Face à un système de santé malien exsangue, le Président de la Transition, le général Assimi Goïta, pose les jalons d’une refondation ambitieuse. À travers le rapport des États généraux de la Santé remis le 29 avril 2025, c’est une nouvelle ère qui s’annonce : plus inclusive, plus équitable, et surtout pensée pour redonner sens à la notion de santé publique dans un pays en quête de souveraineté.
Remis au Président de la Transition, le rapport des États généraux de la Santé trace les lignes d’une révolution médicale ambitieuse dans un pays éprouvé par les inégalités d’accès aux soins.
Dans un Mali où chaque crise semble en masquer une autre, la remise du rapport final des États généraux de la Santé, le 29 avril 2025, au Général d’Armée Assimi Goïta, Président de la Transition, sonne comme un acte fondateur. Derrière le cérémonial, c’est une vision stratégique qui se dessine. Celle d’un système de santé refondé, réconcilié avec les aspirations d’une population trop longtemps oubliée des politiques publiques.
C’est le médecin Colonel Assa Badiallo Touré, ministre de la Santé et du Développement social, qui a conduit la délégation venue présenter les conclusions de ces assises tenues du 4 au 19 décembre 2024. Ce n’était pas qu’un énième forum technique. C’était une introspection nationale, profonde et lucide. Diagnostic sévère, remèdes clairs : 973 recommandations réparties en 68 axes stratégiques, pour redonner souffle et sens à l’un des secteurs les plus sinistrés du pays.
Un système exsangue, une volonté politique ferme
L’État malien, qui consacre depuis peu une part accrue de ses ressources à la santé, sait que le chantier est titanesque. Faible densité médicale, désertification sanitaire des campagnes, équipements vétustes, hôpitaux en ruine… Les maux sont connus. Mais cette fois, l’approche se veut résolument systémique : meilleure formation des agents, redistribution territoriale du personnel, modernisation des infrastructures, mais aussi intégration du numérique et de la médecine traditionnelle.
Assimi Goïta, qui a lui-même annoncé ces États généraux en juin 2024 à Sikasso, veut y voir une pierre angulaire de la refondation nationale. Derrière l’offensive de communication, une exigence que chaque citoyen malien, du plus urbain au plus rural, ait accès à des soins de qualité, à coût supportable. Et surtout, que la santé ne soit plus un privilège.
Le social au cœur de la souveraineté
Il ne s’agit plus seulement de soigner des corps, mais de restaurer une souveraineté nationale souvent compromise par les dépendances extérieures. Le rapport, dans une logique pragmatique, mise sur des financements mixtes et des partenariats public-privé. Il propose aussi des solutions de court terme pour réduire la mortalité maternelle et infantile, tout en esquissant des réformes de fond : approche multisectorielle pour la jeunesse, renforcement du secteur privé de la santé, innovations technologiques…
« Le Président nous a rassurés de son soutien total », a confié la ministre Touré, évoquant un Goïta très attentif aux implications politiques et sociales de cette feuille de route sanitaire. Dans un Mali où l’État cherche à reconquérir sa légitimité, c’est dans les centres de santé, et non seulement sur les champs de bataille, que se gagnera la confiance populaire.
Vers une révolution du soin ?
Ce document volumineux, à la fois technique et stratégique, couvre la décennie 2025-2034. Il sera la boussole des politiques sanitaires à venir. Mais la clé du succès reste dans l’engagement effectif de tous les acteurs — des blouses blanches aux élus locaux, en passant par les bailleurs et les administrateurs.
Avec cette initiative, le Mali tente une chose rare : aligner réforme de fond et urgence sociale. Reste à savoir si, entre rareté des ressources et inertie bureaucratique, l’élan se maintiendra. Car dans cette refondation, tout n’est pas affaire de technique. C’est aussi, et peut-être surtout, une affaire de volonté politique.
Chiencoro Diarra
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