Au Mali, la question de la réduction du nombre des partis politiques s’inscrit dans un débat crucial, alimenté par les difficultés multiples rencontrées par le système multipartite depuis son instauration dans les années 1990. Entre confusion électorale et fragmentation des voix, le moment semble être venu d’interroger la viabilité d’un système où trop de choix nuisent à la délégation d’un véritable pouvoir.
Pourquoi faut-il demander la réduction ou la suppression systémique d’un certain nombre de partis politiques au Mali ? Pourquoi défendre le maintien en l’état de l’existence des partis politiques dont la participation au développement économique et social, ainsi que leur apport quant à l’enracinement de la démocratie est discutable ? Pourquoi défendre le maintien des partis dont la plupart n’ont pas de programmes économiques sérieux, encore moins de projets de société ? Peut-on nier l’impact négatif de certains d’entre eux par rapport à la promotion de l’ethnostratégie ?
Mise en place de règles claires sur le financement
La nécessité d’une réflexion approfondie sur ces questions émerge pour plusieurs raisons objectives, notamment la clarté démocratique, la gouvernance efficace et la cohésion sociale.
Depuis l’avènement du multipartisme au Mali, dans les années 90, le paysage politique malien est caractérisé par une pluralité poussée de partis dont les programmes sont souvent vagues et dont les divergences idéologiques sont peu significatives. Ce pluralisme, bien qu’il puisse être perçu comme un gage de démocratie, se transforme en une source de confusion pour l’électorat. Ce dernier se retrouve alors face à des choix embrouillés, ce qui nuit à sa capacité de voter de manière éclairée. De plus, cet émiettement des voix rend la gouvernance complexe, puisque les décisions importantes doivent tenir compte d’intérêts dispersés, souvent conflictuels. Ainsi, une réduction soutenue du nombre de partis pourrait favoriser une compétition politique plus saine, clarifiant le choix des citoyens et facilitant la formation de gouvernements stables.
De même, la question du financement des partis politiques est déterminante dans cette discussion d’autant plus que l’absence de mécanismes de financement transparents ouvre la voie à des abus et à des dérives. La mise en place de règles claires sur le financement pourrait contribuer à établir un cadre où les partis politiques fonctionnent de manière responsable et où l’intégrité est préservée.
La transparence et réduit l’influence des capitaux privés
En révisant la Charte des partis, le gouvernement du Mali a l’opportunité de créer un système qui garantit la transparence et réduit l’influence des capitaux privés, permettant ainsi aux partis de se concentrer sur des projets politiques tangibles au lieu de dépendre de sources de financement douteuses.
Par ailleurs, la relecture de la loi N° 05-047 du 18 août 2005, qui régit les partis politiques, représente une étape dynamique vers une organisation plus cohérente du paysage partisan. Cela pourrait également inciter à la formation de coalitions basées sur des valeurs communes et des préoccupations partagées, favorisant des synergies au profit des disputes instables. Une telle évolution pourrait contribuer à renforcer la cohésion sociale nécessaire à la paix et à la stabilité dans un pays où le régionalisme et le communautarisme représentent des défis majeurs.
Une vision partagée et audacieuse
En fin de compte, cette réflexion sur la réduction du nombre de partis ne doit pas se limiter à un simple ajustement administratif, mais doit être vue comme une réelle opportunité de transformation du système politique malien. Cela impliquerait non seulement une meilleure représentativité, mais également un renforcement de la confiance des citoyens envers leurs institutions. Engager un dialogue durable autour de ces questions fondamentales pourrait conduire à une démocratie plus robuste, capable de répondre aux besoins et aux aspirations du peuple malien.
La réduction du nombre de partis politiques n’est pas qu’un impératif administratif, mais une condition sine qua non pour renforcer la confiance du peuple envers ses institutions et bâtir une démocratie qui réponde véritablement aux aspirations de tous les Maliens. La voie vers l’avenir démocratique du Mali réclame une vision partagée et audacieuse.
Bakary Fomba
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