une terre sous le joug des communautés converties à l’islam, ont commencé à revenir au bercail. Un retour qui a constitué le début du bouleversement de l’ordre précaire qui régnait jadis à Jérusalem et dans ses alentours.  

L’accueil que les sédentaires palestiniens ont réservé aux juifs avec le concours de presque toutes les grandes puissances qui se réclament de la tradition islamique et la riposte qui a suivi de la part des juifs étaient un signe apparent que ce retour est mal perçu par les musulmans et aussi que les juifs étaient déterminés à siéger dans cette zone qu’ils considèrent aussi comme la terre de leurs ancêtres.

Les déclarations des officiels des pays à majorité musulmans soutenant la communauté palestinienne et celles des pays occidentaux sur ce sujet prouvent que la question du divin est celle qui est au centre de ce conflit.

En se référant à la répartition du territoire entre ces deux communautés sur cette zone après la défaite de la coalition des pays musulmans contre les juifs déposés, équipés et soutenus par les Occidentaux, on serait tenté de donner raison aux Palestiniens. La crainte de perdre des terres et l’influence sur la ville de Jérusalem, qu’ils considèrent comme une ville qui abrite un lieu de culte important pour leur communauté, était la principale motivation de leurs refus.

Les juifs qui étaient perçus comme une communauté persécutée en occident sont devenus des persécuteurs au Moyen-Orient. Eux pour qui des hommes ont été jugés et condamnés pour antisémitisme sont en train à leur tour de s’approprier des terres d’une autre communauté par la force en construisant des colonies de peuplement dans leur zone sans leur accord.

À quand la fin ?

Sous le regard impuissant des pays musulmans, ils ont réduit la communauté musulmane palestinienne à l’état de légume. Ils ne peuvent même pas manger sans l’aide des autres ni pratiquer leur religion en toute liberté. Ils sont perçus comme des personnes indésirables sur leur propre terre. Ils sont persécutés, rabaissés à chaque fois que l’occasion se présente. Avec leur agissement belliqueux au nom de leur croyance, ils ont divisé la communauté palestinienne en différents groupuscules et contraint un nombre important à l’exil.    

Devant les yeux rivés des pays membres de l’Organisation des Nations Unies, ils ont dispersé les Palestiniens sur leur terre en bafouant toutes les résolutions prises en vue de pacifier cette zone tout en imposant leur volonté par les armes. Ils mettent tout en œuvre pour empêcher les autres de vivre comme des hommes. Pour cela, l’usage disproportionné de la force est l’instrument qu’ils utilisent à chaque fois que cela leur plaît. C’est ce qui les a permis de s’accaparer de toutes les ressources sur cette partie du globe avec la bénédiction des autorités américaines. Mais jusqu’à quand allons-nous continuer à assister à une telle guerre d’une rare violence ?

Mikailou Cissé

Leave a Comment

A propos

Sahel Tribune est un site indépendant d’informations, d’analyses et d’enquêtes sur les actualités brûlantes du Sahel. Il a été initialement créé en 2020, au Mali, sous le nom Phileingora…

derniers articles

Newsletter

© 2023 Sahel Tribune. Tous droits réservés. Design by Sanawa Corporate