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Religion : comment réussir sa conversion

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Le débat sur la problématique de la religion est en vogue au Mali depuis un certain temps. C’est dans cette lignée que Oumar DJOURTHE, étudiant terminaliste à l’École normale supérieure (E.N.Sup) de Bamako situe son analyse. Il montre la différence entre la vraie conversion et la fausse conversion.

La conversion se manifeste chez la personne qui n’a pas encore embrassé une religion, et qui manifeste son désir d’en adhérer afin de voir son salut. A ce niveau, nous dirons qu’il y a deux grandes formes de repentance : la fausse conversion et la vraie conversion. Si la première est celle des gens à l’esprit faible, la deuxième concerne les gens à l’esprit fort.

La fausse conversion

La vraie conversion ne consiste pas à se repentir, à vouloir revenir à Dieu au moment où l’on se trouve dans une situation de désarroi ou de déception totale. La vraie conversion ne consiste pas à vouloir revenir à Dieu au moment où l’on est déçu de ses (les) dieux, c’est-à-dire quand on a l’impression qu’ils ne fonctionnent plus. Elle ne consiste pas non plus à vouloir revenir à Dieu quand on est frustré devant les cataclysmes naturels de la vie (tremblements de terre, volcans, etc.). D’ailleurs, la notion d’un être suprême, d’une force supérieure qui transcende toute créature, créateur de tout ce qui existe, ne serait-elle pas manifestée chez les premiers êtres dans de telles conditions ?

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La vraie conversion ne se manifeste pas non plus au moment où l’on se trouve sur notre lit de mort, frustré par la peur de la mort. D’ailleurs, le philosophe athénien Épicure ne rappelait-il pas dans sa « Lettre à Ménécée » que la peur de la mort est pire que la mort elle-même ?

En bref, la vraie conversion ne se manifeste pas quand on n’a pas cherché par tous les moyens possibles à connaître l’être auquel nous voulons réellement appartenir, c’est-à-dire quand on n’a pas cherché à connaître sa vraie nature.

Ces explications nous permettent de comprendre que la fausse conversion se manifeste lorsque l’être qui veut se repentir se trouve dans une situation de désespoir, dans un état critique de sa vie, lorsqu’il a peur, en un mot. Ces formes de conversion sont quelques fois éphémères. Car, l’être converti dans ces genres de conditions, peut revenir à sa (ses) pratique(s) ancienne(s) qu’il avait laissée ou abandonnée lors de sa repentance pour embrasser la nouvelle pratique. Lorsqu’il n’est hanté que par la peur de la mort par exemple, il peut en toute liberté revenir à sa (ses) pratique d’antan.

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Or, l’appartenance à Dieu ne doit pas être liée à une situation de peur, de frustration devant la mort. Les gens qui se convertissent dans de telles situations tombent facilement dans le fanatisme aveuglant et dans un extrémisme manifeste. Puisque leur visage, camouflé par un voile épais, les empêche de voir la réalité en face. Ils sont généralement emportés par le dogmatisme qui les empêche de facto de concevoir que la vérité n’est pas toujours celle de leur religion d’appartenance.

Ce sont ces genres de personnes qui contraignent les autres – ceux qui ne pratiquent pas la religion à leur manière – à vouloir vaille que vaille adhérer à leur religion et à la pratiquer comme elles. Puisque, leur pratique est réputée être la meilleure, celle du prophète et de ses meilleurs successeurs ou adeptes. Selon eux, dans la mesure où la religion que nous pratiquons est réputée la meilleure, il nous revient de droit de faire la guerre à tous ceux qui ne la pratiquent pas comme nous. Telle est l’ultime raison pour laquelle les islamistes fanatiques légitiment la « guerre sainte ».

Reconnaissons que ces pratiques fanatiques proviennent de gens qui se convertissent dans les religions révélées par peur de la mort. Leur conversion n’est pas véritable, puisqu’elle est liée à une situation de peur, de faiblesse, de frustration devant certaines situations qu’ils sont incapables d’analyser de façon consciente.

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Le fanatisme est la peste de la religion. Nous dirons que la peste de l’islam par exemple, c’est l’attitude des fanatiques musulmans qui suspendent le jugement lorsqu’il s’agit des discussions sur le Coran, sur les paroles du prophète, des prêcheurs. Ils ont un esprit faible en principe.  

La faiblesse d’esprit, ce n’est pas le fait de ne croire en l’existence de Dieu. Ce n’est pas non plus le fait de refuser l’existence de toute divinité. La faiblesse d’esprit consiste justement à vouloir forcer les autres à reconnaître notre Dieu, à adhérer à notre religion de gré ou de force et à la pratiquer à notre manière. Elle consiste également à vouloir que les autres pensent comme nous, qu’ils acceptent de vivre dans le fanatisme et le dogmatisme.

Le fanatisme et le dogmatisme sont quelques pratiques propres aux fanatiques qui se convertissent dans les religions devant la peur de la mort par exemple. Contrairement aux faibles d’esprit qui se convertissent par peur de la mort ou en raison de leur déception face à certaines situations, les forts d’esprit sont ceux qui acceptent, admettent le jugement, le débat dans la religion.

La vraie conversion

La force de l’esprit ne consiste pas simplement à reconnaitre l’existence de Dieu sans preuve. Elle consiste plutôt à admettre la critique et à analyser les Écritures saintes tout en les jugeant de façon rationnelle. Car vouloir pratiquer la religion sans accepter l’usage de la raison, la critique, voilà ce qui conduit le religieux au fanatisme, à l’extrémisme et à la non-reconnaissance de toute autre forme de croyance en dehors de la tienne.

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La force d’esprit du religieux réside dans sa capacité de tolérance, de reconnaissance de la pratique et de la religion de l’autre. Le religieux d’esprit fort, c’est bien celui-là qui agit d’abord en humain au lieu d’agir en religieux. Puisqu’on est d’abord humain avant d’être musulman, chrétien ou juif, c’est-à-dire religieux. Or agir en religieux, c’est voir l’autre qui n’est pas de ma religion, en termes d’infériorité ou de sous-homme, comme nous le voyons chez les fanatiques. Mais reconnaitre l’autre qui n’est pas de ma religion en tant qu’humain, c’est le regarder en termes d’égalité et non point comme étant un être inférieur à nous ou notre ennemi qu’il faut toujours craindre, voire combattre comme nous le voyons chez les fanatiques de toutes les religions monothéistes. Alors, nous dirons que l’acceptation de l’autre malgré la différence est la volonté de vivre en tant qu’humains dans une société paisible. Et c’est là précisément le comportement qu’adoptent les religieux ayant un esprit fort. C’est-à-dire les vrais hommes de Dieu.

Oumar DJOURTHE, étudiant terminaliste à l’École Normale supérieure (E.N.Sup) du Mali


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