Alors que les regards sont ailleurs, le cercle de Koro, dans la région de Bandiagara, est devenu l’épicentre d’un exode silencieux. En une semaine seulement, près de 4 800 réfugiés burkinabés y ont trouvé refuge, fuyant les violences de la province du Sourou. Une situation critique qui interroge la capacité collective à protéger les plus vulnérables.
Depuis le début du mois d’avril 2025, le cercle de Koro, dans la région de Bandiagara, vit au rythme d’un drame humain silencieux. En l’espace d’une semaine, ce ne sont pas moins de 4 800 réfugiés burkinabè qui ont franchi la frontière pour se réfugier sur le sol malien, fuyant la terreur des groupes armés radicaux qui continuent de semer le chaos dans la province de Sourou, au Burkina Faso.
Ces familles, venues notamment de Grand Mara, Thiou, Kassoum ou encore Barani, ont tout abandonné derrière elles : maisons, bétail, espoirs. Elles fuient l’insécurité, la peur, la mort, pour se réfugier à quelques kilomètres à peine de la frontière – 36 km exactement – dans un espace déjà saturé, déjà meurtri par une instabilité chronique. Car Koro, cette commune du pays dogon, n’en est pas à sa première crise. À ses 83 000 habitants, s’ajoutaient déjà 63 651 réfugiés au 31 mars. L’afflux de ces nouveaux 815 ménages aggrave une situation déjà critique.
Une situation explosive dans un espace exigu
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 571 réfugiés en moyenne par jour depuis le 7 avril, répartis à travers 48 localités dans un espace totalement inadapté à une telle pression démographique. L’urgence est partout : pas d’abris, manque de latrines, vivres insuffisants, besoin de soutien psychologique, et absence de documentation civile.
Face à ce constat, le HCR, le Gouvernement du Mali et leurs partenaires ont mis en place une réponse coordonnée. Le PAM, l’UNICEF, le CNCR, ACEF, UNFPA et d’autres acteurs sont mobilisés, mais les besoins dépassent de loin les capacités existantes. La mobilisation est réelle, mais les ressources manquent. L’appel à la solidarité nationale et internationale est pressant.
Derrière les chiffres, des visages
À travers ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, ce sont des communautés entières – Samogo, Dogon, Mossi – qui fuient le pire. Les récits des déplacés sont empreints de détresse, mais aussi de résilience. Éleveurs, agriculteurs, petits commerçants, ils espèrent une vie plus digne, de l’autre côté de la frontière, dans un pays frère.
Mais que faire quand le pays d’accueil lui-même est en proie à l’instabilité sécuritaire, à des défis logistiques et à un tissu social déjà fortement éprouvé ? La réponse humanitaire ne peut plus se contenter d’être réactionnelle. Elle doit être systémique, durable, inclusive.
Un appel à l’action, au-delà de la compassion
Ce nouveau drame interroge les capacités d’anticipation de la communauté internationale, et met à nu les limites structurelles de l’humanitaire dans le Sahel. Si rien n’est fait, Koro risque de devenir le symbole d’un abandon, d’une région que la violence, l’oubli et la misère auront peu à peu vidée de ses forces vives.
Le HCR et ses partenaires plaident pour une augmentation urgente des ressources. Mais ce combat est aussi celui de la dignité humaine, de la solidarité régionale, de l’engagement politique à protéger les plus vulnérables.
Le Mali, terre d’hospitalité, joue une fois encore un rôle crucial dans la stabilisation de la région. Mais il ne peut porter seul le fardeau d’un désastre humanitaire aux proportions grandissantes. Le cercle de Koro a besoin d’aide. Maintenant.
A.D
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