Le monde actuel est sans nul doute le théâtre des hostilités de toute nature. Des hostilités dont l’homme est à la fois le nègre et la première victime. Ce qui est croquignolesque, c’est le fait que certains États, individus, donnent, en catimini ou non, leur blanc-seing à cette mésaventure qui ne peut que donner des raids au vivre ensemble et à la paix, voire une banalisation du mal. Doit-on rester les mains croisées et regarder le mal se développer et chanter partout ?
Absolument non ! D’ailleurs, Albert Einstein ne disait-il pas que « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ». Soucieux de l’effectivité de la paix dans le monde, nous ne pouvons donner nulle chance à la violence, aux conflits, de scier notre bien commun qui est la planète terre ou d’encourager un itinéraire qui ne sert qu’à faire manger par la nuit des innocents, nos prochains. Partant de ces constats, il y a lieu et place de promouvoir une philosophie de l’humanitude pour espérer un monde de paix.
Une philosophie inspirée du serment des chasseurs du Mandé
La philosophie de l’humanitude est l’ensemble des œuvres, des stratégies, des pratiques pacifiques que chaque individu/Etat doit entreprendre pour que son agir ne violente pas la vie de l’altérité. Il s’agit donc de bâtir un monde de paix à travers des relations dialogiques flexibles pour le bien-être de tous. Pour arriver à cette fin, il faut passer par l’éducation, la sensibilisation, l’institutionnalisation de la paix.
Notre philosophie de l’humanitude soutient mordicus le premier article du serment des chasseurs du mandé. Il est dit ceci dans cet article : « Toute vie (humaine) est une vie. Il est vrai qu’une vie apparaît à l’existence avant une autre vie, mais aucune vie n’est plus ancienne, plus respectable qu’une autre vie, de même qu’une vie n’est pas supérieure à une autre vie. » Ainsi notre premier message de paix, c’est de sensibiliser et d’enseigner aux uns et aux autres l’idée selon laquelle nulle race, religion, culture, ethnie n’est supérieure à une autre.
Désarmer les esprits par le biais du langage
Le racisme, l’intégrisme religieux, culturel, politique ; bref toute forme de discrimination pouvant mettre en cause le vivre ensemble, doivent être étranglés. Nous voyons aujourd’hui que le Sahel est noyé depuis des décennies dans des hostilités mettant en question la paix dans cette zone. Cette guerre a fait des veuves, des orphelins…, des écoles sont fermées au Mali, au Burkina Faso, au Niger, etc. Quel avenir pour les victimes ?
La guerre coûte cher alors que la paix coûte moins. Donc, éduquer, sensibiliser à la pratique rationnelle des religions et cultures est l’une des missions principales de la philosophie de l’humanitude. Pour cette concrétude, des séances de sensibilisation, des ateliers, des journées d’échange sur les conséquences négatives des conflits, des camps de paix doivent être implantés un peu partout dans le monde. Cette mission a pour objectif de désarmer les esprits par le biais du langage. Tant que l’esprit est armé, les mains seront toujours hostiles à la stabilité de nos prochains.
On doit se pardonner, dialoguer, se comprendre en rejetant l’usage des voies violentes au profit des voies pacifiques. Il est temps de cesser de s’enfoncer dans l’ornière de la violence sans issue. Nous n’avons pas intérêt à se violenter, à jouir du malheur des autres.
Ne vivons pas comme des animaux sauvages
Vivons rationnellement, avec modestie ou du moins, avec humanisme. Ainsi, les partisans de la philosophie de l’humanitude sont des combattants pacifiques via le langage positif, conscients que la paix est une condition sine qua non pour une vie heureuse. Pour ce faire, il nous faut mettre en pratique cette pensée d’Emmanuel Kant, l’une des grandes étoiles des Lumières : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse ».
Cette assertion nous rappelle à la mise en œuvre de l’esprit laïc pour vivre rationnellement, surtout au profit de tous. Nous sommes dans un même navire et si on ne cesse pas de le vaciller, nous serons tous noyés d’un moment à l’autre. En s’accostant à cette pensée, il est pertinent de dire que si tu ne voudrais pas être maltraité, violé, volé, assassiné, torturé par qui que ce soit alors il ne faut pas faire autant à ton prochain. Ne vivons pas comme des animaux sauvages.
Enfin nous crions haro vis-à-vis des visages paradoxaux des grandes puissances où la paix est réclamée dans les mots, mais piétinée dans le faire : c’est ubuesque. Cela devient d’autant plus vrai lorsque nous jetons une œillade sur ce qui se passe actuellement dans les pays de l’AES, en Ukraine, en Iran ou Israël : un piège sans issue. Toute analyse laisse voir sans éclipse qu’il s’agit d’un manque de volonté de la part des grandes puissances qui, au nom de leur politique économique, prennent des oukases à tel point que la paix se trouve suffoquer.
Institutionnaliser la paix
Dans ce sillage, avec une idéologie jupitérienne, des peuples sont sacrifiés. Les grandes puissances produisent les armes les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité (la ligue des missiles entre l’Israël et l’Iran est le début d’un autre ordre mondial) et par la suite les mettent en œuvre en Afrique et ailleurs mettant des sombres dans tous les secteurs de développement de ces derniers. Par exemple dans l’espace AES des innocents, des enfants, des femmes, des hommes furent tués sans savoir le pourquoi.
Des armes qui sont fabriquées ailleurs sont utilisées cruellement dans un autre air géographique. Imaginez l’inverse ! La pensée ci-dessus de Kant doit être mise en œuvre par chacun de nous. Par ailleurs, les actes des grandes puissances ont montré les limites du droit international où nous proposons une institutionnalisation de la paix afin de sauver notre joyeuse planète.
Mettre fin à la fabrication des armes meurtrières
À travers ce papier, nous interpelons et exhortons les grandes puissances à rationaliser et à humaniser leurs politiques économiques tout en les invitant à esquiver l’usage des armes, de la violence. Il faut mettre fin à la fabrication des armes meurtrières. Les armes ne soignent pas, elles tuent : La culture de la paix ou la fin de l’espèce humaine.
En outre, la théorie de la descendance nous enseigne que « tout change, tout bouge, rien ne reste à sa place » (Héraclite). Donc, l’ordre mondial est loin d’être immuable. Cette lecture épistémologique nous fait penser à Rousseau quand il écrit : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître… ».
Abdramane Coulibaly, Philosophe et écrivain malien
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.