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Colloque de Bamako 2025 : élus, experts et citoyens pour une culture vivante et locale

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La salle des Banquets du Centre International de Conférence de Bamako (CICB) a accueilli, ce mardi 28 octobre 2025, le colloque de Bamako 2025, placé sous le thème : « Le rôle des Collectivités territoriales dans la revitalisation culturelle des territoires : la prise en compte du secteur culturel dans les PDESC ». Organisé dans le cadre de l’Année de la Culture décrétée par Son Excellence le Général d’Armée Assimi GOÏTA, Président de la Transition, cet événement a réuni des représentants institutionnels, des élus locaux, des universitaires et des professionnels de la culture.

La cérémonie d’ouverture a été présidée par M. Mahamadou dit Koumbouna DIARRA, Secrétaire Général du Ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme, représentant le ministre Mamou DAFFÉ. Dans son allocution, il a souligné l’importance de ce rendez-vous pour repositionner la culture comme pilier du développement local. Il a déclaré :  « La culture ne constitue pas un luxe ni un secteur accessoire ; elle est le socle de notre identité et un levier économique de plus en plus reconnu. Prendre en charge suffisamment ou de prioriser la culture dans les PDESC, c’est faire le choix d’investir dans l’humain, dans l’avenir et dans la stabilité ».

Ce colloque, porté par la Cellule d’Appui à la Décentralisation/Déconcentration de la Culture (CADD/C), s’inscrit dans une dynamique de réflexion et d’action. Il vise à corriger une tendance préoccupante : la faible prise en compte du secteur culturel dans les Programmes de Développement Économique, Social et Culturel (PDESC) des collectivités territoriales.

Repenser les priorités locales pour une culture vivante

M. Aliou Badra Diakité, chef de la CADD/C, a rappelé que les besoins culturels sont aussi fondamentaux que ceux liés à la santé ou à l’éducation. Il a insisté sur la nécessité d’intégrer les infrastructures culturelles, bibliothèques, musées, salles de spectacle dans les politiques locales, au même titre que les autres services de base.  « Il est temps de rééquilibrer les priorités. La population n’a pas seulement besoin d’eau ou d’électricité, elle a aussi besoin de lieux d’expression, de mémoire et de transmission »,  estime M. Diakité.

Le vice-président du Haut Conseil des Collectivités territoriales, M. Ahmadou Kisso Cissé, a salué l’initiative du colloque et appelé à une mobilisation accrue des élus. Il a souligné que la culture est un facteur de cohésion sociale et un vecteur de développement économique. « Ce colloque est le cadre idéal pour proposer des réponses concrètes à la faible intégration du secteur culturel dans les documents de planification », dit-il.

Il a également rappelé l’existence du décret 2016 fixant les compétences transférées aux collectivités territoriales en matière de culture, tout en regrettant que les ressources nécessaires à leur mise en œuvre ne soient pas toujours effectives.

Former les élus, structurer les ambitions culturelles

M. Mohamed Alassane Diarra, représentant du président de l’Association des Municipalités du Mali, a mis en lumière les défis liés à la gouvernance culturelle locale. Selon lui, les maires ne sont pas toujours bien préparés à gérer les compétences culturelles.  « Il n’existe pas d’école pour former les élus à la gestion culturelle. Il est temps de réfléchir à des PDESC sensibles à la culture, comme on l’a fait pour la santé ou l’environnement », a laissé entendre le représentant du président de l’AMM.

Il a également souligné que la culture commence dans les communes, citant l’exemple de la Biennale artistique et culturelle qui débute toujours à l’échelle locale avant de s’élever au niveau national. Pour lui, il est essentiel de renforcer les capacités des élus et de structurer les ambitions culturelles dans les plans de développement.

Les participants ont unanimement reconnu que la culture ne doit plus être considérée comme un secteur marginal. Elle doit être valorisée, financée et planifiée avec rigueur et vision, en lien avec les réalités locales et les aspirations des communautés.

Vers une nouvelle gouvernance culturelle territoriale

Le colloque de Bamako 2025 marque une étape décisive dans la construction d’une gouvernance territoriale plus sensible aux dynamiques culturelles. Les recommandations attendues devraient permettre d’orienter les politiques publiques vers une meilleure prise en compte du patrimoine, de la créativité et des expressions culturelles locales.

En plaçant la culture au cœur des PDESC, le Mali fait le pari d’un développement plus inclusif, enraciné dans ses valeurs et ses savoirs, capable de répondre aux défis contemporains avec créativité et résilience. Ce colloque ouvre ainsi la voie à une mobilisation collective pour faire de la culture un véritable levier de transformation sociale et économique.

Les travaux se poursuivent avec des panels d’experts, des échanges entre collectivités et des ateliers de formulation de recommandations. Tous espèrent que les conclusions de ce colloque inspireront une nouvelle génération de plans territoriaux, plus audacieux, plus sensibles et plus culturellement ancrés.

Ibrahim Kalifa Djitteye 


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