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Situation socio-politique au Sénégal : au-delà de la personne d’Ousmane Sonko

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L’ébullition du front social au Sénégal, intervenue suite à l’affaire Ousmane Sonko, est à analyser au-delà de la personne de ce principal opposant politique du président sénégalais Macky Sall. Elle est non seulement la preuve de la faillite d’un système démocratique en Afrique, mais constituerait également une porte ouverte à toutes les possibilités au Sénégal.

Des heurts, des violences, des attaques contre des supermarchés, des stations-service, des bâtiments administratifs. La plupart des commerces fermés, les écoles aussi bien que les banques. Les signaux de certaines chaînes de télévision coupés. Le bilan : 4 morts, des blessés, des arrestations et plusieurs dégâts matériels. Voilà l’image que le Sénégal communique au monde entier depuis quelques jours : la violence comme mode d’expression démocratique.

Faillite d’un système

Toutes ces violences, qui font suite à l’affaire Ousmane Sonko, le principal opposant du président sénégalais Macky Sall, pour « troubles à l’ordre public et participation à une manifestation non-autorisée » le 3 mars, alors qu’il se rendait au palais de justice de Dakar à la suite d’une accusation de viol sur la masseuse Adji Sarr, soulèvent de véritables problématiques autour de la gouvernance démocratique en Afrique. Elles sont la preuve d’un manque de confiance aux institutions démocratiques, notamment judiciaires que les citoyens assimilent généralement, dans les démocraties du continent, à la majorité au pouvoir.

Dans la quasi-totalité de ces démocraties du continent, tout est mesuré à l’aune d’intérêts politiques. Des combats qui conduisent le plus souvent à la volonté de détruire des adversaires politiques par tous les moyens légitimes et illégitimes.

Pour le problème Ousmane Sonko au Sénégal, c’est cet aspect que tente de montrer Me Bamba Cissé : « C’est un scandale, l’objectif est d’emprisonner Ousmane Sonko pour l’éliminer des listes électorales en vue de l’élection présidentielle de 2024 ». Le magazine Jeune Afrique fait la même remarque en rapportant que M. Sonko voit cette cabale contre lui comme la mise en œuvre d’« un “complot politique” ourdi par le président Macky Sall pour l’écarter du jeu politique. »

Une telle conception, une fois qu’elle s’empare des partisans d’un homme politique, ne peut que conduire à ces genres de scène inqualifiable en démocratie. Nos gouvernants ont fait de la politique une arène d’anéantissement d’adversaires par la violence au lieu de privilégier plutôt le débat d’idées.

Manque de confiance, instrumentalisation

Dans un tel contexte de manipulation des citoyens où règne déjà un manque de confiance de ces citoyens au pouvoir judiciaire qu’ils assimilent au régime politique en place, la démocratie ne peut que mourir à petit feu. Ces situations ne sont que la preuve de la faillite d’un système de gouvernance étatique.

Les citoyens des pays démocratiques africains peinent de plus en plus à voir le fossé séparant le pouvoir législatif de l’exécutif ou de ces deux pouvoirs du pouvoir judiciaire. Le peuple est balloté entre des vents contraires. Il est instrumentalisé par des adversaires politiques en défense d’intérêts personnels qui le poussent à sacrifier tout ce qui a été construit avec l’argent du contribuable.

Ce qui se passe au Sénégal, et dont des cas similaires ont eu lieu dans d’autres pays du continent, est l’Illustration parfaite non seulement de ce manque de confiance au pouvoir judiciaire, qui ne semble plus être caractérisé par l’impartialité, mais aussi de l’instrumentalisation du peuple qui se lève et détruit ses propres biens pour généralement la satisfaction d’intérêts d’hommes en quête de plus de popularité.

Porte ouverte à toutes les possibilités

Le danger de cette scène de « violence politique », pour emprunter une expression de Alioune Tine (président du Think-Tank Afrikajom Center), à laquelle on assiste au Sénégal est la fragilisation du territoire. Une ouverture qui pourrait profiter aux terroristes qui pourraient en profiter pour étendre leurs tentacules à ce pays sahélien.

Rappelons que le moindre divorce entre les autorités politiques et les citoyens est une opportunité pour ces hommes armés de gagner la confiance des populations. Ce qui se passe au centre du Mali, Ségou et Mopti, est une illustration parfaite de cette situation.

Les États africains réussiront difficilement la stabilisation tant que les autorités politiques n’auront pas mis un peu d’eau dans leur vin en privilégiant plus les intérêts de la nation au détriment de leurs intérêts « égoïstes ». En effet, dans la démocratie, les violences sont généralement le fruit d’un manque de confiance installé à la suite de plusieurs années d’injustice, d’inégalité, de mauvaise gouvernance ou de corruption constatées par le peuple.

La course aux intérêts politiques, dans une certaine phase de l’histoire d’un pays, peut compromettre tout l’avenir de la nation.

Le Sénégal, à travers ces scènes de violence, qui se poursuivent, vient d’ouvrir la porte à toutes les possibilités. Macky Sall a tout intérêt à trouver une solution rapide à cette crise qui a pris des proportions assez inquiétantes. En attendant, rapportons ces propos du sociologue et philosophe français, Edgar Morin, sur son compte Twitter : « La réflexion sur le monde d’aujourd’hui ne peut s’émanciper d’une réflexion sur l’histoire universelle. Les périodes calmes et de prospérité ne sont que des parenthèses de l’histoire. Tous les grands empires et civilisations se sont crus immortels et tous ont disparu ».

Fousseni Togola


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