En philosophie, la conceptualisation occupe une place importante. Elle est la clé qui ouvre sur la compréhension d’un problème. La notion de désir et de volonté est le plus souvent employée dans nos communautés sans une grande nuance alors que cela est important pour la clarté de tout contenu.
« Cette confusion entre volonté et désir s’explique assez bien parce que le désir et la volonté sont deux impulsions qui nous poussent à l’action et que, ainsi que nous l’avons dit, sans désir, il n’y aurait pas de volonté. Assez souvent, d’ailleurs, désir et volonté sont d’accord : on veut ce qu’on désire et l’on désire ce que l’on veut. » Ce passage de Robert Tocquet, écrivain français, nous donne une idée de toute la problématique autour de la distinction entre désir et volonté.
Lire aussi Le chemin sans retour !
Volonté comme énergie
La volonté peut se définir comme étant un choix délibérément fait en fonction d’une intention. Nous pouvons l’appeler la détermination, l’abnégation, etc.

Dans leur Dictionnaire de philosophie, Gérard Durozoi et André Roussel la définissent comme une « Activité consciente qui tend à mettre en œuvre les moyens appropriés à l’obtention d’un résultat poursuivi en fonction d’un choix délibéré. » Le Larousse de la langue française la définit comme la « Faculté de se déterminer librement à certains actes et de les accomplir. »
Lire aussi Le bonheur est ce qu’il n’est pas
La volonté est expliquée comme une énergie et une fermeté morale. Elle est toujours liée à la moralité, au choix, à la décision et surtout à la pensée et à la liberté. C’est la raison pour laquelle William Walker Atkinson, philosophe américain, écrit : « Chacune de nos pensées est une énergie d’une intensité plus ou moins grande, dont le degré varie selon la force de l’impulsion initiale. Quand nous pensons, nous émettons un courant subtil, qui se propage comme un rayon de lumière. »
La volonté reste liée au pouvoir d’action de l’esprit sur la vie d’un individu, mais aussi sur celle de toute une nation. Toute volonté est tributaire des choix individuels que nous faisons.
Lire aussi Moi et la philosophie, une histoire de résistance et de choix
Et quand on parle de choix?
Le recours à ce concept de choix engendre une autre problématique en ce qui concerne la distinction de la volonté du désir. Ces deux notions ne doivent pas être confondues dans la mesure où l’une est l’aboutissement de l’autre. À cet effet, comprenons que le désir est premier par rapport à la volonté ; il est la force qui nous pousse à aimer une chose.
Dans le Larousse français, le désir est défini comme l’« envie » qu’on a pour telle ou telle chose. C’est la raison pour laquelle Spinoza, philosophe hollandais, fait du désir la « mesure de la puissance humaine » ; il permet à l’homme de se créer une certaine valeur.
Pour sa part, Hegel, philosophe allemand, pense que tout être humain est animé par le désir d’être reconnu par l’autre. Chacun désire faire valoir sa liberté aux yeux d’autrui. Ce qui entraîne une lutte que ce philosophe appelle la « dialectique du maître et de l’esclave ».
Pour mieux comprendre la primauté du désir par rapport à la volonté, il convient de souligner la volonté ne constitue que la possibilité de réalisation de l’objet désiré. Elle est alors liée à l’action qu’on effectue en vue de posséder l’objet qu’on désire obtenir.
Toute réussite humaine passe forcément par l’union de ces deux valeurs qui sont indispensables l’une de l’autre.
La volonté comme la théorie et la pratique
Pour paraphraser les marxistes, partisans de Karl Marx (philosophe allemand), le désir sans la volonté est nul ; la volonté sans le désir est aveugle. Le désir éclaire la volonté et doit lui faire appel afin de quitter son état de passivité et rejoindre action.
Nous pouvons confirmer cette union à travers cet adage qui dit : « Vos désirs sont vos volontés. » En effet, ce que nous désirons réellement avoir, il faut se faire aider par la volonté pour l’obtenir. Sans l’accompagnement d’une bonne volonté, le désir restera dans son état de somnolence.
Pour souligner toutes les difficultés qui puissent y avoir à définir cette notion de volonté, Robert Tocquet laisse lire : « Il est difficile de dire en quelques mots ce qu’est la volonté, car elle n’est pas une faculté ni même une fonction relativement indépendante. Elle constitue plutôt une conduite d’ensemble où notre être tout entier s’unifie, s’engage. Cela précisé, on peut définir la volonté comme étant le pouvoir de se déterminer à agir. »
Cependant, le « je désire » n’est plus à confondre avec le « je veux » même si les deux restent intimement liés.
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.