La rupture historique de trois nations sahéliennes, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, avec la CEDEAO, met en lumière les fissures croissantes entre les aspirations souveraines des États membres et les politiques régionales. Les sanctions contestées et la création de l’Alliance des États du Sahel témoignent d’un profond désir de repenser les relations régionales.
Le retrait inédit du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO ébranle les fondements de la coopération ouest-africaine. Au cœur de cette rupture se trouvent des sanctions litigieuses et un appel croissant à une gouvernance régionale plus en phase avec les aspirations souveraines des peuples. Cette décision soulève des questions cruciales sur le futur de la coopération régionale en Afrique de l’Ouest et les dynamiques qui façonneront la carte politique de la région.
Les aspirations souveraines de ces nations sahéliennes
La décision sans précédent du Mali, du Burkina Faso et du Niger de se retirer de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) envoie des ondes de choc à travers la région ouest-africaine. Cette séparation met en lumière des années de tensions croissantes entre les idéaux de la CEDEAO et les aspirations souveraines de ces nations sahéliennes.
Le déclencheur de cette rupture historique remonte aux sanctions imposées par la CEDEAO à la suite des coups d’État militaires ayant porté au pouvoir le colonel Assimi Goïta, le capitaine Ibrahim Traoré et le général Abdrahamane Tiani au Mali, au Burkina Faso et au Niger respectivement. Ces sanctions, qualifiées « d’illégitimes, illégales et inhumaines », ont suscité la colère des populations. Les sanctions contre le Niger en juillet 2023 ont été rejetées par le Burkina Faso et le Mali, affirmant leur solidarité envers le Niger.
Le Burkina Faso et le Mali ont même averti qu’une intervention militaire au Niger serait considérée comme une déclaration de guerre, menaçant de quitter la CEDEAO si une telle action était entreprise. Ces déclarations ont cristallisé le fossé grandissant entre les membres sahéliens et l’organisation régionale.
Réfléchir sur la pertinence et l’efficacité des mécanismes de gouvernance
La création de l’Alliance des États du Sahel (AES) en septembre 2023 par le Mali, le Niger et le Burkina Faso témoigne de leur volonté de poursuivre des objectifs communs dans le respect de leur souveraineté. Les citoyens de ces nations ont longtemps plaidé en faveur d’une CEDEAO plus proche du peuple, où les préoccupations des populations prévalent sur les intérêts politiques.
La Commission de la CEDEAO, dans un communiqué, affirme avoir été informée du retrait de ces trois pays à travers des déclarations publiques, bien qu’aucune notification formelle n’ait encore été reçue. L’Autorité des chefs d’État et de gouvernement, à la tête de la Commission, s’est engagée à rechercher une « solution négociée à cette impasse politique ».
L’évolution de la situation reste incertaine, et les regards sont tournés vers les répercussions potentielles sur la dynamique politique, économique et sécuritaire de la région. Ce retrait pourrait également susciter des réflexions plus profondes sur la pertinence et l’efficacité des mécanismes de gouvernance régionale dans le contexte complexe de l’Afrique de l’Ouest.
Ce chapitre dans l’histoire de la CEDEAO souligne la nécessité de réexaminer les relations entre les organisations régionales et leurs membres, et de repenser les moyens d’atteindre l’intégration tout en respectant la diversité et la souveraineté des États membres. Les développements futurs nous éclaireront sur la direction que prendra la dynamique politique en Afrique de l’Ouest.
Oumarou Fomba
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